Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont fait au moins dix blessés, dont Iouri Loutsenko, ancien ministre de l'intérieur du gouvernement de Ioulia Timochenko, dans la nuit de vendredi à samedi à Kiev. Les affrontements, sans précédent depuis le mois dernier, ont éclaté lorsque la police anti-émeute a dispersé 200 personnes qui protestaient contre la condamnation à six ans de prison de trois militants de l'opposition accusés d'avoir voulu faire sauter en 2011 une statue de Lénine près du principal aéroport de la ville. La télévision d'Etat russe a rapporté que les forces anti-émeutes étaient intervenues après avoir été assaillies à coup de pierres par les manifestants qui tentaient d'empêcher les fourgons de police d'emmener en prison les trois hommes condamnés. Iouri Loutsenko qui a été gracié l'an dernier par le président Viktor Ianoukovitch, a été touché à la tête. Les sites d'information de l'opposition ukainienne ont publié des photos et des vidéos montrant Lutsenko avec un bandage sur la tête et un grand pansement sur l'œil droit. La femme du leader de l'opposition, Iran, adéclaré que son mari souffrait de blessures à la tête après avoir été frappé à coups de matraque par la police, alors qu'il tentait de mettre fin aux violences. « Il a été placé en soins intensifs. Il va rester en observation », a-t-elle dit à la télévision d'opposition Hromadske. L'Ukraine est le théâtre depuis le 21 novembre de manifestations en faveur de l'intégration européenne après le refus des autorités de signer un accord d'association avec l'UE en préparation depuis trois ans, au profit de la coopération économique avec Moscou. La signature le 17 décembre à Moscou d'accords économiques qui prévoient un crédit de 15 milliards de dollars à l'Ukraine et la baisse d'un tiers du prix du gaz russe, alors que le pays est au bord de la faillite, a semblé désarçonner les leaders de cette contestation, sans précédent depuis la Révolution orange pro-occidentale de 2004. L'agression de la journaliste ukrainienne Tetiana Tchornovol, en première ligne dans la contestation pro-européenne, sauvagement battue fin décembre par des inconnus dans la banlieue de Kiev, a donné un nouveau souffle au mouvement qui réclame le départ du président et la démission du gouvernement.