C'est exprimant dans l'euphorie générale que la séance d'ouverture du Festival de Poésie eut lieu, vendredi dernier, dans le patio de la Mairie de Sidi Bou Saïd, avec un discours de M. Raouf Dakhlaoui, maire de Sidi Bou Saïd, en présence des poètes invités ainsi qu'un public entiché de la poésie et de sa magie. Il a souhaité la bienvenue à tous les poètes, tunisiens et étrangers tout en évoquant son bonheur de voir Sidi Bou Saïd animé durant deux jours, 22 et 23 mai, par les poètes, musiciens et conteurs de Voix Vives, Tunisiens et étrangers, venus de plusieurs pays. Le Festival qui se tient pour la deuxième fois consécutive en Tunisie, s'est déjà déroulé dans d'autres pays méditerranéens auparavant. Le choix de Sidi Bou Saïd, ce cadre de rêve et d'inspiration, plaira sans doute à tous les participants étrangers qui nous ont fait part de leur satisfaction et de leur admiration pour cette ville et pour le pays en général. Un programme alléchant a été concocté pour ce festival de poésie qui s'organise cette année sous le signe « De méditerranée en méditerrané » et qui comporte plusieurs volets, dont des lectures de poèmes dans plusieurs langues suivies de traductions en arabe réalisées par des acteurs et accompagnées de musique assurée par des jeunes solistes au nay (flûte) et au violon. Des séances de contes, dédiées aux enfants et aux adultes sont également prévues. Des rencontres sont proposées durant ces deux jours dans différents lieux (jardins, cafés, places publiques, patios...), dans des galeries d'art (Galerie A. Gorgi et galerie le Violon bleu), et au Centre des musiques arabes et méditerranéennes (Palais D'Erlanger), ce qui a permis à chacun, de venir rencontrer la muse de la poésie et vivre au rythme des vers, des assonances et des allitérations, en savourant la merveilleuse poésie qui abonde en images et en métaphores. Nous avons abordé Mme Marianne Catzaras, coordinatrice du festival en Tunisie, qui nous a déclaré : « En fait, je suis au service de la poésie et mon rôle consiste à construire des espaces dans différents pays de la Méditerranée où puisse s'exprimer la poésie méditerranéenne contemporaine à travers toutes les cultures qui la composent. On propose à la fois des poètes venant de différents pays de la Méditerranée et chacun dans sa propre langue va lire ses poèmes qui sont traduits immédiatement par des acteurs, s'ils ne sont pas déclamés en arabe ou en français. Il y a également un conteur, cette année il s'agit de Rachid Akbal, un merveilleux conteur kabyle, avec lequel nous avons trois rendez-vous pendant le festival. Il y aura aussi des musiciens qui vont accompagner les poètes dans des récitals poétiques et musicaux. Nous avons invité à cette rencontre de célèbres figures de la poésie méditerranéenne contemporaine, à titre d'exemple Abbas Baydoun qui est un grand poète libanais, le poète palestinien Ghassan Zaqtan, Maram Al Masri de Syrie, Daniel Leuwers de France et d'autres encore qui sont venus d'Espagne, de la Serbie, du Portugal, du Maroc, de la Grèce. Six poètes tunisiens participent à cette édition dont Amina Azouz, Moez Turki, Hassine Kahouaji et Moncef Ghachem, qui fait partie du comité d'honneur, va remplacer Adam Fethi. Les espaces réservés à la poésie sont accessibles à tous et la gratuité est assurée. La poésie qui se trouve dans les lieux du quotidien s'adresse à tout le monde, elle n'est pas destinée uniquement à l'élite, c'est que les poètes ont encore leur place dans la société d'aujourd'hui. » Les participants s'expriment : Mohamed Abu Zaïd (poète, Egypte) : C'est un grand plaisir pour moi de me retrouver en Tunisie pour la première fois parmi cette foule de poètes venus de tous les pays de la Méditerranée. Je suis très impressionné par ce beau pays qui organise cette rencontre, surtout à cet endroit agréable, Sidi Bou Saïd, pour servir la culture arabe et universelle et permettre ces échanges internationaux en matière de poésie qui est un langage universel qui touche toute l'humanité et qui constitue un facteur de rencontre et un trait d'union entre les différents peuples du pourtour méditerranéen. Abbas Beydoun (poète, Liban) : Ce n'est pas la première fois que je participe à ce festival de la poésie. J'ai été plusieurs fois à Sète, une fois au Maroc et cette fois-ci à Sidi Bou Saïd, ce beau village, muse des poètes. Je suis très content d'être en Tunisie que j'avais déjà visitée à l'occasion de la Foire du livre. Cette rencontre poétique qui réunit un bon nombre de poètes, de conteurs et de musiciens du bassin méditerranéen est très importante, dans la mesure où elle nous offre l'opportunité de nous unir pour conserver, à travers la poésie, notre identité méditerranéenne qui est à la fois constante et dynamique. » Daniel Maximin (poète, France) : Je viens de Guadeloupe, donc je représente la France dans cette rencontre poétique. C'est ma première visite en Tunisie et je suis très ravi de la chaleur de votre accueil et de la beauté de votre climat qui d'ailleurs ressemble beaucoup au nôtre ! Je connais déjà l'Algérie et le Maroc et c'est un vrai plaisir de me retrouver encore une fois parmi vous dans ce merveilleux pays du Maghreb. Ce qui est plus intéressant dans ce rendez-vous poétique, c'est la rencontre avec ce monde venu de pays méditerranéens différents passionnés de poésie et prêts à s'ouvrir les uns aux autres, à offrir et à recevoir. En plus, la poésie est le langage universel qui nous relie et nous fait partager nos sentiments, nos sensations et nos émotions... » Rachid Akbal (conteur, Franco-algérien) : Je suis conteur. C'est un peu différent d'un poète. Personnellement, je pense que la poésie consiste à transcender par les mots les émotions du quotidien, alors qu'un conteur fait appel au patrimoine de l'humanité. Non que je parle de choses passées, mais plutôt de l'avenir ! Il faut toujours évoquer le passé certes, mais pour mieux appréhender l'avenir. Par exemple, aujourd'hui, je vais parler un peu des événements d'avant, mais pour parler de demain ! Theoni Kotini (poétesse, Grèce) : Je viens de la Grèce et c'est la première fois que je visite votre charmant pays ! Mes poèmes seront lus en langue grecque et seront immédiatement traduits en arabe et en français. Le climat et le paysage ici ressemblent beaucoup à ceux de la Grèce. C'est une belle occasion pour moi de rencontrer d'autres poètes de la Méditerranée pour discuter et échanger nos expériences. Je trouve que les gens ici sont familiers et hospitaliers... »