Pour un coup de théâtre c'en est un, énorme, une pierre qui atterrit dans le jardin du président de la République, Macky Sall. Le pouvoir en place croyait avoir bien bétonné son affaire en écartant son pire ennemi, Ousmane Sonko, de la course électorale. C'était sans compter sur l'indépendance de la Justice sans laquelle il n'y a point de démocratie. Le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, piloté par le juge Ousmane Racine Thior, a décidé ce jeudi 14 décembre, à la surprise générale, de casser le jugement de l'Agent judiciaire de l'Etat (AJE). Concrètement l'opposant le plus populaire du pays est réintégré sur les listes électorales. Donc théoriquement rien ne l'empêche de participer à la présidentielle du 25 février prochain… Reste à le sortir des griffes de la prison. Rappelons que le président du parti PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité, une formation dissoute par une décision de justice, est incarcéré suite à sa condamnation dans une affaire de moeurs, le dossier Adji Sarr. Les partisans de Sonko crient au complot politique pour se débarrasser du candidat de la jeunesse. Le Tribunal de Dakar confirme le jugement du Tribunal d'instance de Ziguinchor émis en octobre dernier… La plus haute juridiction du pays avait alors cassé le verdict en arguant que ce devait être transmis au Tribunal de première instance de Dakar. Ce dernier a donc pris ses responsabilités. Le juge Ousmane Racine Thior a avancé les trois points qui suivent pour expliquer sa décision : 1. Compétence du Tribunal d'Instance de Ziguinchor : o Le juge Ousmane Racine Thior a affirmé la compétence indiscutable du tribunal d'instance de Ziguinchor dans cette affaire. o Cette reconnaissance de compétence est en accord avec la décision de la Cour suprême du Sénégal du 17 novembre dernier. o L'Agent judiciaire de l'Etat (AJE) n'a pas contesté ce point, validant ainsi la légitimité de la juridiction de Ziguinchor dans le processus judiciaire. 2. Invalidité de la Radiation de Ousmane Sonko des Listes Electorales : o Le juge a statué que la radiation de Ousmane Sonko des listes électorales était nulle, car sa condamnation par contumace n'était pas définitive. o Cette décision s'oppose aux arguments de l'AJE et des avocats de l'Etat, qui avaient auparavant contesté la compétence du tribunal d'instance de Dakar sur la question de la condamnation par contumace. o En déclarant la radiation nulle, le tribunal a rétabli les droits électoraux de Sonko, en attente d'une décision définitive sur sa condamnation. 3. Notification Régulière de l'Acte de Radiation à Ousmane Sonko : o Le tribunal a établi que l'acte de radiation de Sonko n'avait pas été régulièrement notifié à l'intéressé. o Cette conclusion invalide la position de l'AJE et des avocats de l'Etat, qui avaient argué que Sonko avait été dûment notifié par le biais de la connaissance acquise via des articles de journaux. o Cette décision souligne l'importance d'une notification formelle et conforme aux procédures légales, essentielle pour garantir les droits des citoyens. Maître Bamba Cissé, avocat de Sonko, a commenté en ces termes : "Le juge a ordonné la réintégration d'Ousmane Sonko dans le fichier électoral. Nous remercions d'abord le peuple sénégalais, l'ensemble des patriotes… patriotes au sens bien entendu large du terme. Ceux qui se sont mobilisés pour la justice. Pour des élections inclusives et également pour le respect du droit de vote. Parce qu'au-delà de tout il s'agissait de respecter un droit de vote. Les Sénégalais veulent voter pour un candidat de leur choix et choisir librement leur président, en vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Est-ce que le pouvoir en restera là ? De toute évidence non. L'affaire finira certainement à la Cour suprême. Pour le président Sall il s'agit de sauver la face mais aussi et surtout de se donner toutes les garanties d'une retraite politique tranquille. Il est certain qu'avec toutes les brimades qu'il a fait subir à Sonko ces dernières années l'accession de l'ancien inspecteur des Finances au pouvoir sera un enfer pour le président sortant, qui a renoncé à un troisième mandat sous la pression populaire. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!