La politique refait surface à nouveau sur fond de débat identitaire, les mosquées « hors la loi », les Imams takfiristes propriétaires de « leur » mosquée, alors que les maisons de Dieu sont censées n'appartenir qu'à Dieu et où le nom seul d'Allah y est glorifié, et maintenant, le « Niqab », véritable carte d'identité vestimentaire de la politisation à l'extrême de la religion devenue acte et loi autorisant la guerre contre les innocents pacifiques et les citoyens ordinaires de ce globe qui ne demandent qu'à vivre et laisser vivre ! Comme d'habitude, les débats frisent l'hypocrisie la plus malsaine et on continue, sous couvert de défendre les libertés et les droits de l'Homme, dont le droit de disposer librement de son corps et de ses vêtements, à plaider pour maintenir intacte et vivace la fermentation « islamiste » et la mobilisation des troupes pour les futurs jours « j » tout en jouant sur le répertoire du parti civil et démocratique avec référentiel islamique, mais qui sépare un tant soit peu le « politique » du « daâwique ». La suspicion ne fait que croître quand on voit des « leaders » qu'on classait « modérés-réformistes » des partis islamiques, monter sur leur grands chevaux pour réagir et défendre bec et ongle, tout ce qui se rapporte au maintien de la doctrine et de la pratique des « Frères musulmans » d'Egypte dans l'espace musulman « tunisien ». Ça dépend des jours et de la « météo » mais aussi, et surtout, des rapports de force et de l'événementiel. A peine la situation à Ben Guerdane, apaisée, on revient sur le front de l'ascendance et de la mobilisation « islamiste » et les médias baptisés aux premières heures de la Troïka triomphaliste « presse de la honte » deviennent comme par magie, les porteurs de la bonne parole, puisqu'elles se livrent « air, terre et mer », et plutôt, T.V, radios et presse écrite, volontiers, aux charmes discrets mais conquérants de la « propagande » des islamistes, qui se relaient sans relâche sur les plateaux T.V et sur les ondes radios, sans oublier quelques bons passages et interviews soignés, pour nous embobiner davantage. Le combat est le même, mais les champs d'opération sont multiples pour atteindre l'objectif final, encadrer et contrôler à nouveau la société tunisienne « libérée » un tant soit peu, par l'éclaircie « Nida Tounès », tout de suite, embrumée par de sombres nuages et des manœuvres de haute voltige. Défendre le Niqab, un Imam extrêmement politisé, les « écoles coraniques » pouponnières des futurs militants du parti sur le long terme, etc... C'est donner des signes rassurant aux militants islamistes de base qui ne digèrent pas cette fameuse « fumisterie » que veulent leur imposer les élites de la modernisation, à savoir, « séparer la politique de la religion ». C'est un peu comme si on leur disait : « Ne faites pas attention à tout ce remue-ménage médiatique sur la « séparation », en question... Tout cela est de pure tactique, car sur l'essentiel rien ne change, le « daâwique » (prédication) prend la relève de manière plus efficace et discrète pour pénétrer et encadrer le tissu familial et social tunisien. De l'autre côté, on continue à servir l'illusion du parti islamiste rénové au goût des exigences élitistes de la modernité en promettant un « congrès » qui portera Ennahdha à l'avant-garde de l'Islam politique dans le monde réconcilié avec cette démocratie « occidentale » laïcissante bien que d'essence chrétienne, à l'image de la CDU allemande. On joue « gagnant-gagnant » sur tous les tableaux, mais de quoi sera fait le lendemain de la Tunisie et des Tunisiennes et des Tunisiens, là, les voies du Seigneur sont impénétrables ! Les spéculations nous renvoient à la Turquie erdoganienne « islamiste », mais, alliée de l'Amérique et qui représente pour nos Islamistes, l'exemple même de la réussite dans la durée sur de nombreux points, notamment la croissance économique et le libéralisme, malgré l'autoritarisme montant au pays de Kamel Attaturk. Malheureusement, la Turquie ne vit pas que dans la soie, en ce moment. Elle est confrontée à une forte rébellion kurde et à certains doutes, côté européens, après le ras de marée migratoire qui est partie de ses frontières vers la mer Egée. Les partis politiques d'opposition ou « d'alliance » critique sont bien conscients de l'enjeu d'une reprise en main du pays par l'Islam politique, ascendant comme au bon vieux temps, de la Troïka et redoute de nouvelles fractures à l'horizon 2020. Les « assurances » d'Ennahdha ne semblent pas les convaincre, ni les apaiser. La méfiance est de rigueur de part et d'autre, d'où l'appel de M. Zitoune, un des proches lieutenants du Cheikh Rached Ghannouchi, à une grande réconciliation nationale, qui enterrerait toutes les haches de guerre, une fois pour toute. Mais, pour cela, Ennahdha doit comprendre une fois pour toute, aussi, qu'elle doit joindre l'acte à la parole. On ne peut pas être la « CDU » tunisienne, et continuer à défendre les mosquées hors la loi, les imams takfiristes, les associations douteuses et d'une manière, même « soft » le Niqab ! A un moment ou à un autre, il y a un chemin de « vérité » qu'Ennahdha doit prendre si elle veut reconquérir la Kasbah... et qui sait, Carthage, aux prochaines élections majeures de 2020 !... Mais, d'ici là, nous verrons bien si tous les chemins des islamistes politiques tunisiens mènent à la rationalisation de la Religion. Donc, wait and see !