Entre camarades de classe, il peut y avoir des malentendus ou altercations mais généralement les choses s'arrêtent à quelques échanges de propos malveillants ou insultes. Dans cette affaire les choses ont dégénérées et mal tournées. La victime est un jeune étudiant du genre timide, il s'isolait et contribuait rarement aux discussions des élèves lors d'un petit attroupement avant la rentrée des classes. Bien souvent le jeune homme est victime de remarques déplaisantes lancées ça et là et à chaque fois il se résigne à ne pas rétorquer. Un de ses camarades de classe avait pris l'habitude de lui poser des lapins et de se moquer de lui devant les élèves. Il le qualifiait d'efféminé et ne ratait aucune occasion pour le ridiculiser par des remarques blessantes. Le jour des faits alors qu'il discutait avec quelques élèves, ce camarade est intervenu dans la discussion rien que pour lancer des paroles désagréables envers la victime. Bien plus, il lui a intimé l'ordre de ne plus discuter avec les élèves. Cette manière de se comporter a fait réagir la victime. Il a jeté son cartable et s'est jeté sur cet individu avec la ferme intention de lui donner une leçon et afin qu'il mette un terme aux agissements du camarade gênant. Une bagarre a éclaté entre les deux et très vite maîtrisée par les élèves présents. Chacun des deux antagonistes est parti de son côté. L'inculpé n'a pas du tout admis l'intervention de la victime. Le lendemain et à la sortie des classes, il l'a abordé près de l'école et a tenté de l'agresser, mais le jeune homme ayant perdu ses qualités de personne calme et paisible, s'est très bien défendu et a même pris le dessus sur celui qui prétendait être plus fort. Devant cet affront, l'inculpé a tiré un couteau qu'il cachait sous ses vêtements et a asséné un terrible coup au niveau de la gorge de la victime. Le jeune homme a chuté à terre dans une mare de sang. Des camarades de classe présents ont accourus pour le transporter d'urgence à l'hôpital le plus proche. Le jeune homme a été acheminé au pavillon des soins intensifs. Il a fallu une intervention chirurgicale assez délicate pour le sauver d'une mort certaine. Par la suite il a été gardé en centre de réanimation pour un suivi post opératoire. Les autorités sanitaires ont informé la police judiciaire. Une équipe s'est déplacée à l'hôpital pour interroger la victime. Le jeune homme a raconté aux policiers toutes les péripéties de cette affaire et la manière avec laquelle l'agresseur l'abordait et le traitait des plus ignobles qualificatifs. C'est en voulant mettre un terme à ce comportement que son camarade de classe a tenté de le tuer. L'enquête a été confiée aux inspecteurs de la direction régionale des affaires criminelles. L'agresseur a été arrêté. Interrogé il a nié les faits puis lorsque l'étau s'est resserré contre lui avec des questions ciblées, il a fini par reconnaître son forfait. Il a toutefois donné une version autre que celle donnée par la victime. Il a prétendu que la victime lui a volé un petit ordinateur portable. Quand il s'est rendu compte de la disparition de son PC il a fouillé tous ses camarades de classe, seulement quelques heures auparavant la victime a quitté précipitamment l'école. C'est au moment où il a voulu l'interroger au sujet de son PC que la victime s'est armée d'une grosse pierre rocheuse dans le but de l'agresser. Devant ce danger il a tiré son couteau et a frappé. Il n'avait pas l'intention de tuer mais seulement se défendre. Cette version n'a pas été retenue par les enquêteurs car tous les témoins ont confirmé les déclarations de la victime. L'agresseur a été traduit devant la chambre criminelle du tribunal de Bizerte. Il a tenté devant le juge de justifier son acte en déclarant qu'il voulait se défendre. L'avocat n'a pas retenu la thèse de son client. Il a toutefois demandé au tribunal de modifier l'acte d'accusation, de tentative de meurtre à une acte de violences graves et d'accorder les circonstances atténuantes à son client afin qu'il puisse continuer ses études. Après les délibérations le jeune homme a été condamné à une peine de cinq années de prison ferme. Il a fait opposition et sera de nouveau traduit devant la cour d'appel afin d'espérer alléger sa peine.