Plusieurs associations qui militent pour la citoyenneté en Tunisie ont organisé ce jeudi le 13 avril 2017 à l'hôtel Africa une conférence de presse afin de rappeler leur position des élections municipales dont la date officielle a été récemment fixée pour le 17 décembre 2017. En effet, les représentants des associations Kolna Tounes, Al Bawsala, ATIDE ainsi que l'association tunisienne de la gouvernance locale (ATGL) ont expliqué qu'il n'est pas question de se lancer dans les élections municipales sans avoir déjà voté la nouvelle loi organisant le travail des municipalités. Dans ce contexte, Moez Bouraoui, président de ATIDE (Association Tunisienne pour l'intégralité et la démocratie des élections) a déclaré : « Notre position est claire et plus, patriotique. Si l'on fait des élections pour les élections, ça serait un échec. Qu'est ce que ça veut dire ? On va faire des élections protocolaires, des élections pour la forme, on va voter afin que certaines personnes occupent des postes... Ce n'est pas acceptable d'un point de vue patriotique... et même du point de vue politique. Et ce n'est pas à quoi aspire aujourd'hui le citoyen tunisien... le citoyen tunisien s'attend à des changements radicaux dans sa vie quotidienne... Nous avons été claires, nous avons dit, pas d'élections municipales avant le vote d'une loi qui organise les municipalités, selon l'article 7 de la constitution en relation avec l'autorité locale. Celui-ci devrait fixer les nouvelles prérogatives des élus et des maires... Ces droits sont garantis par la constitution, mais il semble que certains voudraient nous en priver». Hédi Sraieb Hédi Sraieb, économiste et observateur tunisien, a aussi une opinion bien défini des élections. Dans une interview récente accordée à Humanité.fr, le Dr en économie de développement a qualifié les élections de précipitées. Il a aussi attiré l'attention sur les énormes difficultés financières auxquelles les municipalités font face: « J'avoue que j'ai beaucoup de mal et je suis l'un des rares à avoir dit que c'était précipité… ces élections locales... c'est mettre la charrue avant les bœufs et je m'explique ; de multiples rapports font des analyses régionales et locales et sur les quelques 290 ou un peu plus de localités, y en a près de la moitié qui sont en faillite... A Nabeul ou Mahdia, ce sont des villes qui n'ont absolument aucun moyen de dépasser juste le ramassage des ordures et le paiement de l'électricité... donc on comprend bien aujourd'hui qu'on va organiser des élections de 290 localités et avoir des élus municipaux, mais qui vont travailler sur quoi compte tenu du fait qu'il n'existe aucune fiscalité locale ». Hier encore, des représentants de la société civile actifs au sein des associations en faveur du vote du code des collectivités locales ont été les invités du programme 24/7 sur la chaîne Al Hiwar. Ils étaient tous unanime quand à la nécessité de voter le code avant d'entamer les élections et cela pour pouvoir enfin conférer le plein droit du citoyen tunisien d'être un décideur dans sa région. Aussi, ils ont attiré l'attention sur l'aspect archaïque voire anachronique de la loi en vigueur qui date de 1975. Celle-ci par exemple interdit de dévoiler le contenu des réunions alors qu'on est sensé promouvoir la transparence et la démocratie après la révolution de 2011.