Eclaircie dans la grisaille festivalière, Hammamet dessine des alternatives véritablement culturelles en optant pour la diversité, l'expérimentation et tout simplement la joie. La mayonnaise est en train de prendre et, enthousiastes, les publics de l'art répondent présent! Brise marine et souffle d'air frais à l'ordre du jour! La bonne surprise des festivals de l'été 2016 est venue de Hammamet avec une session ébouriffante qui redonne les couleurs de la culture à nos manifestations estivales. Hammamet remet les pendules à l'heure de la Culture Alors que le festival international de Carthage ressemble de plus en plus à une âme en peine, le festival international de Hammamet innove, fait plaisir au public et pratique des tarifs raisonnables avec une fourchette de prix qui va de la gratuité pure et simple jusqu'à 60 dinars pour trois spectacles (Mayada, Khaled et Ibrahim Maalouf). Sinon, les prix qui reviennent le plus fréquemment sont 15 et 20 dinars, ce qui est bien à la portée des bourses du public culturel. Depuis son coup d'envoi, le festival a non seulement toujours fait le plein mais aussi ajouté une plus value culturelle ou affective. Selon tous les présents, les sept soirées de la semaine "fraîche" du festival ont été marquées du sceau du succès et donné un bel élan au festival de Hammamet qui, avec celui d'El Jem, a su préserver son ancrage culturel et sa vocation de défrichage artistique. De Marley à Dorsaf Hamdani, de la création de Raja Ben Ammar à la jam session bien chaleureuse de "Gaada", Hammamet est en train de remettre les pendules à l'heure de la culture et remettre les manifestations organisées par le ministère de la culture sur des rails qu'elles n'auraient jamais dû quitter. Le fait est que Moez Mrabet, le directeur de ce festival, se contente de mener son travail d'action culturelle sans autre ambition que réussir dans la mission qui lui a été confiée. Dans notre contexte actuel, ce simple fait de faire son travail et bien le faire est devenu d'une importance capitale car, trop souvent, les responsables de nos festivals s'égarent dans des considérations qui n'ont pas lieu d'être. Indoor, Oudoor, Act now et Urban days: un quatuor harmonieux En effet, soit leur profil n'est pas compatible avec la tâche soit ils se compliquent la vie en pensant utiliser les missions qui leur sont confiées comme des tremplins vers d'autres postes. Ce n'est pas le cas de Mrabet qui est en train de rendre la copie qu'on attendrait d'un artiste et parvient ainsi à donner un coup de jeune au festival de Hammamet en mettant de belles idées à l'oeuvre. En effet, par un coup de baguette magique, le directeur du festival a généré un effet multiplicateur en structurant la session en quatre volets complémentaires: Indoor pour les soirées au théâtre de plein air, outdoor pour les spectacles hors les murs proposés gratuitement, Act now pour les spectacles plus confidentiels dont la tonalité est expérimentale et enfin Hammamet Urban Days pour le street art. Cette structuration bien conçue a été renforcée par la division du festival en semaines thématiques sous les signes successifs de la fraîcheur, l'euphorie, la curiosité et l'amour. Du coup - et sans coût aucun -, le festival porte des habits neufs et se présente différemment, dans une tonalité plus dynamique. De mémoire d'observateur, on a jamais fait aussi bien et dans un esprit novateur depuis la direction de Lassaad Ben Abdallah. En tous cas, cette session nous sort de l'impression catastrophique laissée par le directeur précédent, Kamel Ferjani, dont l'incurie a fait des ravages et détruit le capital aussi bien du festival que du centre culturel international devenu une sorte de belle au bois dormant dirigée par un roi fainéant. Heureseument, nous sommes loin de ces errances avec un festival qui aligne la bagatelle de 46 événements diversifiés en près de quarante jours. De la belle ouvrage! La dizaine euphorique commence aujourd'hui Après la dizaine fraiche, place à la dizaine euphorique qui se déroulera du 21 au 31 juillet. Au cours de ce festival dans le festival, Hammamet recevra la très attendue Buika et le tout aussi espérè Ibrahim Maalouf. Le bal se poursuivra avec Khaled et Fatoumata Diawara. N'oublions pas les Algériens d'El Gusto et la pop décalée de Machrou' Leila. N'omettons pas de citer aussi les plateaux doubles avec Yuma et Hindi Zahra puis Bargou 08 et Sabry Mosbah. Un véritable marathon d'une dizaine de jours avec une seule relâche le 25 juillet. Ensuite, le festival se poursuivra avec les dizaines curieuse et amoureuse et le cycle Act now qui se développera du 2 au 15 août parallélement aux Hammamet Urban Days du 8 au 11 août. Un remarquable équilibre se dégage des séquences du festival avec un seul bémol, En effet, il aurait été opportun de distribuer les spectacles gratuits sur la durée du festival alors qu'ils ont été concentrés sur sa première semaine seulement. En tout état de cause, Moez Mrabet fait du bon boulot à Hammamet tout en démontrant que l'on peut mobiliser le public avec une offre culturelle conséquente et des prix étudiés en pensant aux moyens de ce public. Pour l'heure, la seule éclaircie festivalière provient de Hammamet que l'on ne doit pas hésiter à citer en exemple. Populaire, jeune, généreux, ouvert aux expressions alternatives, le festival de Hammamet ne ressemble pas à ce bateau ivre en plein naufrage qu'est devenu le festival de Carthage à cause d'options ridicules, tournant le dos à la culture et au public. C'est du côté de Hammamet que se dessinent actuellement les alternatives qui pourraient sauver les festivals du service public de la médiocrité voire de la faillite morale. Aux responsables d'analyser les nouvelles options qui voient le jour à la Villa Sebastian et d'en tirer les leçons d'avenir.