L'agriculture est l'un des piliers de la croissance économique en Tunisie, vu son importance stratégique sur les plans de la sécurité alimentaire, de l'emploi, de l'exportation et de l'environnement. La contribution du secteur agricole au PIB n'était jamais stable parce que très influencée par la pluviométrie et les conditions climatiques. Dans un environnement de crise économique aigue, manifestée par une baisse considérable du rythme de croissance, tous les compartiments de l'économie tunisienne doivent répondre aux attentes et permettre de faire face à la crise. Depuis des années, l'agriculture tunisienne connaît des hauts et des bas. La production des principaux produits agricoles n'enregistre pas une ligne haussière. Cette situation a mis plusieurs défis en doute tel que l'exportation et la sécurité alimentaire. Coup d'éclairage sur un secteur qui est appelé à faire plus. Une importance relative dans l'économie nationale : La contribution du secteur de l'agriculture et de la pêche à l'économie nationale n'était jamais stable sur une longue période. La contribution de ce secteur au prix courant est passée de -3.5% en 2005 à 9.4% en 2006 pour atteindre 3.5% en 2008. 21% des emplois sont dans l'agriculture et la pêche.
Une balance commerciale dans le rouge : Selon les derniers chiffres de l'Observatoire National sur l'Agriculture (ONAGRI) le déficit de la balance commerciale agricole ne cesse de se creuser. En effet, ce déficit s'est établi à 749 MD en 2008 contre un déficit de 425 MD en 2007 et un excédent de 277 MD en 2006. Le taux de couverture a été de 71% contre 79% en 2007 et 121% en 2006. Les exportations ont évolué de 15 % par rapport à 2007 et de 16 % par rapport à 2006. Parallèlement, les importations ont augmenté de 27 % par rapport à 2007 et de 97 % par rapport à l'année 2006. Les exportations des produits agroalimentaires ont représenté en 2008 7.8% des exportations totales du pays contre 8.3% en 2007 et 10.3% en 2006.
Des productions et des superficies en baisse : La production agricole la plus importante en Tunisie, et qui est considérée comme un outil de sécurité alimentaire est sans doute la production des céréales. Les chiffres du Ministère de l'agriculture et des Ressources Hydrauliques sont plus qu'alarmants et à plus d'un titre. En effet on enregistre une baisse considérable dans les productions, les superficies et les rendements. Céréales
Superficie(en 100ha) Production en 1000qx Rendement en qx/ha
Il ressort du tableau ci-après que la récolte 2007-2008 était la plus mauvaise sur tous les niveaux. La tendance est baissière depuis 2003 ce qui pose beaucoup de questions autour de la stratégie agricole en Tunisie. Le président de la République a annoncé plusieurs mesures importantes pour soutenir ce secteur, avec des rééchelonnements de dettes, des augmentations dans les prix, des augmentations dans les superficies agricoles, ….C'est le secteur qui a bénéficié de plus d'aides et de soutien parce qu'il est stratégique, or le résultat même, s'il faut encore l'attendre, ne donne pas de signes d'existence. La production céréalière n'est pas la seule à connaître ce sort durant les dernières années. Plusieurs productions agricoles affichent des tendances à la baisse très inquiétantes : - La production de tabac brut est passée de 4000 tonnes en 2006 à 2500 tonnes en 2008, - La production d'Alfa est passée de 37.1 mille tonnes en 2005 à 25 mille tonnes en 2008, - La production de raisin de table est passée de 41 mille tonnes en 2006 à 20 mille tonnes en 2007, - La production d'huiles d'olive est aussi en baisse passant de 210 mille tonnes pour la récolte 2005-2006 à 150 mille tonnes pour la récolte 2008-2009. D'autres productions agricoles maintiennent aussi le cap et connaissent des évolutions considérables. Plusieurs de ces produits sont de première nécessité pour la consommation des ménages tunisiens. On retrouve par exemple: - La production des agrumes qui est passée de 247 mille tonnes en 2006 à 300 milles tonnes pour la saison 2008-2009, - La production de pomme de terre qui est passée de 310 mille tonnes en 2005 à 370 mille tonnes en 2008. Or les dernières semaines ont connu une défaillance au niveau de l'approvisionnement du marché local, ce qui a poussé les responsables à importer 2500 tonnes pour l'équilibrer. - La production de piment qui est passée de 256 milles tonnes en 2005 à 280 mille tonnes en 2008, - La production de viande (bovine, ovine, caprine et volaille) qui est passée de 230 mille tonnes en 2006 à 253 mille tonnes en 2008, - La production de lait frais qui est passée de 864 mille tonnes en 2004 à 1 million 46 mille tonnes en 2008, et malgré tout on enregistre quelques perturbations dans l'approvisionnement surtout en périodes de pic de consommation. La production agricole connaît ces dernières années des hauts et des bas qui affirment que ce secteur est très vulnérable aux conditions climatiques, et au rythme de consommation des ménages tunisiens. Or une bonne stratégie agricole doit s'orienter vers une production qui satisfait le marché local et qui exporte, surtout que le potentiel à l'exportation est très énorme.
Passer de l'agriculture assistée à l'agriculture scientifique : Le secteur agricole en Tunisie a toujours bénéficié de soutien et de mesures présidentielles importantes, surtout en période de sècheresse, ce qui lui confie le statut de « secteur assisté ». Les raisons de cette assistance sont d'ordre économique et social. Or jusqu'à quand ce secteur serarécemment, une politique d'exportation bien claire, une stratégie d'amélioration du secteur des services, mais la stratégie nationale agricole semble être dans l'ombre vu les chiffres de la production agricole.