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Ferdaous ou la révolution balbutiante
Publié dans Le Temps le 17 - 04 - 2015

La nouvelle création de Hamadi Mezzi sera présentée en première au Quatrième Art le 5 mai prochain. Une nouvelle œuvre brechtienne à mettre à l'actif du metteur en scène au souffle inlassable et aux dimensions plurielles...
Hamadi Mezzi est probablement le plus constant des hommes de théâtre en Tunisie. Depuis 1976, il met en scène des œuvres à la fois expressionnistes et intimistes avec la régularité d'un métronome. Cet ancien directeur de Ibn Zeidoun, Ibn Rachiq ou Bir Lahjar ne s'est jamais départi de son théâtre. Malgré les responsabilités et, souvent, la modicité des moyens, Mezzi a su négocier avec les difficultés pour donner le jour à un théâtre atypique, se développant à la croisée de plusieurs influences.
Brechtien dans l'âme, Hamadi Mezzi est toujours en quête du spectacle total, de l'œuvre qui, au sens strict, mêlerait tous les arts, porterait l'intensité dramatique aux sommets et parlerait au cœur du public. Cet alliage rare constitue la quête d'un artiste qui, tout en persévérant dans ses choix esthétiques, n'en aime pas moins cultiver l'indécision des aventures créatives.
Brecht, l'épopée et le patrimoine
Son nouveau travail s'intitule "Le Spectacle", autrement dit "Al masrahiya", en arabe. Cette œuvre pose des enjeux, dès le titre. En effet, ce spectacle que nous promet Mezzi sera-t-il dans la veine des grands happenings chers à Ariane Mnouchkine? Serait-ce plutôt une œuvre décalée qui, dans l'esprit de Guy Debord débusquerait les dérives de la société du spectacle? Ou alors s'agirait-il d'une allégorie brechtienne qui remonterait la généalogie du théâtre jusqu'aux lointains Plaute ou Sophocle?
Intrigant, ce titre... Et si Hamadi Mezzi a choisi un intitulé aussi global, c'est certainement pour suggérer, persuader, convaincre, le spectateur qu'il est face à une œuvre qui caresse la totalité, qui a l'ambition d'écrire un autre théâtre.
Car Mezzi, avant d'être metteur en scène, est bel et bien l'un des plus fins dramaturges tunisiens. Son théâtre s'énonce dans une langue arabe limpide, dans la norme d'un théâtre national populaire et, surtout, dans la continuité de l'école tunisienne représentée par Samir Ayadi, Ezzeddine Madani, Mongi Ben Brahim, Kamel Alaoui ou Moncef Souissi.
Le public d'aujourd'hui ne s'en rend plus compte mais cette école du patrimoine a refondé le théâtre tunisien, dans la continuité de Aly Ben Ayed et Habib Boularès. Pour tous ces metteurs en scène et d'autres encore, le théâtre classique devait avoir des référents culturels autonomes, sortir de la traduction du répertoire classique européen, investir comme le fit le Marocain Taieb Seddik d'autres traditions.
C'est en ce sens qu'il faut comprendre la naissance de "Mourad III" ou de "Al Bouraq" de Habib Boularès. Et c'est dans cette brèche qu'allait s'installer toute une génération théâtrale qui fera renaitre "Beyram Ettounsi dans "Atchan ya Sabbaya", ira vers "Gilgamesh" ou "Mohamed Ali El Hammi".
Ce théâtre du patrimoine, auquel Hamadi Mezzi a largement contribué sans changer de cap est également né dans le sillage du théâtre national populaire français et son ambition de donner le jour à des œuvres qui iraient vers le public. De fait, cette équation a toujours été posée dans le théâtre tunisien et elle aura des réponses fort diverses.
Si l'on observe bien l'évolution de notre théâtre, l'on comprendra aisément que cette tension vers le public s'est matérialisée aussi bien par le répertoire du Nouveau Théâtre que par la réflexion sur l'œuvre organique menée par Ezzeddine Gannoun et Fathi Akkari ou encore le désir d'un théâtre terrien ancré dans les terroirs de Noureddine Ouerghi.
Hamadi Mezzi s'est pour sa part tenu à un choix brechtien, nourri de travail de distanciation et mu par un souffle épique. Depuis ses débuts avec les troupes "Chems" et "El Foutha", Mezzi a creusé dans le même sillon, revenant parfois aux fondamentaux brechtiens en adaptant les œuvres du maître allemand ou en allant vers des créations plus intimistes, croisant les chemins de Sartre, Duras, Camus et les existentialistes.
Ce projet, il le poursuit depuis une vingtaine d'années avec la compagnie Sindbad, dont le nom est évocateur de voyage mais aussi de persévérance. C'est d'ailleurs Sindbad qui produit le dernier opus de Hamadi Mezzi, avec le soutien du ministère de la Culture. L'œuvre sera présentée en avant-première au Quatrième Art le 5 mai à 19h30, avec un sur titrage en français et en anglais.
Une dialectique des contraires
"Al masrahiya" se base sur plusieurs antagonismes, plusieurs tensions entre des valeurs et leur contraire. Cette dualité se pose de prime abord avec le personnage de Ferdaous, évocateur du paradis, qui est à la fois un nom propre et le symbole de la patrie.
Ferdaous, c'est son destin, est écartelée entre plusieurs sensibilités voire des identités contradictoires. De plus, Ferdaous devra concilier ou plutôt décider de lever bien des amalgames. Que peut la perversion face à la probité? Comment peut régner la tolérance au lieu de l'exclusion, l'indulgence au lieu de la rancune, l'honnêteté plutôt que la duplicité?
Les dilemmes de Ferdaous sont des plus ardus et il faudra un bouleversement fondamental pour que puissent être levées toutes les hypothèques. Ce déclic aura lieu un certain 14 janvier 2011...
Dès lors surgira l'histoire débarrassée de la gangue du quotidien. Dès lors, cet autre opium du peuple qu'est l'illusion jaillira dans sa vérité. Mais dans ce monde flou, en mouvement, tout en hésitation, le noir et le blanc se chevauchent, se confondent, se perdent en méandres indistincts.
On ne sait plus quelles sont les victimes et quels sont les bourreaux. On ne parvient plus à entendre les intellectuels dans le vacarme des charlatans. Pire, on ne distingue plus les véritables créateurs des vils mercenaires. Perdue dans ce basculement, Ferdaous devra restituer la liberté à ses tenants et aller vers la lumière.
Allégorie de la révolution tunisienne et de ses hésitations et autres retournements, "Al masrahiya" est une œuvre profondément brechtienne dans sa démarche. Située dans cette dialectique des contraires, l'intrigue nous apprendra que rien n'est définitif et qu'il existe des milliers de nuances de gris.
"Al masrahiya" s'inscrit dans la vision de Hamadi Mezzi et dans son souci d'un théâtre exigeant et métaphorique. Cette nouvelle œuvre est servie par six comédiens parmi lesquels Thouraya Boughanmi et Saber Khemissi. Produite par Dar Sindbad, "Al masrahiya" sera donc donnée en avant-première au Quatrième Art avant d'entamer plusieurs cycles dans la capitale et une tournée en régions.


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