BCE et le palais présidentiel ont donné suffisamment de temps au temps avec un premier « round » de consultations sur le « Pacte de Carthage » censé avoir balisé la voie au futur chef du gouvernement et lui ont donné une certaine aisance pour former une équipe fonctionnelle et crédible. Mais, c'est bien là où tout le monde attend l'homme désigné, M. Youssef Chahed, qui doit composer avec une classe politique et syndicale en ébullition, où les mandatés des partis, des organisations nationales de masses et les électrons libres qui roulent pour leur propre « compte-carrière » cherchent « leur part » de gouvernement et leur part d'Etat et d'influence. A chacun son « agenda ». Les uns jouent le moyen et le long terme pour un contrôle « Erdoganien » de la société et du pouvoir en Tunisie... j'ai nommé les islamistes et leur centrale « Ennahdha ». Les autres tentent de réapprivoiser le temps et l'espace perdus du fait de fractures et de luttes intestines absolument surréalistes, alors que le peuple votant leur a donné une manne majoritaire inespérée, qu'ils n'ont pas su préserver, j'ai nommé « Nida Tounès » et ses différentes sensibilités qui jouent et joueront gros aux prochains rendez-vous électoraux, s'ils n'arrivent pas à sortir des impasses où ils se sont installés depuis un certain « congrès de Sousse ». Les partis périphériques complémentaires des grosses cylindrées, tentent de préserver les acquis risquent de payer les frais d'une usure du pouvoir avec leur participation au gouvernement « Essid » et s'accrochent à sauver les meubles pour ne pas subir le même destin qu'Ettakatol et le CPR avec l'extinction de la « sainte » Troïka. Quant à ceux qui se sont alignés pour la première fois au Pacte de Carthage, ils hésitent entre « l'être » ou ne pas « être » dans ce gouvernement, de peur de perdre d'une part cette « virginité » doctrinale qui les maintient en vie sur la scène politique, ou de rater l'occasion historique qui ne sera pas forcément répétitive et renouvelée en refusant les portefeuilles qui leur sont offerts par M. Chahed et derrière lui la Présidence de la République. Pour le reste, aussi bien l'UGTT que l'UTICA, ils jouent « gagnant-gagnant » du fait de leurs permanences et de leurs poids réels dans les domaines économiques et sociaux, qui leur permettent une forte mobilisation auprès des classes moyennes et ouvrières. Par conséquent, M. Chahed doit composer avec tout cela, tout en envoyant des signaux clairs au peuple tunisien qui s'en fout, à la limite, de tous les plans de « carrière » gouvernementale, des uns et des autres, pourvu que ça serve l'intérêt général et le déblocage de cette crise aiguë, jamais vécue avec autant d'intensité depuis l'indépendance. Autre exigence de taille... le temps presse et la rentrée politique économique et scolaire pointe. Le budget 2017 doit être ficelé. Les plans d'investissements n'attendent pas si on veut réussir le grand rendez-vous du monde financier et des affaires prévu en novembre prochain à Tunis. Or, il ne reste que deux mois pour l'engager dans des options optimales de réussite, car l'avenir de la Tunisie et sa stabilité en dépendent. Par conséquent, la sagesse de Talleyrand du « allons doucement, je suis pressé... » n'est pas la bonne recette pour M. Chahed. A notre humble avis, il doit prendre le taureau, par les cornes en faisant le choix des hommes capables de dégripper la machine et remettre la Tunisie en marche. Pour cela, un petit conseil... qu'il ait à l'esprit le fameux adage populaire : « Irdhaou Innès (kol ennes), ghayaton la toudrak » (Satisfaire tout le monde relève de l'impossible) et à l'impossible, nul n'est tenu, disaient nos profs de la fac. de Droit. Alors... ! Si Chahed, courage, donnez-nous ce gouvernement et vite... au boulot ! K.G