Tout devient anarchique et non réglementaire, et non réglementé, en Tunisie depuis la révolution bénie. Désormais, n'importe qui peut vendre n'importe quoi, n'importe où, sans autorisation ni patente. Désormais, n'importe qui peut bâtir n'importe quoi, n'importe où, en toute impunité, même sur le domaine de l'Etat. Et le comble, grâce, toujours, à la révolution bénie, ces hors la loi, ne s'en cachent pas, mais poussent le culot jusqu'à revendiquer leur droit à l'exercice illégal de tel ou tel métier, ou à la construction où ils veulent, de tel ou tel édifice... Faute de quoi, ils menacent de se mettre le feu au corps. Jusque là, rien d'anormal, quand on prend en considération les effets bénéfiques de notre révolution bénie, dont essentiellement, la liberté d'expression et d'action, à laquelle on a collé, grâce, toujours, à notre révolution bénie, le synonyme d'anarchie. Mais là où çà commence à devenir grave, voire dangereux, c'est quand cette anarchie et ce mépris des lois commencent à flirter avec notre santé et celle de nos enfants. Car cet état d'esprit et cette rébellion commencent à envahir et intéresser certaines spécialités, disons... médicales ! Et certains de nos « toubibs » se permettent de se prétendre spécialistes en quelque branche, sans, pour autant, disposer du diplôme pour. Et c'est le cas de certains dentistes qui, appâtés par la l'attrait du gain facile, voient en l'orthodontie, c'est-à-dire, la réparation des malpositions dentaires, une opportunité à ne pas lâcher, bien qu'ils n'y soient pas qualifiés, et n'hésitent pas à s'auto déclarer orthodontistes, et s'attablent à « triturer » les petites bouches de nos enfants, au risque d'y occasionner des dégâts, parfois, irréparables. Ces dentistes qui s'improvisent orthodontistes, recourent parfois à un subterfuge pour se donner un semblant d'illusion de légalité, en s'inscrivant à des sessions de formation « bâclées », sponsorisées par les fournisseurs de dispositifs d'orthodontie, motivés par l'éventualité de décupler leurs clientèle, et assurées par des formateurs au CV incertain. Alors que la loi considère l'orthodontie comme spécialité universitaire requérant une formation universitaire avec stages pratiques durant quatre ans. Et dans tout çà, ce qui étonne, c'est le silence et l'inertie, au meilleur des cas, louches, de l'autorité de tutelle que sont le ministère de la santé, et le conseil de l'ordre des dentistes de Tunisie. Car il faut dire qu'il y a gros à gagner dans cette affaire, puisque la CNAM a eu l'heureuse idée de rembourser les frais d'orthodontie, pour les enfants de moins de 16 ans, à hauteur de 900 DT, dans l'objectif de réduire l'incidence des dégâts constatés sur l'état bucco-dentaire des jeunes tunisiens. Ce qui fait qu'il y a un bon paquet à attraper. Et c'est, justement, la CNAM qui a commencé à prendre ce problème d'exercice illégal d'une spécialité médicale, à bras le corps. Et ce, tout simplement, en ne remboursant que les soins prodigués par les médecins qualifiés de façon légale, et autorisés par le ministère de tutelle. Ce coup de frein opéré par la CNAM n'a pas été pour plaire à ces contrevenants qui commencent à se dresser sous la houlette d'un syndicat acquis à leur cause, pour annuler cette décision. Or cette décision a été la meilleure chose qui pouvait arriver pour contrer ce dérapage qui menace la santé de nos enfants. Et cette action gagnerait à être confortée par le ministère de la santé, en tant qu'autorité de tutelle, en faisant bouger ses services d'inspection, en vue de sévir contre tous les dentistes qui s'improvisent, illégalement, orthodontistes, en s'alignant sur les listes de la CNAM. Sinon, à ce train, on va bientôt, entendre parler de sages femmes qui s'improvisent gynécologues, ou d'infirmiers qui se prétendent chirurgiens et çà n'en finira plus.