TUNIS, 5 Nov 2010 (Rédaction Esseghir Mouna-(TAP)- La Tunisie a certes franchi une étape décisive dans son processus de développement. Néanmoins, Malgré ses performances reconnues internationalement, elle est obligée de faire mieux pour réaliser des taux de croissance plus élevés et réduire le chômage, notamment des diplômés du supérieur. La solution macroéconomique consiste à migrer d'une économie basique vers une économie de services à forte valeur ajoutée. Cette montée en valeur et en gamme technologique ne manque pas d'enjeux lorsqu'on sait que pas moins de 100 000 emplois seront crées dans les créneaux à forte valeur ajoutée à l'horizon 2014 et que la part des exportations à contenu technologique sera doublée à 50% en 2016 contre 25% actuellement. La réalisation de cet objectif repose sur l'incitation des entreprises à innover plus et à produire propre et sur bon nombre de réformes macro-économiques. Ces réformes concernent, principalement, l'infrastructure, la formation, l'investissement, le financement et l'encadrement. Option pour une infrastructure technologique moderne Dans la perspective de mettre à la disposition des investisseurs une infrastructure technologique moderne et de promouvoir ainsi les créneaux porteurs, les pouvoirs publics se sont engagés dans l'aménagement et le financement de pôles de compétitivité afin de créer la synergie requise entre les systèmes de production, de recherche et de développement. A travers cette démarche, la Tunisie ambitionne d'assurer la transition de son économie à une économie à valeur ajoutée plus élevée, à forte intensité de savoir et à structure de production plus intensive en technologie. Il est ainsi prévu de porter le nombre des technopoles à 24 à l'horizon 2014, soit un technopole par gouvernorat, devant créer 100 000 emplois, notamment au profit des diplômés du supérieur. Ces pôles de compétitivité mobiliseront des investissements de l'ordre de 1 milliard de dinars, dont 300 millions de dinars seront assurés par l'état et 700 millions de dinars à la charge du privé. Une attention particulière sera également accordée à la consolidation des capacités du réseau des centres techniques(8) et laboratoires(64) en matière d'innovation et de développement technologique, lequel assure actuellement, plus de 10 000 hommes jour(H/j) par an d'assistance technique au profit de 1000 entreprises. La finalité recherchée, à l'horizon 2016 est de porter le nombre des laboratoires à 90 dont 80 seront accrédités, d'accroître le nombre des entreprises bénéficiaires de l'assistance à 1500 et de consolider l'assistance technique(H/j) à 25000. Parallèlement, l'infrastructure technologique sera renforcée à travers la mise en place de centres de ressources technologiques au sein des pôles de compétitivité. Cette structure qui sera financée par l'état et gérée par les centres techniques sectoriels, aura pour mission de favoriser le transfert des technologies vers les entreprises ( prototypage, analyse et essai, production à petite échelle, expérimentation). Autres projets programmés, dans ce domaine, la création de la cité technologique d'El Agba, dont l'entrée en service est prévue pour 2013. D'un coût global de 50 millions de dinars, ce projet aura pour principales composantes, un laboratoire central d'analyse et d'essai, un centre technique de l'agroalimentaire et de la chimie, plus de 30 laboratoires.. L'infrastructure de communication ne sera pas occultée. L'accent sera mis sur l'adoption des réseaux les plus modernes dans le domaine de l'Internet haut débit, l'accroissement de la capacité de connexion pour la porter à 100 gigabits par seconde en 2014 contre 15 actuellement. Consolidation du système de recherche et de formation Cette démarche de développement technologique a été confortée par la disponibilité en Tunisie d'un gisement de compétences, constitué, en 2009, de près de 400 000 étudiants, soit 4% de la population du pays, dont 30% sont orientés vers les sciences de l'ingénierie, l'informatique et les filières techniques. Parmi les programmes prévus dans ce cadre, l'intensification de la création des écoles d'ingénieurs. Objectif : accroître le nombre des ingénieurs à 9000 en 2014 contre 4773 en 2009. S'agissant de la formation professionnelle, les efforts seront axés sur la modernisation des centres de formation et la consolidation du partenariat entre les systèmes de production et de formation. Il convient de rappeler que le système actuel de formation professionnelle comprend près de 140 centres de formation exerçant dans diverses spécialités et est en étroite collaboration avec le tissu industriel ( formation en alternance dépassant les 80%). Promotion des investissements dans les créneaux à forte valeur ajoutée : La Tunisie dispose d'un ensemble d'atouts distinctifs l'habilitant à devenir « the euromed valley de l'industrie et de la technologie », avec une croissance qui sera plus tirée par l'innovation. Faut-il le rappeler? L'étude « Ernest&Young Baromed Attractiveness Survey 2008 » réalisée auprès de 315 investisseurs internationaux, a classé la Tunisie à la 7ème place parmi les pays pivots de l'espace euro-méditérranéen. Avec ce classement, la Tunisie peut se fixer un objectif raisonnable d'atteindre le top 5 des hub euro- méditérranéens à l'horizon 2016. Dans cette perspective, le plan stratégique national dans le domaine de l'industrie, à l'horizon 2016 s'est fixé pour objectifs stratégiques de doubler les exportations à 30 milliards de dinars et de tripler les investissements industriels à 3 milliards de dinars. Pour ce faire, il s'agit de faire monter en gamme les secteurs industriels historiques de la Tunisie : textile-habillement, cuir et chaussures, agroalimentaire, Industrie mécanique et électrique (IME) industrie des matériaux de construction et industrie chimique de phosphate. Cette montée en gamme devrait se traduire par une augmentation du taux de la valeur ajoutée du produit à travers l'émergence de nouvelles filières porteuses et à contenu technologique élevé( électronique, textile technique, composants automobiles, aéronautiques, TIC,..). Cette démarche consiste également à intégrer plus de valeur ajoutée en amont et en aval de la production (design, marketing, emballage et logistique). A titre d'illustration, la montée en gamme dans le secteur du textile-habillement peut s'effectuer en amont à travers le tissage et le finissage du textile technique ( textile anti-feu, anti-sceptique, antibactérien, biodégradable). En aval, il s'agit de disposer de services logistiques plus réactifs afin de permettre à la Tunisie de consolider son positionnement sur les marchés du « Fast fashion ». Une fois concrétisée, cette option ne manquera pas de porter la part de la filière du textile-habillement et du cuir et chaussures dans les exportations industrielles à 29% en 2016 et de créer 120 000 emplois à la même échéance. En ce qui concerne le secteur agroalimentaire, la montée en gamme, devrait nécessairement se traduire par un niveau d'intégration plus élevé de la filière (circuits de collecte, transport, entreposage frigorifique). Un intérêt particulier doit être porté à la valorisation des produits, notamment exportables (huiles d'olive, fruits et légumes conditionnés, les semi-conserves, les plats cuisinés, les produits surgelés..), outre, les produits naturellement sains, tels que les produits enrichis en fibres, les produits bio, de nutrition pour enfants, produits riches en oméga 3à L'objectif fixé pour cette filière, à l'horizon 2016, est d'accroître sa contribution aux exportations industrielles à 12%, de réaliser un taux de croissance annuel moyen de 6,4% et de créer pas moins de 34 000 emplois à cette même échéance. Quant au secteur des IMEE, la création de valeur sera en grande partie liée au croisement avec d'autres secteurs aussi bien en amont qu'en aval, tels que les TIC, le plastique technique, la mécanique La finalité est de favoriser l'émergence de secteurs à fort potentiel de croissance à l'instar de la mécatronique. Les orientations stratégiques fixées pour ce secteur, en 2016, consistent en la création de 45 000 emplois et l'accroissement de sa part aux exportations industrielles à 46%. S'agissant du secteur des TIC, appelé à être le nouveau fer de lance de l'économie tunisienne, les efforts devront être axés, dans un premier temps sur le développement des applications et systèmes informatiques classiques, sur le marché local afin d'accélérer la généralisation de l'économie numérique. Dans un second temps, une attention particulière devrait être accordée au ciblage des opérateurs mondiaux de communication en vue d'implanter des centres de compétences et de développement régionaux, à la connexion aux grands projets européens dans les domaines à forte composante de savoir(R&D, transport, aéronautique..), outre, la collaboration avec les pôles de compétitivité européens spécialisés en la matière( SytémaàTIC La stratégie arrêtée, dans cette optique, vise à décupler les exportations des TIC de 53 millions de dinars en 2007 à 500 millions de dinars en 2016 et de porter le nombre des diplômés du supérieur dans ce domaine de 8000 en 2007 à 15 000 en 2016. Elle prévoit également de faire passer la contribution du secteur au PIB de 8% en 2007 à 20% en 2016 et de créer 15 000 emplois à la même échéance contre 6000 en 2007. Dynamisation des mécanismes de financement et d'encadrement de l'innovation Consciente de l'enjeu d'améliorer le système de financement et d'encadrement des investissements à forte composante technologique, la Tunisie a mis en place plusieurs mécanismes de financement de l'innovation afin de répondre au mieux aux besoins de financement des promoteurs de projets innovants. Le système actuel de financement de l'innovation est Constitué du Programme de mise à niveau(PMN), du Fonds de promotion et de décentralisation industrielle(FOPRODI), le régime d'incitation à l'innovation dans le secteur des technologies de l'information(RIITI), des mécanismes de financement des investissements technologiques prioritaires(ITP), en plus de la prime d'investissement en recherche et développement(R&D)et le Programme national de recherche et développement(PNRI). Ce système a été complété par la création d'un fonds dédié au financement de l'innovation (FCPR IN'tech). Doté d'un capital de 50 millions de dinars, ce fonds commun de placement à risque est réservé exclusivement à la participation aux fonds propres nécessaires à la création d'entreprises innovantes. Le fonds accordera ainsi, des financements au promoteur d'un projet innovant dont le cot global se situe entre 100 000 dinars et 5 millions de dinar, pour se constituer les ressources propres du projet, et ce, jusqu'à hauteur de 70% du coقt d'investissement. Les 30% restants seront garantis sous forme de crédits bancaires et autres formes de crédit. Ce nouveau mécanisme a reçu également pour mission de financer le développement technologique des entreprises inscrites dans le cadre du Programme de modernisation industrielle(PMI), plus particulièrement dans sa composante immatérielle. En matière d'encadrement, la stratégie arrêtée à cet effet, a pour objectif d'améliorer l'encadrement des promoteurs, sur la voie d'une meilleure adaptation des services d'assistance à fournir, aux spécificités des activités à forte valeur ajoutée. L'objectif recherché est de porter le taux d'encadrement à 24% en 2016, contre 19% en 2009 et 9% en 1995.