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S'approprier l'Etat : une culture tunisienne... A chaque époque ses «possesseurs» !
Publié dans Le Temps le 06 - 05 - 2015

Comment définir la démocratie ! Pour ma part j'ai toujours aimé cette exclamation de Jean Jacques Rousseau : « La démocratie c'est le pouvoir des gouvernés », mais je lui préfère encore plus celle du grand maître politiste de tous les temps le grec Aristote : En démocratie c'est les citoyens qui s'approprient l'Etat, alors, qu'en régime tyrannique c'est une personne, une oligarchie ou une caste qui s'approprient ce même Etat » !
La Tunisie, à travers sa longue Histoire politique a connu tous les régimes « universels » de leurs époques. Carthage était une « exception » de l'Antiquité pour un régime apparenté à la République parlementaire. Puis Rome a basé l'Etat « proconsulaire » avec une prééminence de l'exécutif, mais aussi une large décentralisation du Nord au Sud. Les villes et cités « berbères » comme Maktaris (Makthar) ou Bulla Regia ou Sufétula (Sbeila) étaient des chefs lieux avec une large autonomée de gestion générale et ne payaient qu'une « dime » impôt, à Rome, en échange de cette liberté d'autogestion. La conquête arabe a fait basculer, la proconsulaire romaine bien structurée avec les règles du jeu mais aussi des lois écrites, vers le mode coutumier avec des interprétations assez évasives des textes normatifs.
Ceci va se prolonger pendant des siècles avec les Hafsides jusqu'à l'avènement de Ahmed Bey qui a mis la dynastie husseinite sur orbite occidentale. Le Protectorat français scella définitivement l'organisation des pouvoirs en Tunisie par une nomenclature imposante et importante de textes réglementaires et nous sommes entrés depuis largement dans la sphère du droit écrit et contraignant.
L'Etat national moderne n'a fait qu'approfondir cette tendance au centralisme administratif, parce que tout était à faire ou à refaire. Les « régimes » successifs de Bourguiba, pourtant à la tête d'un parti libéral, le « Néo-destour » ont accentué surtout du temps de la « coopérativisation » (Ettaâdhod) de M. Ben Salah, la tendance de « l'Etat » hégémonique et transcendant, donc prêt à réaliser son « appropriation » par la classe dirigeante.
D'où le caractère autoritaire du système, peu participatif et donc éloigné des normes de la démocratie pluraliste à l'occidentale.
Ce régime a eu quand même le mérite de sécuriser le pays, de populariser la culture de l'Etat national moderne et surtout de ne pas être « corrompu », au niveau de ses cadres politiques et administratifs.
Le régime du « 7 novembre » aura été l'étape défaillante de l'évolution attendue de ce système « autoritaire » vers l'institutionnalisation de la culture démocratique. Nous avons assisté, et vécu 23 ans « d'appropriation » presque totalitaire de l'Etat y compris d'une partie de l'économie. Pourtant l'occasion était réelle de libéraliser le système politique conjointement avec la libéralisation de l'économie et des investissements qui a été opérée, largement de fait.
C'est l'occasion parfaite, ratée, d'harmoniser le modèle libéral tunisien et nous faire rapprocher davantage des normes occidentales. La révolution a fini par emporter le système et surtout annoncer une exigence populaire de rejet de toute nouvelle « appropriation » de l'Etat et de l'économie par une quelconque nouvelle oligarchie.
Tout cela aurait pu donner de l'air pur à notre société ! Mais les événements et de nouvelles réalités n'ont fait que confirmer l'adage : « Chasser le naturel... il revient au galop » ?
L'émergence de l'Islam politique à la tête d'une « Troïka » de façade a failli accomplir une nouvelle « appropriation » de l'Etat par la Nahdha et ses dérivés salafistes et wahabites – frères musulmans.
D'ailleurs, rien qu'hier matin, encore, j'écoutais à l'antenne de notre collègue Hatem Ben Amara, à la Radio nationale, l'intervention de l'ancien ministre de l'Agriculture, nahdhaoui, M. Mohamed Ben Salem, défendre bec et ongles « son Karadhaoui » , cheikh intronisé à vie président d'un certain Congrès islamique basé comme il se doit entre le Qatar et Istanbul ! Et là je me suis dit... rien à faire, même M. Rached Ghannouchi le réformateur libéral n'y peut rien !
Ennahdha n'est pas prête encore de se libérer de l'organisation structurelle et idéologique des « Frères Musulmans » ! C'est triste et même très triste, car j'avais espéré voir Ennahdha décrocher un jour de cette culture hégémonique et moyenâgeuse au nom d'une « lecture » contestée de l'Islam, qui n'a rien à voir avec la spécificité identitaire tunisienne Sadiko-Zeitounienne, heureuse modérée et ouverte sur la modernité.
Les hauts cadres d'Ennahdha comme M. Ben Salem s'accrochent malheureusement à une vision totalitariste du système politique.
En s'inscrivant dans le « projet Karadhaoui » et sa progéniture « périphérique » du genre Wajdi Ghoneïm et compagnie, « d'islamisation » de l'Etat, nous savons où ça commence, mais pas où ça finit !
Entre Ennahdha de Ghannouchi et les salafistes « non jihadistes » (espèce en voie d'extinction en faveur des jihadistes), puis Jebhat Ennosra en Syrie puis... puis... et je préféré m'arrêter là, pour ne pas avoir le vertige, où est la frontière qui sépare l'Islam démocratique et civil de l'islamisation radicale et extrémiste !
Tout système social, même au nom de la Religion, qui veut s'approprier l'Etat est anti-démocratique par essence. L'Etat démocratique ne peut être que la propriété des citoyens !
Alors, arrêtez de nous mener en bateau... ça ne prend plus !
K.G


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