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Tunisie : Retour à la case départ ?
Publié dans L'expert le 19 - 06 - 2012

S'étant classée première force politique aux élections du 23 octobre 2011 en obtenant 37% des voix, Ennahdha a procédé à de savants calculs pour s'accaparer de toutes les sphères de la vie politique et sociale, et étouffer à petites doses les formations politiques qui se sont empressées de la rejoindre au pouvoir, sous prétexte de constituer un contre-pouvoir.
Toujours est-il que les élections en vue de former une assemblée constituante se sont métamorphosées miraculeusement en une opportunité pour former un gouvernement et nommer un président. La constituante, et la préparation d'un meilleur avenir pour le pays, semblaient alors passer au second plan.
Acte 1 : S'accaparer insidieusement du pouvoir
Profitant d'une alliance de circonstance – auparavant inimaginable – avec des partis s'étant proclamés séculiers et ayant mené une campagne en faveur des libertés et de la justice, et tablant sur les désirs refoulés, ou inavoués, de certains politiciens d'intégrer la caste des gouvernants, quel qu'en soit le prix, Ennahdha a bien pris soin d'offrir des nominations souvent sans grand pouvoir et sans prérogatives significatives et a réussi à s'accaparer de l'appareil de l'Etat, celui qui pèse lourd, sans même disposer des expertises nécessaires pour le faire fonctionner adéquatement. Mais qu'importe, Ennahdha se targue de disposer d'une majorité, avec l'aide de ses alliés de circonstance, pour décider ce qu'elle veut, le plus souvent sans même consulter ses partenaires.

Acte 2 : Eliminer en douceur toute tentative de formation d'une réelle force centriste
Partenaires, qui, au final, se sont révélés de bons serviteurs, dociles et obéissants, au point de se précipiter à défendre le gouvernement avant même de songer à se défendre eux-mêmes, et encore moins les idées qui les ont fait élire. Que ce soit sur la question de la sécurité publique, de l'orientation gouvernementale et même de la construction de l'état civil, pierre angulaire de la vision politique de toute démocratie moderne, les partenaires d'Ennahdha ont manifesté une soumission totale et démissionné de leurs longs combats afin de plaire aux nouveaux maîtres du pouvoir. Il semble qu'il se trouvera toujours des politiciens prêts à tout sacrifier pour une éphémère, et parfois humiliante, carrière.
Sans trop d'efforts et avec la complicité de certains responsables de ses partenaires, Ennahdha a réussi à phagocyter les formations alliées et à faire fuir leurs adhérents et sympathisants en étouffant dans l'œuf toute possibilité de formation d'un vrai front centriste élargi et séculier susceptible de constituer une troisième voie pour le pays. Un pays qui a tant souffert des dictatures et qui s'achemine vers l'imposition d'une vision unique du nouveau pouvoir en place, qui fait avancer ses pions doucement mais sûrement. Le rêve de liberté dans une véritable démocratie moderne de nombreux militants et citoyens s'est transformé en déception profonde, voire même un cauchemar, dont on ne connaît pas encore la suite ni la fin.

Acte 3 : Liquider toute autre force concurrente
Finalement, pour le parti islamiste, il ne reste plus qu'à contenir ce qui reste du régime déchu, qui représente encore une éventuelle force concurrente. La tactique se révèle simple. Parmi les ex-membres de l'ancien régime, il y a assez d'individus à corrompre d'une manière ou d'une autre, prêts à servir leurs nouveaux maîtres. Ennahdha a donc incorporé un bon nombre de ceux-là dans les cercles du pouvoir actuel afin, d'une part, d'enrayer leur capacité de nuire et, d'autre part, de profiter de leur savoir-faire, notamment en matière de confiscation du pouvoir et de manipulation des masses. La tactique a déjà bien fonctionné, et le pouvoir continue à harceler ceux qui ne lui obéissent pas encore dans l'administration, dans sa volonté de mettre tout le monde au pas.
Ceux qui ne jouent pas le jeu du nouveau pouvoir sont régulièrement la cible d'attaques par tous les moyens. Faute de les corrompre au profit des gouvernants actuels, les services de propagande d'Ennahdha s'attaquent par exemple à ceux qui se réclament du destour, en exhibant leur passé lointain ou proche dans le but de leur couper tout possibilité de retour sur la scène politique. Adversaires redoutables, plusieurs d'entre eux ont en effet une grande expérience du pouvoir et des contacts prestigieux et utiles à l'échelle internationale, attributs dont Ennahdha ne dispose pas. Une stratégie s'impose : pas de différence entre ces anciens, les corrompus et ceux qui sont compétents et intègres, l'enjeu est de leur barrer la route du retour à tout prix.

Epilogue : le retour à une binarité coutumière
Comme toute action se traduit par une réaction, les destouriens s'organisent de plus en plus et activent leurs réseaux et leurs expertises en vue d'un retour triomphal et sous une bannière démocratique de leur projet moderniste en Tunisie. Dans le contexte actuel, il n'est pas étonnant de voir de plus en plus de citoyens réclamer le retour de ceux qui ont géré le pays par le passé, dans l'espoir qu'ils soient en mesure de résoudre leurs problèmes et de rétablir la sécurité dans le pays, ce que le gouvernement actuel, d'évidence, ne réussit pas à réaliser.
Résultat de tout ce processus, il ne reste plus au peuple que la vieille antienne : ou bien les islamistes, ou bien ceux des anciens pouvoirs. C'était le slogan binaire et manichéen dont on nous a longuement gargarisé pour maintenir un statu quo qui s'est révélé suicidaire pour le pays. Mais cette fois-ci ce serait à l'envers.

À moins que les prochaines élections, si elles ont lieu, changent la donne et permettent une véritable reconfiguration plus équilibrée du paysage politique.

Ali Guidara : Conseiller scientifique, chercheur en analyse de politique publique.


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