Il est évident que Ramadan est devenu un mois propice aux productions audiovisuelles tous azimuts. C'est même devenu un synonyme de goinfrerie télévisuelle et un vrai business saisonnier. Les droits de diffusion peuvent se négocier en dizaines de millions de dollars pour l'exclusivité des productions les plus prestigieuses En ce qui concerne notre cuisine interne, c'est-à-dire notre paysage audiovisuel, il a longtemps été monotone et vieillissant, mais ces dernières années il y'a eu du progrès. Les feuilletons sont devenus une vraie religion. Dans cette avalanche de productions, on peut remarquer d'anciennes séries qui se poursuivent, des nouvelles qui font leur apparition sur notre petit écran; mais, malheureusement, la quantité prime souvent sur la qualité. D'après les statistiques de l'audimat et les sondages dans les rues, Njoum Ellil est un produit qui sort du lot. Et si on essayait d'analyser les facteurs de réussite de cette série. Certes, on ne peut pas qualifier ce feuilleton de chef d'œuvre, mais il a réussi à se tailler sa part d'audience deux Ramadans de suite et a charmé les Tunisiens. Mis à part un casting réussi qui réunit des têtes d'affiche avec de jeunes acteurs particulièrement talentueux, il séduit par son coté esthétique qui comporte justement de jolies têtes, de beaux décors luxueux mais également de jolies techniques cinématographiques qui mettent les acteurs en valeur. La caméra n'a pas peur de dévisager les personnages et de filmer leurs émotions de près avec de gros plans pour accentuer le côté dramatique de l'œuvre sans pour autant tomber dans le mélodrame. Le mouvement de la caméra et le jeu sur l'ombre et la lumière nous sortent des plans tunisiens classiques et faciles. Un montage loin du linéaire qui caractérise les feuilletons locaux, vient couronner le tout. Sur le fond, il utilise une recette pas vraiment originale ou bien innovatrice, mais qui a déjà fait ses preuves. Le classique du méchant contre le bon, des manigances et de la corruption contre l'honnêteté et la défense de la loi, la bourgeoisie sans scrupules contre la classe moyenne qui se retrouve en équilibre précaire et qui essaye de garder ses valeurs. Aborder les sujets tabous ,comme l'a déjà fait le feuilleton Maktoub auparavant : soirées en boite, trafic de drogue…le tout englobé dans un rythme qui accroche le téléspectateur du début à la fin, et dans une musique bien choisie que ce soit pour le générique ou dans les situations du feuilleton en lui-même.