Le 21 février 2014 marque le 81ème anniversaire d'une immense artiste inclassable qui a su hypnotiser le grand public par sa voix talentueuse, pleine d'émotions sincères et nourrie par la souffrance et la haine de toute une race digne de respect. Malheureusement, la star nous a quittés le 21 Avril 2003 à l'âge de 70 ans. Alors qui est cette vedette ? Cette chronique est un hommage à une femme militante, artiste afro-américaine, chanteuse de Jazz et blueseuse de charme. Il s'agit d'Eunice Kathleen Waymon. Certains ne vont pas reconnaitre ce nom. C'est tout simplement parce qu'elle est connue comme Nina Simone. Nina parce qu'un amant latino américain l'appelait niña (fille en espagnol) et Simone par admiration de Simone Signoret. Commençons par tous les échecs et les épreuves douloureuses qu'elle a subis tout au long de sa vie et qui ont fait d'elle la Grande Prêtresse de la Soul. Née en 1933 à Tyron en Caroline du Nord, Nina Simone a grandi au sein d'une communauté noire marginalisée, victime de l'esclavage, de la ségrégation raciale et de la discrimination dans une Amérique ultra conservatrice des années 1950-1960. Ce qui l'a rendu une figure emblématique des droits civiques et une militante active de la cause noire aux Etats-Unis. En effet, elle a fréquenté Martin Luther King, Stokely Carmichael, Rosa Parks, Jimmy Baldwin, Langston Hughes et Lorraine Hansberry. Elle a également protesté contre la guerre du Vietnam et le déni des droits civils à travers la chanson « Backlash Blues ». Par ailleurs, elle a écrit « Mississippi Goddam » en réponse à l'assassinat de Medgar Evers et le bombardement de l'église de Birmingham en Alabama et qui a tué quatre enfants comme elle a écrit « Why the king of the love is dead ? » après l'assassinat de Luther King. D'autres chansons de Nina Simone adoptées par le mouvement des droits civiques comme hymnes inclus «Old Jim Crow », « Quatre femmes » qui est devenue un hymne féministe et « To Be Young, Gifted et noir ». Ce dernier a été composé en l'honneur de son amie Lorraine Hansberry et est devenue un slogan de la jeunesse afro-américaine à l'aube des années contestataires « Dites-le clairement, dites-le fort, je suis noir et j'en suis fier! ». Son engagement pour la cause noire est allé jusqu'à adopter les principes du « Black Power » édictés dans le manifeste de Stokely Carmichael « Seule la violence fera avancer la cause ».
Eunice a subi d'autres épreuves atroces, qui ont bouleversé toute sa vie, comme son refus du Curtis Institute de Philadelphie et son refus de Julliard School of Music de New York malgré qu'elle était prodige. Côté sentimental, le manque de bonheur a régné toute sa vie : un premier divorce de Don Ross puis elle a épousé Andrew Stroud, un ancien détective de la police qui est devenu son agent d'enregistrement, et qu'il a battu toute la nuit de leurs fiançailles. Et bien évidemment, leur mariage a pris fin par un divorce en 1972.
Dés son jeune âge, Nina était une femme rebelle et imprévisible. En effet, en 1944 et à l'âge de 12 ans, à l'occasion d'une audition, ses parents ayant été relégués à l'arrière de la salle, elle a refusé de jouer tant que ceux-ci ne réintégreraient pas les premiers rangs, ceux réservés aux Blancs. Parfois, elle s'est même montrée violente comme au début des années 80 elle a traité les journalistes de porcs et de profiteurs avant de quitter la scène. Ces souffrances, ces troubles et son désordre mental n'ont pas empêché une telle femme d'apposer une empreinte d'originalité dans l'histoire de la musique en étant la Première femme à remporter le Prix de la Culture Jazz et "Femme de l'année" en 1966.