Nous savons qu'Israël manie à merveille l'art de souffler le chaud et le froid. Aujourd'hui, une affirmation agressive et, même, carrément belliqueuse, demain une autre tranquillisante et, même, lénifiante. Le tout sans état d'âme, l'essentiel étant de faire asseoir l'ennemi entre deux chaises, de sorte qu'il soit comme ankylosé, n'osant entreprendre quoi que ce soit de positif. Oyez l'exemple suivant: «Notre message doit être clair à Assad. La prochaine guerre non seulement tu la perdras mais tu perdras aussi le pouvoir, toi et ta famille». C'est le sinistre Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères, qui s'adresse au président Bachar Assad. Il le fait en des termes méprisants rarement pratiqués dans des situations conflictuelles. Comme si il voulait faire montre de la forte réalité de ses intentions guerrières, le tutoiement servant ici à montrer l'appartenance de l'interlocuteur à la classe des vaincus. Au même moment, Netanyahu se pare de l'habit de l'homme prédisposé au dialogue. Selon lui, Israël serait prêt à se rendre n'importe où pour négocier avec la Syrie sans conditions préalables. Appréciez cette déclaration. Netanyahu joue sur la corde de la politesse et du respect de l'Autre. La paix semble plus que jamais à portée de la main. On tend la main à l'homme qui nous veut du mal. Le bâton et la carotte, on n'a pas trouvé mieux pour faire marcher Maître Aliboron. Alternativement l'un ou l'autre des deux traitements. On menace tantôt, on amadoue tantôt. On n'a pas trouvé mieux? On a déniché une formule plus pernicieuse encore. C'est de mener simultanément le traitement. Au même moment, Avigdor et Benyamine se fondent sur deux déclarations aux antipodes l'une de l'autre. C'est imparable. Bravo aux deux géniaux acteurs!