Un Américain à Paris, ça la fait. Un Américain à Jendouba, ne peut que faire tâche dans le paysage. Il pourrait jurer ses grands dieux qu'il est en villégiature, qu'il est attiré comme un aimant par le pittoresque, et que les chemins de traverse le tentent plus qu'à son compte, personne ne le croira. Raison de plus s'ils sont deux. Ça nous rappelle un peu l'histoire du Belge avec son container. Mais ce n'est pas une histoire belge. D'ailleurs, si on y regardait à deux fois, l'on se rendra compte qu'elle ne prête pas du tout à rire. Tout au plus, à se poser des questions sur la vanité des choses ici-bas, en langage diplomatique, avant d'ouvrir une parenthèse car il n'est pas question de la fermer aussitôt. Question simple: arrêtés à Jendouba pour suspicion de terrorisme, ensuite relâché à Tunis, et gardés à disposition -mais libres!- pour l'enquête, qu'est-ce à dire? Alors, la première fois ils sont coupables, la fois d'après, quasi blancs comme neige; ou presque, puisqu'ils sont lâchés dans la nature. Avec ou sans surveillance: cela ne change rien à la donne. Les instances sécuritaires ont beau se fendre, de leur côté, d'un communiqué, censé être assez explicite sur les raisons de leur relâchement, quand du côté de l'Amérique également, des échos, aux antipodes, parviennent à point nommé , pour confirmer, soi dit en passant, la dangerosité de ces sires, qui appartiennent à la même fratrie, et dont l'un serait marié à une Tunisienne qui revient de Syrie, il y a comme une dissonance qui plane dans l'air. Du sable, qui fuit dans la main. Une faille. Cela arrive aussi, de temps en temps. Un lézard se prélasse au soleil. Quoi de plus naturel? Il est invisible, parce qu'il ne se cache pas. Pour le reste, on ne vous promet rien. Exfiltrez.