L'Agence de notation américaine Standard and Poor's (S&P) a abaissé hier de deux crans la note de la dette à long terme de la Tunisie à «BB» avec perspective stable. S&P classe la Tunisie dans la catégorie des emprunteurs spéculatifs, entrainant un renchérissement de la prime de risque des emprunts souverains tunisiens sur les marchés internationaux. «S&P estime notamment que le gouvernement de transition, en place depuis décembre 2011, n'est pas en mesure de redresser suffisamment l'économie», précise un communiqué de l'Agence en indiquant que la baisse des recettes touristiques et un creusement du déficit commercial ont conduit à une position de liquidité extérieure plus faible, combinée à une augmentation à court terme de la dette extérieure. Le ministre des Finances, Houcine Dimassi rejette cette appréciation de S&P : «La décision d'abaisser la note de la dette à long terme de la Tunisie par S&P est basée en grande partie sur des critères relatifs à la faible visibilité politique». Le ministre défend le bilan du gouvernement provisoire en précisant que «certains indicateurs économiques du pays, enregistrés au cours des premiers mois de 2012, ont connu une évolution remarquable, par rapport à la même période de l'année écoulée». S&P ne prévoit pas une forte reprise de l'activité économique tunisienne en raison du la crise de la zone euro, principal investisseur, émetteur de touristes et importateur de produits tunisiens. L'aggravation du taux de chômage à plus de 18% soulève aussi des inquiétudes. Sur le plan politique, l'approbation par referendum du projet de constitution et l'organisation d'élections législatives (prévue pour plus tard, en juin 2013) devrait permettre de donner plus de visibilité et d'assise institutionnelle pour la définition et le pilotage de la politique économique. Ces mesures pourraient amener S&P à améliorer le classement de la dette tunisienne.