Les dernières déclarations d'un membre du Syndicat des forces de l'ordre, à propos de l'existence des camps d'entraînement de groupes salafistes dans les forêts et les montagnes, ont suscité plusieurs polémiques. Dans ce contexte, plusieurs responsables dans le Gouvernement ont catégoriquement démenti ces informations et ont affirmé que les forces de l'ordre et de l'armée font des opérations de ratissage et de contrôle quotidiens des forêts, des montagnes, et même des grottes. Ils ont également indiqué que ces déclarations visent à entraver le travail du Gouvernement au moment où il cherche à rétablir la sécurité. Ali Laarayedh, ministre de l'Intérieur a nié, quant à lui, ces informations et a indiqué que les forces de sécurité spéciales ne détiennent pas d'informations sur la présence de groupes, indépendamment de leur appartenance, dans les forêts et les montagnes. Et les responsables du Gouvernement avaient raison ! En effet, ces groupes ne s'entraînent pas dans les montagnes et les forêts mais plutôt dans des locaux couverts et loin des yeux. Ces bâtiments ne sont pas loin des zones urbaines et ne sont pas des salles de sport mais des locaux appartenant à l'Etat et à la municipalité et situés au cœur de certaines villes. A Ez -zahra, une ville côtière de la banlieue de Tunis située à six kilomètres au sud de la capitale, et plus précisément à l'Avenue 7 novembre auparavant (plus connue sous le nom d'Avenue Ennakhil), un groupe de salafistes a pris le contrôle de presque toute l'Avenue. Sur l'avenue Ennakhil on trouve la mosquée « Asafaa » (quiétude), le siège du local du RCD dissous, une salle de fêtes baptisée salle « Asafaa » et le jardin public ; tous ces biens publics sont désormais sous le contrôle des salafistes. Ils ont fixé leur fanion au dessus de la mosquée, se sont emparés du local du RCD dissous le transformant en salle entraînement. Quelques modifications ont été apportées à l'édifice par le rehaussement des murs extérieurs pour être à l'abri des regards des curieux. La salle de fêtes est en phase de réaménagement pour devenir une école Coranique. Parfois, après la prière du vendredi, les salafistes se rassemblent dans le jardin public, à côté de la mosquée et apportent des chaises et des hauts parleurs et entament une série de cours de théologie, de jurisprudence et d'Islam. Ces meetings sont ouverts au public avec séparation entre hommes et femmes. Ce qui intrigue ici est que ces locaux sont des propriétés de l'Etat et la municipalité devrait être au courant de ces dépassements. De quel droit alors, ces salafistes prennent le contrôle du siège de RCD dissous et de la salle de fêtes et les transforment en propriétés privées? Ces personnes là sont-elles au-dessus de la loi? Ont-elles des privilèges que les autres Tunisiens n'ont pas? Toutes les municipalités de la Tunisie, rappelle-t-on, ont expulsé dans les rues et par usage de la force, les familles nécessiteuses, qui ont pris les sièges du RCD dissous comme abri après la Révolution. Hamadi Jebali, chef du Gouvernement, n'a-t-il pas confirmé dans un récent discours en parlant des parties appartenant au courant salafiste que « la loi sera appliquée puisque l'accumulation des infractions et de violations de la souveraineté de l'Etat a atteint un stade qu'on ne peut plus tolérer » ? Mais quand le Gouvernement passera-t-il des paroles à l'action?