Décidément cette habitude de double, voire de multiple langage, les islamistes d'Ennahdha, ne sont près de l'abandonner. Il faut avouer, aussi, que c'est très pratique, quand on est obligé de mentir et de dire le contraire de ce qu'on pense, ou de ce qu'on aimerait dire. Et c'est d'autant plus facile quand on met en place plusieurs instances, et qu'on fait dire à chacune d'elle une version différente des autres. Et Ennahdha a, en ce moment, plus que jamais, un besoin vital de cette « histoire » de double langage, car les calendriers sont trop serrés, et la moindre erreur de communication pourrait leur être fatale. Il y a, en effet, d'un côté la communauté internationale, à laquelle on fait tout pour qu'elle oublie qu'on fait partie des frères musulmans, mis à l'indexe, et à laquelle on serait prêt à dire tout ce qu'elle aimerait entendre, pourvu d'obtenir son satisfecit, ne serait-ce qu'en partie. On est, par exemple obligé, suite au piège mis en place par BCE, concernant l'égalité des sexes, telle que proposée dans le rapport de la COLIBE, de se montrer plus libéral et plus progressiste que les progressistes, et de faire le dos rond, en promettant de bien étudier la question à l'ARP, allant jusqu'à insinuer que cette proposition émanait de leur parti. Mais, il y a, de l'autre côté, les partisans qui ne sont pas, mais alors, pas du tout, d'accord avec cette « mascarade ». Et comme les échéances de 2019 approchent à grandes enjambées, il n'est nullement question pour Ennahdha de laisser ses partisans mécontents. Alors, on revient à la solution miracle, et on fait entendre aux partisans l'autre son de cloche, complètement opposé à celui qu'on a servi à la communauté internationale. Mais comme on ne peut, décemment, pas garder sa crédibilité envers les uns comme les autres, en disant les choses et leurs contraires, on choisit quelqu'un d'autre pour dire, justement ce son contraire, celui qui, en réalité, reflète la vraie pensée des islamistes d'Ennahdha. Et cette fois-ci, le choix d'Ennahdha s'est fixé sur Hamadi Jebali, qui est miraculeusement sorti de son hibernation, pour attaquer cette idée de la COLIBE, qualifiant ses membres de minorité de voyous mécréants, allant jusqu'à accuser Béji Caïed Essebsi d'opérer un coup d'Etat sur la constitution. Il faut dire qu'il n'y est pas allé de main morte Hamadi Jebali. Il a renversé la vapeur et pris l'opposé de la position « supposée » officielle de son parti. Mais, au fait, pourquoi lui, et pourquoi maintenant ? On se rappelle, tout d'un coup que lorsqu'il a prétendu prendre ses distances d'Ennahdha pour prendre du recul, on avait immédiatement, compris qu'il était devenu le « sous marin » d'Ennhdha, qu'elle allait préserver pour le temps opportun. Et il n'y a pas de temps plus opportuns que maintenant, pour calmer les appréhensions des partisans du parti islamistes, et pour raviver le souvenir du sixième Califat, tout en continuant à promettre n'importe quoi aux décideurs d'outremer. Donc, Jebali serait le candidat d'Enahdha pour les présidentielles de 2019, que çà n'étonnerait pas outre mesure !