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L'audace de changer, une arme fatale pour gagner la guerre socio-économique en Tunisie
Publié dans TAP le 11 - 03 - 2012

TUNIS (TAP, par Meriem khadraoui ) - Quand la Tunisie s'est libérée d'une dictature de longue date, de nombreux militants et intellectuels tunisiens, contraints de vivre loin de leur mère patrie, y sont retournés pour contribuer au processus de transition démocratique et socio-économique.
Cyril Grislain Karray, auteur du livre «la prochaine guerre en Tunisie, la victoire en cinq batailles», a choisi, lui, de contribuer à cette oeuvre de reconstruction par le biais du consulting et de l'accompagnement des entreprises et des jeunes promoteurs.
Premier tunisien à accéder au poste d'actionnaire au McKinsey& Company, le plus prestigieux cabinet mondial d'études et de conseil auprès des leaders gouvernementaux, d'entreprises et d'ONG, Karray évoque, dans un entretien téléphonique accordé à l'agence TAP, les chantiers à entreprendre pour «couper court avec tous les systèmes qui ont montré leurs limites au passé et qui sont voués à l'échec», notamment ceux concernant l'enseignement, la formation, le tourisme et l'emploi.
L'arme qu'il recommande pour remporter ces batailles est surtout «le courage de changer et de prendre des risques».
«Au-delà des mesures conjoncturelles, la Tunisie a besoin, à l'heure actuelle, d'une vraie réforme de fond», estime-t-il. Car, d'après lui, l'ancien régime n'a pas seulement réussi à répandre la corruption financière, il est parvenu à «arrêter l'horloge intellectuelle» par le biais «d'une corruption mentale».
C'est-à-dire que le monde change, les stratégies de développement changent aussi, alors que la mentalité encouragée par l'ancien régime était de rejeter toute véritable initiative de modernisation et de «saboter toute action innovante».
Il ne s'agit pas uniquement, aujourd'hui, de mobiliser des ressources financières, il est également impératif de «libérer la capacité d'entreprendre» et d'avoir «l'audace de repartir sur de bonnes bases» à travers la refonte de deux systèmes vitaux: «l'éducation et la formation».
Inventer un nouveau modèle d'enseignement et rénover le système de formation
Pour ce consultant international, il est impératif de transformer tout le système tunisien d'enseignement et de formation. «Ces deux secteurs devraient produire des employés et des entrepreneurs avec du savoir-faire, plutôt que des diplômés avec seulement du savoir».
Le système déjà en place est défaillant, d'après lui, car il a toujours été vanté pour ses critères de quantité et de volume et non pas pour sa qualité.
Pour preuve, le classement de Shanghai, un classement mondial des universités, place l'université de Sousse au 6719 et celle de Jendouba à la dernière place «8887».
L'approche recommandée par M. Karray pour la réforme de ces secteurs est «une approche moins académique et théorique et beaucoup plus «professionnalisante», c'est à dire, focalisée sur des «débouchés-métiers» concrets.
Les formateurs devraient être, à cette fin, réformés pour être capables de transmettre aux bénéficiaires de formations, la réalité pratique de la vie active, notamment en entreprise.
Tourner la pendule vers le social et installer la générosité
Revenant sur le sujet des revendications sociales, Cyril Grislain Karray estime qu' «il est tout d'abord injuste de demander à des gens, réprimés et frustrés durant plus de 40 ans, d'arrêter de protester pour qu'on puisse investir».
«Ce qui serait plus efficace, c'est de se rapprocher de ces gens, créer des espaces dans leurs régions où ils peuvent s'exprimer et transmettre leurs préoccupations aux responsables et aux décideurs», recommande-t-il, préconisant également de leur présenter des programmes crédibles et d' «arrêter la bureaucratie pour que la machine de l'entrepreunariat local fonctionne».
Pour identifier «l'origine du mal», il insiste qu'il faut revoir tout le système social pour renouer avec un nouveau dialogue social plus efficace qui engage toutes les parties (gouvernements, syndicats, entreprises).
Pour cela, «il faut revoir les priorités, longtemps orientées vers l'économique et les rediriger vers le social pour faire l'équilibre et permettre à la machine «socio-économique» de continuer son fonctionnement». L'élite doit aider, dans ce sens, à la prise de conscience et doit faire preuve de générosité, estime M. Karray.
Sur ce plan, l'ancien directeur associé de McKensey& Company loue l'expérience de la politique sociale au Brésil, où il a été, pendant 12 ans, témoin et acteur des plans de restructuration qui ont conduit à l'essor socio-économique que l'on connaît.
Repenser le tourisme tunisien et avoir le courage de couper avec un anti-modèle de développement
Concernant le secteur touristique, Cyril Grislain Karray avance que le problème du tourisme tunisien est structurel! «Il est palpable à tous les niveaux et réside dans le produit lui même, le service et le marketing». C'est aussi, d'après lui, un problème de mentalité de l'Etat et de l'opérateur touristique.
«L'Etat ne prend pas de risques et l'opérateur touristique n'a pas suivi le rythme du changement dans le monde, ce qui fait que durant toute l'histoire du tourisme, on est en train de payer à perte de faux emplois et personne n'a décidé d'arrêter ce gaspillage des ressources», explique-t-il encore.
Dans son livre-programme, le consultant international déplore un «anti-modèle» de développement du tourisme tunisien, «un modèle assisté qui oblige les banques et donc la collectivité à maintenir, sans solution d'avenir, les dizaines d'hôtels endettés qui restent à la charge de la collectivité», révèle une récente étude du cabinet Roland Berger.
Raser ces hôtels «assistés» permettrait, d'après lui, d'aérer le littoral, de le valoriser et de le faire monter en gamme. Les touristes moyen et haut de gamme recherchent l'exclusif et l'espace alors que nous offrons le «all inclusive». Voilà pourquoi c'est un anti-modèle de développement, précise-t-il.
M. Karray, qui a dirigé plus d'une cinquantaine d'étude de stratégie, recommande l'ouverture du ciel tunisien ou «l'Open sky» pour rétablir rapidement la confiance des opérateurs et contraindre les intervenants du secteur à être plus compétitifs.
La Tunisie, rappelle-t-on à ce sujet, a encore une fois décidé de reporter, sine die, les négociations avec l'Union européenne sur l'Open Sky.
Le monde est plein d'alternatives, la Tunisie doit se battre pour se distinguer
«Comparée à d'autres destinations, la Tunisie, bien qu'elle dispose de multiples atouts, n'est pas l'endroit le plus fabuleux du monde», a lancé M. Karray.
Parce que le monde est plein d'alternatives et que notre offre est similaire à celles de destinations concurrentes comme le Maroc et la Turquie, explique-t-il, il est impératif de restructurer les écoles de tourisme et de formation et de revoir tout le système déjà en place qui «demeure sans valeur ajoutée».
Un diplôme c'est bien, un emploi c'est mieux
«En Tunisie, l'enseignement était toujours perçu comme une finalité en soi alors que ce n'est qu'un moyen pour aboutir à d'autres alternatives», estime Karray qui plaide, par ailleurs, pour un changement de «cette culture ancrée depuis Bourguiba en vue d'assurer aux nouvelles générations d'autres formations et leur inculquer l'audace d'entreprendre pour changer leur vie».
Pour réussir ce changement, la Tunisie pourrait s'inspirer d'autres expériences de pays comme l'Inde, les Philippines, la Corée du Sud et le Panama. Ces pays ont parié, souligne-t-il, sur les métiers d'avenir et ont «osé» des sauts de modernité en focalisant sur les services, principal gisement pour jeunes diplômés et secteur à plus forte croissance dans le monde.
Les philippines ont créé, par exemple, 500 000 emplois en 10 ans dans le secteur des services et l'offshoring.
La Tunisie compte déjà 20 000 emplois (concentrés dans les centres d'appels). Une étude du cabinet McKinsey a démontré qu'elle pourrait créer au moins 150 000 nouveaux emplois dans ce domaine, dont un grand tiers dans les régions.
Pour vaincre la grande bataille de l'emploi (environ 800 000 chômeurs recensés jusqu'à ce jour), Cyril Grislain Karray, appelle à révolutionner l'économie tunisienne et à s'inscrire dans des logiques de projets régionaux et locaux concrets, à commencer par les projets d'infrastructures.
Il recommande, également, l'augmentation des services off-shore, l'établissement de «ponts d'or» pour les grandes multinationales de l'offshoring qui peuvent gérer et développer des projets recrutant de 1000 à 2000 diplômés.
Il propose, aussi, le développement d'oasis en juridictions off-shore surtout dans les régions, le développement d'un véritable pôle associatif à vocation régionale et la promotion d'une «économie du tiroir» (des projets favorisant la promotion des petits métiers dans les régions et valorisant leurs vocations).
Ces immenses défis sont «possibles», selon l'auteur de «la prochaine guerre en Tunisie, la victoire en cinq bataille». Car, d'après lui, si les tunisiens croient en eux-mêmes autant que d'autres peuples ont cru en eux ces derniers mois, ils sont capables de «faire de la Tunisie la Suisse de la Méditerranée et le Singapour de l'Afrique».


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