TUNIS, 18 mars 2011 (TAP) - La révolution tunisienne va-t-elle favoriser un nouveau paysage cinématographique dans le pays? Et quels sont les critères de la restructuration de la culture cinématographique? tels sont les principaux points forts du débat ayant réuni cet après midi un grand nombre de critiques de cinéma à la maison de la culture Ibn Khaldoun, autour d'une table ronde intitulée "Quel cinéma après la révolution tunisienne?". Organisée par l'association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (ATPCC), la rencontre a été une occasion pour poser un certain nombre de réflexions en vue de promouvoir le cinéma tunisien aux niveaux de l'image et du contenu. Le critique Mohamed Ben Slama, a préféré intervenir par une présentation historique sur le cinéma "engagé" en Tunisie et dans le monde arabe pour souligner le lien étroit entre le discours cinématographique et la réalité politique citant pour exemples les films "Sejnane" d'Abdellatif Ben Ammar (1973) et "Sabots d'or" de Nouri Bouzid (1988). Aujourd'hui, la Tunisie a-t-il relevé, a besoin d'un "cinéma d'exploration" c'est à dire qui va dans les tréfonds de la réalité pour véhiculer une image vraiment expressive faisant écho à la réalité sociale et politique. De son côté, le critique Kamel Ben Ouanes a tenu à expliquer que l'échec du cinéma tunisien ne réside pas dans la lourdeur de la censure mais surtout dans la créativité et la structuration du secteur cinématographique. Il a par ailleurs souligné l'importance de réviser la question de la distribution cinématographique dans les régions en vue de garantir une culture cinématographique pour tous surtout que le cinéma tunisien est à la base un cinéma d'auteur et non commercial. Prenant la parole, le critique Mohamed Jomni a axé son intervention sur la nécessité d'ouvrir les perspectives devant les cinéastes amateurs et d'oeuvrer à faire émerger un cinéma révolutionnaire qui allie esthétique et réalisme. Pour le réalisateur Habib Mestiri, la promotion de la scène cinématographique en Tunisie exige la rupture totale avec les vieux réflexes et les pratiques anciennes en mettant un terme au pouvoir des fonds sur les productions cinématographiques et le secteur de l'audio-visuel en général.