Les tensions sont à leur comble entre le ministère de l'Education et le syndicat général de l'enseignement de base rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), après la décision du gouvernement de décréter la réussite automatique de tous les élèves du cycle de l'enseignement primaire aux examens de fin d'année. Réagissant à la décision, le syndicat qui avait lancé un mot d'ordre d'une grève administrative ouverte grève ayant bloqué la tenue des examens a annoncé, hier, avoir déposé un recours auprès du tribunal administratif pour contester la décision du gouvernement. «C'est une décision illégale vu que seuls les conseils de classe sont habilités à se prononcer sur la réussite ou non des élèves», a dénoncé le secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base, Mastouri Gammoudi, estimant que la décision du gouvernement entachera la crédibilité du système éducatif et contribuera à diminuer davantage la valeur des diplômes. M. Gammoudi a également fait savoir que les instituteurs continueront à boycotter le concours d'accès aux collèges pilotes. Dans ce même cadre, le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique H'faïedh Hefaïedh a noté que la décision prise par le ministre de l'Education est illégale puisqu'elle viole l'article 59 de la loi d'orientation sur l'Education promulguée en 2002. Le responsable syndicale a aussi indiqué que le gouvernement a choisi à engager un bras de fer avec la centrale syndicale, rappelant que cette logique de confrontation a échoué sous le règne de Hédi Nouira, Mohamed Mzali , Ben Ali et de la Troïka. Le porte-parole officiel de l'UGTT, Sami Tahri, est quant à lui allé jusqu'à qualifier le communiqué publié jeudi par le gouvernement de «déclaration de guerre» et de «communiqué émanant d'un commandement de l'armée». Menace Le porte-parole du ministère de l'Education, Mokhtar Khalfaoui, a cependant estimé que la décision relative à la réussite de l'ensemble des élèves du cycle est légale vu que l'article 24 de la loi d'orientation sur l'Education stipule sans détours que le ministre de l'Education fixe les critères de l'évaluation et la réussite. D'autre part, le ministère semble décidé à jouer son va-tout puis qu'il compte prélever cinq jours sur les salaires des instituteurs et menace de les priver des salaires de juillet et août s'ils ne se reprennent pas leur travail d'ici le 28 juin. Avant le recours à la grève administrative, les instituteurs avaient déjà observé trois grève en moins d'un mois et demi (le 15 avril, les 12 et 13 mai et les 26, 27 et 28 mai) en signe de protestation contre le refus du ministère de l'Education de satisfaire leurs revendications. Le syndicat général de l'enseignement de base réclame l'abaissement de l'âge du départ volontaire à la retraite à 55 ans pour les enseignants ayant achevé 35 ans de service, l'octroi d'une promotion exceptionnelle aux instituteurs trois ans avant leur départ à la retraite, l'homologation des diplômes délivrés par les instituts supérieurs de formation des instituteurs avec la diplôme de fin d'études du premier cycle de l'enseignement supérieur, en l'occurrence la licence. Les instituteurs demandent aussi la création d'une indemnité de travail administratif et d'une indemnité de fin de service, conformément au statut des instituteurs déjà paru dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT) ainsi que la régularisation de la situation professionnelle des instituteurs suppléants. Le syndicat général de l'enseignement de base revendique, d'autre part, le doublement des montants de la prime d'affectation et de l'indemnité de la rentrée scolaire ainsi que la révision à la hausse du nombre des bourses universitaires accordées aux descendants des enseignants. Le syndicat souhaite, par ailleurs, l'ouverture d'un «dialogue national responsable et sérieux» sur la réforme du système éducatif afin d'améliorer le niveau des élèves et la crédibilité des diplômes nationaux.