Les Arianais en ont longtemps rêvé. La municipalité l'a fait ! Au grand soulagement de tous ou presque, les autorités municipales accompagnes des forces de l'ordre ont, en moins de trois jours, procédé à la démolition et à l'enlèvement de tous les étalages anarchiques situés devant le marché municipal et ses alentours. Hier matin, les riverains n'avaient qu'un seul mot à la bouche : « Enfin ! ». Tous marchaient étonnés, libres de circuler où bon leur semblait, n'en croyant presque pas leurs yeux. Les marchands ambulants ont-ils vraiment été délogés ? Oui ! C'est que la place du marché a été squattée depuis plus de quatre ans par des vendeurs hors-la-loi qui ont agrandi au fur et à mesure des jours et des semaines leurs étalages pour finir d'envahir toute la place, imposant presque par la force leur commerce illégal et salissant les environs comme jamais auparavant. Impuissants, les Arianais ont vu leur ville être défigurée, mutilée, vandalisée jour après jour. Mais les premières victimes de ce phénomène restent les commerçants du marché municipal qui ont vu leurs recettes considérablement chuter. C'est qu'au lieu de les soutenir, nombreux sont les citoyens qui ont pris l'habitude de faire leurs emplettes chez les vendeurs ambulants, tournant le dos ainsi à ceux du marché municipal qui paient un loyer mensuel et des taxes et font face, pour la majorité, à de sérieuses difficultés financières. Aujourd'hui leur calvaire semble être terminé, du moins pour quelques temps. L'info circulait depuis plus d'une semaine quand la municipalité de l'Ariana a rendu public un énième avertissement, invitant les marchands ambulants à quitter les lieux et à désinstaller leurs commerces illégaux. Mais les choses n'ont commencé à se préciser que depuis lundi. Mécontents de la tournure des choses, les vendeurs anarchiques ont barré la route aux officiers de la police municipale, allant même jusqu'à brandir une grosse boite rectangulaire en bois, ressemblant à un cercueil. Un message on ne peut plus clair adressé aux forces de l'ordre. Les marchands ont brièvement barré la route et perturbé la circulation au niveau de la Maison des associations, située au cœur du centre-ville de l'Ariana. Certains citoyens présents sur place à l'heure des faits rapportent qu'il y a même eu tentative d'incendie du kiosque situé dans les environs mais que les forces de l'ordre sont rapidement intervenues pour mettre fin à cette anarchie et dissoudre la foule. Pour une semaine, un mois, un an... Hier matin, la place du marché était pleine de monde mais vidée des étalages en acier et en toile ainsi que des déchets nauséabonds délaissés par les marchands ambulants à la veille de l'Aïd. Un important dispositif sécuritaire était déployé à chaque recoin en prévision d'un acte de rébellion ou de vandalisme. Le gouverneur de l'Ariana s'est déplacé en personne pour superviser le déroulement des opérations. Pour la première fois depuis près de quatre ans, la place était propre et les piétons pouvaient y circuler sans être dérangés par les étalages collés l'un à l'autre. Pour la première fois depuis près de quatre ans, l'air était enfin respirable dans les alentours et aucune odeur de moisi et de saleté ne venaient emplir les narines des passants. Pour la première fois depuis près de quatre ans, les piétons pouvaient marcher librement sur les différents trottoirs qui étaient jusque-là réquisitionnés par les commerçants pour y déposer leurs marchandises. Pour la première fois depuis près de quatre ans, les riverains qui habitent les maisons et appartements avoisinants pourront aisément accéder à leurs habitations et ne seront plus dérangés le soir par les cris, la musique, les disputes et même les gros mots proférés par certains. Prise en otage depuis près de quatre ans, la place du marché municipal de l'Ariana est enfin libérée et ses ravisseurs forcés de quitter les lieux. Un effort louable de la part des décideurs de l'Ariana qui, semble-t-il, sont bien décidés à ne pas céder aux intimidations des marchands ambulants mécontents et à ne pas faire marche arrière. La nomination en août dernier à la tête du gouvernorat de l'ancien président de chambre à la Cour de cassation de Tunis, Omar Ben Mansour, serait-elle venue concrétiser, une volonté politique consistant à faire bouger les choses à l'Ariana afin de mettre fin aux dépassements de tous genres et à rendre à la ville des roses sa splendeur d'avant ? Puisque c'est à sa pérennité qu'on juge l'efficacité d'une décision et d'une action, laissons le temps juger ici aussi.