Basma Khalfaoui, la veuve de Chokri Belaïd, a donné une interview au journal Le Monde dans sa livraison du 16 février, où elle a exposé son point de vue du drame qui a secoué aussi bien sa famille que toute la Tunisie et au-delà même, toute la communauté internationale. Basma n'a pas mâché ses mots et n'a surtout pas été tendre avec les gouvernants du pays. Elle a, tout bonnement déclaré « Le gouvernement et Ennahda sont responsables du meurtre de mon mari ». Les journalistes du Monde étaient épatés devant cette femme qui trouve, dans tout ce qu'elle traverse la force de déclarer : « Cet assassinat donne beaucoup d'espoir » (Le Monde 16 février 2013) Voici quelques extraits de l'interview : « J'étais à la maison, je préparais les filles pour aller à l'école. Chokri a pris son café, il est sorti normalement pour se rendre au parti. Puis j'ai entendu les coups de feu, je suis allée sur le balcon. Le camarade qui l'accompagnait hurlait : « Besma ! Besma ! Viens ! » Je suis descendue. Je n'ai pas touché Chokri, j'ai interpellé quelqu'un, le concierge peut-être, je ne sais plus, pour lui demander d'appeler une ambulance. Je voulais être efficace ». « Le gouvernement et le parti Ennahda sont politiquement responsables du meurtre de mon mari, en ayant laissé se développer la violence dans la société tunisienne, en la banalisant même, comme si ce n'était rien du tout ». « Chokri était menacé. Il ne me disait pas tout, mais j'ai moi-même entendu sur Facebook des appels au meurtre dans quelques mosquées, il a été accusé d'être derrière les mouvements sociaux. Chokri prenait ses précautions, il se déplaçait avec ses neveux, mais pas plus que ça. Il y a deux mois, il a changé d'attitude : le parti lui a mis à disposition une voiture et un camarade ». « Je tiendrai bon, mais je suis tellement fatiguée »... Interview conduite par : Isabelle Mandraud (Le Monde ; 16 février 2013)