La Tunisie est elle en passe de promouvoir un nouveau modèle terrestre de la démocratie plurielle, ou même l'Etat se fédéralise pour secréter trois pouvoirs distincts et non homogènes formant trois « Etats » dans l'Etat ! Mieux encore, nous sommes sur le point de réaliser un véritable miracle de cohabitation entre un « Etat » islamiste au Bardo avec cette majorité bloquante et assommante à l'ANC, un Etat radical « révolutionnaire » type « montagnard » du temps de la Révolution française de 1789, à Carthage, et un Etat libéral d'une « neutralité » presque anglo-saxonne et britannique à la Kasbah ! Alors, pourquoi se plaindre... nous sommes à la fois « islamistes », « révolutionnaires » et « libéraux », mais le hic c'est que l'Etat détenteur de la souveraineté nationale et des pouvoirs de coercition légale matérialisés par les instruments de la « violence légale » dont il a l'exclusivité, n'a plus de repères ni de gouvernail ! Qui fait quoi au juste ... ! L'Etat « islamiste » au Bardo s'active depuis le 23 octobre 2011, bientôt trois ans, par des lois partisanes et scélérates à défigurer la Tunisie millénaire, son modèle culturel et social et son identité spécifique modérée et tolérante, pour faciliter l'émergence à court, moyen et long terme, d'un « Emirat » islamiste, type wahabite du Moyen-Orient. L'Etat « révolutionnaire » à Carthage s'active lui aussi à démolir le socle de « l'ancien régime », mais lequel, celui de Ben Ali ou de Bourguiba ou les deux à la fois. Le locataire de la colline de Malaga et de la « proconsulaire » puniquo-romaine, pourtant homme de science, sadikien de formation, puis docteur de son état, ancien président de la Ligue des droits de l'Homme, fait de son alliance avec les « islamistes », le cheval de Troie qui lui permettra de reprendre encore une fois la citadelle de Carthage, contre ceux-là mêmes qui partagent ses valeurs idéologiques démocratiques et sociales. Du coup, nous ne sommes pas loin de l'adage universel : « Tous les chemins... mènent à Rome » ou celui de Henri de Navarre : « Paris vaut bien une messe » et Carthage vaut bien un accord structurel avec les Islamistes. Mais, peut-être, par générosité, ou une certaine naïveté, diraient certains, l'homme de Carthage ne sait pas que ses « amis » islamistes ne rament que pour eux, et leur projet de société, et que le jour « J », ils le laisseront au bord de la route, comme le confirme la longue histoire de l'Islam politique depuis l'Empereur Mouaâouia, fondateur de la dynastie Omeyyade, à Damas. Déjà, la transition a permis de voir le nombre de « concessions » accordées par « Carthage » aux Islamistes et les entorses à l'Etat démocratique et institutionnel qui a été sensiblement affaibli à tous les niveaux et surtout sécuritaire. Reste l'Etat « libéral » de la Kasbah ! Lui aussi, il avait déjà du plomb dans l'aile à sa naissance ! Sa légitimité a été un « don » en apparence du dialogue national, mais de fait, une « concession » tactique de « l'Etat islamiste » de l'ANC, qui a maintenu toutes ses conquêtes institutionnelles et idéologiques sur les terrains acquis au niveau de la diffusion de la culture « islamiste hégémonique » par les Imams propagandistes, les associations « charitatives » et de contrôle de l'espace urbain périphérique et socialement fragile. L'Etat « islamique » porté au pouvoir par la démocratie « élective » aura tout fait pendant ces trois années, pour investir le corps social et les institutions stratégiques de l'Etat en vue d'une mainmise prolongée et durable à l'infini du pouvoir, suivant en tout point l'exemple turque de Rajep Taïep Erdogan, qui continue allégrement à faire le ménage à tous les niveaux du pouvoir en Turquie, pour briguer la présidence après trois longs mandats de Premier ministre. Mais, tout cela aurait, peut-être, été acceptable si l'Islam politique n'avait pas transplanté la Tunisie dans la sphère « jihadiste » terroriste. Aujourd'hui, et après trois ans de pouvoir sans partage de l'Etat « islamiste » de l'ANC, sur tous les autres pouvoirs et les autres « Etats », confirmant, d'ailleurs, la vision prospective de son chef, M. Rached Ghannouchi, qui a bien martelé le jour de sortie du gouvernement Laârayedh : « Nous quittons le gouvernement... et non le pouvoir », nous sommes à la veille d'un nouveau round, une nouvelle étape, et une nouvelle manœuvre pour enfoncer bien des clous et « islamiser » davantage et l'Etat et la société, mais dans le sens de la stratégie initiale de consolider le pouvoir islamique durable et irréversible Pour cela rien ne vaut la promesse et le mirage « démocratique » qui a été le bon cheval gagnant de la Nahdha le 23 octobre 2011, pour le contrôle social et culturel total, pour les années à venir, mais avec le maintien de la « ghoula » jihadiste pour dire aux Tunisiennes et aux Tunisiens : « Attention, c'est nous ou... le déluge... Daëch, Ansar Achariaâ et tout le bazar, irakien, syrien et maintenant libyen ! Ils sont tous à la frontière ou dans les cellules dormantes » ! D'ailleurs, les milices armées libyennes de Benghazi et Derna, appuyées par plus de 15000 jihadistes de Daëch, transportées du Moyen-Orient par certaines compagnies aériennes du Golfe et bien connues, veulent à tout prix, casser le nouveau Parlement libyen, élu récemment avec une majorité écrasante de démocrates et libéraux et un affaissement littéral de l'aile islamiste, frères musulmans de l'ancien « Congrès populaire ». Comme quoi, la démocratie n'a le droit que de porter les Islamistes au pouvoir et M. Erdogan en est bien l'exemple directeur, sinon, c'est la guerre civile, ou le ménage interne des institutions légitimes ! Bref, des « coup d'Etat » en séries, en couleurs et selon toutes les saveurs ! Aux dernières « bonnes nouvelles », MM. Ellouze et Chourou, deux cadres fondateurs classés « durs » de la « Nahdha » vont quitter les structures politiques dirigeantes du parti islamiste, pour se consacrer à la « Daâwa » (diffusion idéologique et surtout ne pensez pas propagande !) Ceci donne l'image qu'on veut livrer aux Tunisiens, à savoir que la Nahdha tourne la page « frères musulmans », se tunisifie et surtout se transforme en « parti civil », démocratique, pour de bon ! Mais, comme le dit le Sieur Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se créé... tout se transforme ». Si la Nahdha est réellement sincère, pourquoi cette « Daâwa » ou appels à islamiser un pays et un peuple musulman depuis 14 siècles ! M. Dilou n'a-t-il pas clamé un jour : « La Tunisie n'est ni un pays de Jihad ni de Daâwa » ! Mais, vous savez l'oubli est salutaire et les dirigeants de la Nahdha le savent bien ! Je renvoie nos lecteurs à l'emblème des frères musulmans d'Egypte où la « Daâwa » est intimement liée au sabre du « Jihad »... Alors, que nous réserve la Nahdha ! La Daâwa, le « sabre » ou la démocratie nouvelle ou les trois, à la fois ! Comme nos trois « Etats » ! Une seule réponse : Attendons le résultat des prochaines élections... Ce jour-là... nous saurons ! Dieu protégez la Tunisie ! Faites en sorte que ses enfants, tous ses enfants, y compris les islamistes, soient rationnels et raisonnables ! Ni Daâwa ni Jihad... mais la liberté d'être et de paraître ! Notre Tunisie millénaire ! Par