L'islamologue d'origine égyptienne, Tariq Ramadan a été invité le jeudi 10 novembre 2011 dans les studios de France Info pour discuter l'origine et le déploiement du Printemps arabe et ce suite à l'apparition de son livre « l'Islam et le réveil arabe ». Tariq Ramadan, professeur à l'université d'Oxford et président du « European Muslim Network », a avancé que les révolutions arabes de l'après janvier 2011, sont le fruit d'un éveil culturel chez les peuples arabes. C'est les bloggeurs et les partisans des réseaux sociaux qui ont mené la guerre et mobilisé les foules contre un régime totalitaire et contre les dictatures de Ben Ali et Moubarak. D'après lui, l'Islam n'a pas réellement joué un rôle dans ces révolutions. Ces dernières avaient une seule et unique référence : l'opposition aux dictateurs. Ce n'est qu'après que ces peuples se sont libérés que l'Islam a pris le dessus, chose tout à fait naturelle dans une société majoritairement musulmane. Tariq a expliqué que, quoique la Tunisie et l'Egypte ou encore la Libye soient riches par leurs histoires, qu'ils abritent des musulman, des coptes, des chrétiens, des agnostiques… ils sont quand même des pays musulmans en majorité et l'éthique musulmane restera une référence. Et ce qui s'est passé en Tunisie en est une preuve. Personne, même les laïcs, n'a touché à l'article 1 de la constitution qui fait référence à l'Islam en tant que religion du pays. Par contre, Tariq Ramadan a affirmé que le plan à élaborer par l'avenir pour ces pays, c'est de promouvoir certains principes et d'instaurer une culture qui prône « l'état de droit, la citoyenneté et l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. » Il est vrai que l'éthique musulmane s'impose, que les peuples arabes ont des références religieuses, des traditions, mais il faut quand même « sortir de la polarisation simpliste qui oppose les laïcs aux islamistes. » En prenant la Turquie comme exemple, Tariq Ramadan trouve qu'il est possible d'aller vers la Démocratie à partir d'une référence islamique. Il suffit de réformer l'éducation et trouver une bonne interprétation de la référence islamique pour réussir à instaurer un équilibre entre les traditions des pays musulmans et la modernité d'un état civil. « La valeur ajoutée de l'Islam » qui se manifeste à travers « un véritable potentiel dans les traditions culturelles pour la lutte contre la pauvreté et l'instauration d'une justice sociale », est la solution idéale pour cheminer vers cet équilibre entre la modernité et l'héritage des pays musulmans. Finalement, le président du European Muslim Network, a dénoncé l'attitude et le comportement hostile de l'Occident face à l'éventualité de la fondation d'un Etat à partir d'une référence religieuse. Il a précisé que la création d'un état à partir d'une telle référence n'implique pas forcement une confusion entre les autorités et l'Iran reste un mauvais exemple qu'il conteste fortement. Contrairement à ce que l'on croit, la séparation des autorités est possible même si les références sont d'ordre religieux. Il suffit que la société civile trouve des interprétations nouvelles à cette référence. D'ailleurs, citant les turcs comme exemple, il a affirmé qu'« après 60 ans de laïcité, ils restent des musulman et parce qu'ils sont des musulmans ils savent être démocrates et ouverts »