Lors d'un petit-déjeuner débat sous le thème: «L'innovation au sein de l'entreprise, pour se maintenir et conquérir de nouveaux marchés», organisé par la Chambre Nationale des Femmes-Chefs d'Enterprises (CNFCE), «l'Expert» a eu l'occasion d'avoir plus de détails sur ce domaine en intervenant M. Philippe Lotz, Chef de la composante innovation à la GTZ. – On commence par la GTZ, pouvez-vous nous la présenter? – C'est une coopération allemande qui a pour mission de promouvoir le développement politique, économique, écologique et social partout dans le monde, d'une part, et d'améliorer les conditions de vie des populations concernées, d'autre part. Quant à notre mission en Tunisie, elle est sous forme d'un Programme d'Appui à l'Entrepreneuriat et à l'Innovation (PAEI). On est présent surtout à Tunis, Béja, Sfax et Sousse.
– Quelle est la définition du terme: «innovation» au sein de l'entreprise? – C'est la mise sur le marché avec succès d'un produit, d'un procédé par une méthode marketing ou organisationnelle ayant un caractère nouveau ou représentant une amélioration moyenne par rapport à l'existant (d'après le Manuel d'Oslo, 2005). C'est un pilier de la stratégie d'entreprise, et ce, par le biais de la mise en place un système de veille, de partager l'information, de créer une synergie partenariale et d'accorder une place importante au client.
– Quels sont les différents types d'innovation? – On peut citer «l'innovation produit» qui correspond aux biens et aux services. Il y a aussi «l'innovation procédé» qui est une introduction d'une méthode de production, de fourniture de services ou de livraison de produits nouveaux. L'autre type d'innovation c'est «l'innovation marketing». C'est la mise en œuvre d'une nouvelle méthode de ventes impliquant des changements majeurs dans plusieurs domaines. Enfin, nous avons «l'innovation organisationnelle».
– Pourquoi le recours à l'innovation au sein de l'entreprise? – On est censé d'innover pour de multiples objectifs à savoir : ▪ Un meilleur positionnement sur le marché et un avantage concurrentiel. ▪ Pour réduire les coûts. ▪ Pour intégrer de nouvelles techniques ou méthodes. ▪ Pour enrichir les connaissances et les valoriser. ▪ Pour s'ouvrir à l'extérieur. ▪ Pour ne pas subir mais être plutôt proactif.
– Quelles sont les spécificités de la petite et moyenne entreprise tunisienne? – Généralement, les PME tunisiennes sont de type familial, leur pouvoir de décision est toujours centralisé et la vision stratégique est absente. Leur marketing est réduit au seul support des ventes lorsqu'il existe. Elles souffrent de manque de communication en interne et vers l'extérieur et d'une absence de véritable gestion des ressources humaines.
– Suite à ces défaillances, quels sont les obstacles et les freins à l'introduction et management de l'innovation au sein des PME tunisienne? – Les PME en Tunisie montrent une faible motivation et un manque d'implication de la direction générale. Leur esprit d'équipe est non développé et leurs réticences sont parfois poussées à l'extrême. Quant à la communication, on remarque un manque flagrant, dans ce domaine.
– D'après vous, quelle solution doit-on adopter? – Pour abattre les barrières de l'innovation, il est évident de convaincre la direction générale de l'intérêt de l'innovation et de l'utilité de la démarche, d'instaurer un climat de confiance, de mettre en œuvre une politique de communication et de motiver, de même, les acteurs et les amener à collaborer ensemble.
– Le mot de la fin? – L'innovation n'est pas une nécessité pour la PME, c'est une obligation. Elle est un ensemble de créativité, de réactivité et d'une culture organisationnelle.