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Lettre ouverte à Monsieur le ministre de la Santé
Publié dans Le Temps le 06 - 08 - 2016


Professeur en médecine
Monsieur le ministre, je ne doute point de votre honnêteté. Loin de là. Je souhaiterai même vous voir continuer votre travail au sein de la prochaine équipe d'Echahed ou d'un autre Premier ministre. Bien qu'il ait semblé à nos députés voir dans l'honnêteté de notre Lion démissionné une tare, j'ai eu à soutenir par écrit votre action, lorsque j'ai considéré que vous aviez raison. Bien entendu pas toujours. Aucun de nous ne prétend à la perfection; une telle qualité aurait été insupportable pour un homme.
Alors justement je vais vous dire qu'en tant que chirurgien ayant posé des plaques sur une colonne vertébrale en France et ailleurs, et continuant à ce jour à poser des prothèses de tous genres, je ne vous cache pas que je pourrai parfaitement être pris en faute, avec une prothèse périmée, entre autres. Je ne suis pas infaillible. Car la pire erreur d'un homme est de prétendre qu'il n'en commet jamais... Vous aussi donc, avec le respect qui revient à votre rang.
Je pourrai vous détailler les possibilités de cette erreur humaine possible par mille détails. Mais je vais épargner cela aux lecteurs. Car on finit par se brûler en attisant le feu avec son propre sabre. Sachant que le simple technicien de la salle d'opération, peut changer un jour l'étiquette de cette même prothèse... ou mal l'ouvrir...etc. Je vous rassure tout de suite, nous comptons sur la responsabilité et l'éthique de nous tous dans cette salle d'opération. Depuis le Grand Patron jusqu'à la panseuse qui fera tout pour ne pas laisser un rien de poussière. Nous sommes une équipe dont le but est de soigner... Et soigner est un sacerdoce. Vous êtes donc, le ministre du sacerdoce. Fonction particulièrement respectable en raison du devoir de dévouement à l'égard des humains.
Il se trouve qu'en Tunisie, comme pour d'autres pays, soigner présente un autre aspect. Economique celui-là. Nous sommes un pays qui a quelques dix ou vingt ans d'avance en médecine par rapport à d'autres. C'est une chance pour nous et pour nos voisins, car quand un patient d'un pays frère ou ami, vient se soigner ici, il se sent chez lui... Chacun des soignants fera de son mieux... Il se mettra à parler dans sa langue. Aucun autre soignant dans un quelconque autre pays ne le fait. Mais malgré cela, nous nous battons, croyez-moi pour amener cet agent à faire un peu plus. Et nous lui citons l'exemple nippon, coréen, américain... Aucun de nous n'a un jour baissé les bras, ni essayé d'occulter un égoïsme, ni montré une avidité ou une étroitesse d'esprit. Ou alors cela est bien rare. J'en dirai un mot plus loin.
Et j'en viens donc aux véritables mobiles de cette lettre:
J'ai appris par voie de presse que quarante, cinquante, et pour le citoyen lambda qui m'a téléphoné hier soir de Libye, toutes les cliniques de Tunisie seraient fermées pour fautes graves!!!...Eh oui Monsieur le ministre. Et de me demander si je pouvais lui renvoyer son dossier médical afin de partir en Turquie se faire opérer.
Et justement la Turquie!
Voudriez-vous qu'on en parle?
Jamais, au grand jamais un quelconque responsable turc n'aurait présenté une telle affaire sur une quelconque chaine de télévision ou sur un journal de la place. Dans les années 90, ce pays importait toutes ses prothèses médicales... Aujourd'hui c'est l'Europe entière qui importe des produits turcs. Pensez-vous que nous ne trouvons point de défauts de fabrication dans ce que nous importons de ce pays ou d'ailleurs? J'ai apporté la preuve à un fabricant suisse très célèbre, qu'une certaine pièce posée à même un malade avait comporté un défaut majeur invisible jusqu'au jour où ce matériel a cassé. Ce fabricant s'est simplement plié au paiement de tous préjudices subis. Sans autre forme de procès. En catimini. A propos, un jour je vous dirai pourquoi nous continuons à importer le matériel que nous sommes capables de fabriquer et d'exporter...
Bien sûr Monsieur le ministre, que la jalousie de certaines structures hospitalières fera crier au loup, multiplier au centuple cette erreur, cette faute. Pensant grandir quand le concurrent tombe. Des médecins aussi vont démultiplier la chose. La citer en exemple à leurs clients, à leurs collègues. C'est tristement humain. Depuis l'Epopée de Gilgamesh jusques nos jours, l'homme porte dans ses gènes de la haine, de la jalousie. Les maladies que l'on cache ne seraient-elles pas les plus âpres à soigner ?
Faut-il être constamment aveugle ou ivre pour ne rien voir de tout cela? Ce n'est point votre rôle, je sais. Je comprends même que dans le cas où vous taisiez une telle affaire, nombre de députés sauteraient sur votre carcasse pour vous étriper, dépecer, comme ils l'ont fait le jour de la mort du Lion. Il était bien seul, vous-en souvient-il? Vous êtes également seul. Mais savez-vous qu'il y a une plus grande solitude? Celle d'un chirurgien qui opère si bien un malade, qui dispense tout ce qu'il y a d'ordinaire et même d'extraordinaire pour sauver un patient, et qui voit se pointer une grave complication, malgré toutes les précautions requises. Dans ses nuits d'insomnie, il se posera toujours la question : pourquoi moi ? Pourquoi mon malade? Il donnerait tout et plus pour revenir à la phase d'avant. Un sursis en quelque sorte. Mais rien n'y fait. Il est seul face à sa complication, à la paralysie, au décès... Cela va lui coûter énormément. Alors qu'il n'en est nullement responsable. C'est ce que l'on appelle la malchance. Mais peut-on toujours éviter cette balle perdue de venir atterrir dans votre poitrine ?
D'aucuns diront que cette lettre ne fait qu'étendre la tache d'huile. Je dirai qu'il nous arrive, nous chirurgiens, de parer et débrider une plaie infectée, donc de l'agrandir, pour mieux la soigner. L'une des contradictions de ce temps, où beaucoup de repères s'en sont trouvés perdus. Et c'est sans doute le but avoué de ce que je vous écris ouvertement.
Je suis persuadé que vous avez agi de bonne foi. Mais n'eut-il pas été préférable, de chercher d'abord, et puis sanctionner un coupable certain. Et même si les torts sont partagés, les sanctions ne le seront jamais... Le problème est que pour le moment, ce ne sont pas les cinquante cliniques de Tunisie dont les noms figurent sur Facebook, avec des partages à n'en plus finir, dans le monde entier, mais toutes les cliniques de Tunisie, tous les médecins, tout le système de santé qui est sanctionné... Le tourisme médical compris... J'aurais tant souhaité que vous preniez-vous-même ce coupable ou ces coupables, vous verrez en fin de compte, il n'y aura qu'une petite poignée de véritables coupables, que vous les empêchiez de faire si mal à l'éthique médicale, à l'honneur et à l'économie vacillante de notre pays. Et je rassure quant à moi tous ceux qui s'adressent à nous pour se faire soigner qu'il s'est agi d'une erreur, et que le ministère avait souhaité, non pas offrir ces cliniques en pâture, mais donner l'exemple de la transparence de la clarté qui prévalent après cette foutue de Révolution, quitte à en payer le prix. Mais quel prix ?


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