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Chronique : L'histoire de Mohamed. Par Monia Mouakhar Kallel
Publié dans Tunivisions le 10 - 08 - 2014

"A force de parler de Mohamed qui fut prophète, on oublie le Mohamed chômeur, le Mohamed sans logement, le Mohamed sans abri, le Mohamed sans travail et des milliers de Mohamed qui vivent comme des esclaves sous des régimes qui se réclament du prophète Mohamed."
A vous, Kateb Yacine qui avez écrit ces lignes dans les années 60, je voudrais conter la suite de l'histoire de Mohamed.
Mohamed, l'oublié-oublieur.
Mohamed qui,à force d'être ignoré par des gouvernants vicieux, et par les grands de ce monde, a fini par s'ignorer et devenir l'esclave de lui-même;
La victime qui se fait bourreau, un cheminement classique, me diriez-vous Kateb ; oui mais ce qui l'est moins, c'est que MOhamed se fait broyer par les armes et les méthodes qu'utilisent ses bourreaux.
Au commencement fut la "réclame" Comme vous l'avez si bien (pré)dit, Kateb. Avec le "progrès" des médias et la multiplication des lieux de parole, cette "Réclame " est devenue affiche, annonce, slogan, spot, destinés à alimenter le gigantesque commerce qui est né autour de Dieu et de Mohamed, son prophète.
Mohamed, le chômeur, est pris dans cette implacable machine rhétorique que plus rien n'arrête.... Politiciens, fouqahas, publicistes, journalistes, bolgueurs, promoteurs de chaînes, lui vendent, sous des emballages différents, le même produit, le duplex Religion-Politique, et usent du même argumentaire, le paradis perdu de la prestigieuse Omma islamique...
Mohamed, "le sans abri" est rassuré de camper dans cet Eldorado que les experts de la parole et de l'image n'ont aucun mal à décrire avec force détails et une précision dignes des grands réalistes: système de gouvernance, distribution des rôles, rythme de vie, habits, coiffure, posture, parlure...
Mohamed, l'esclave des régimes se fait alors l'esclave de la représentation façonnée par ces mêmes régimes. Non pas la représentation littéraire libre, ouverte et plurielle dont vous avez le secret, "Nedjma", qui éclaire le passé et le monde a-venir, mais des récits narcissiques et figés qui caressent des "vérités" chimériques...
Mohamed est sous le charme. Et vous Kateb, créateur des plus beaux mythes de la littérature moderne, vous savez que les H/histoires sont à doubles tranchants : elles peuvent être structurantes et libératrices ou envahissantes et dangereuses; dangereuses lorsque les conteurs-discoureurs, croyant détenir la vérité absolue, s'emploient à tout expliquer, tout dire, tout contrôler. De la certitude- complétude au totalitarisme et à la violence il n'y a qu'un pas que les maîtres de la Grande Eloquence associés aux barons des médias franchissent aisément...
Mais Mohamed, le sans abri et sans culture, n'est pas capable de distinguer les récits créateurs, reflets de la complexité du monde, des récits simplificateurs et négateurs de toute différence. Le voilà alors pris au piège de la phraséologie des orateurs rompus à la tâche...Au nom de la liberté d'expression, pour laquelle vous vous êtes longuement battu, ils investissent tous les espaces médiatiques, remplissent toutes les tribunes pour répéter la même histoire en la surchargeant d'anecdotes, de commentaires, d'informations à l'infini...
Un des penseurs de la modernité, Walter Benjamin, que vous auriez apprécié, a montré le lien entre l'excès d'information et la "violence du mythe". Mohamed, dont la tête est saturée de légendes, perd pied avec la réalité et entre dans le cercle infernal des dépendances funestes...difficultés à communiquer, rupture avec l'entourage, repli sur soi, exil mortel...
Ce destin, vous l'avez prédit Kateb. Nourri d'une parfaite connaissance du théâtre tragique et des héros qui courent à leur propre perte, vous avez imaginé la souffrance de Mohamed ballotté entre un pays natal qui l'ignore et les grandes métropoles qui l'exploitent...."Mohamed prend ta valise et part", lui avez-vous dit, au lendemain de l'indépendance de l'Algérie...
Un demi-siècle après, c'est ce qu'il continue à faire avec la différence qu'aujourd'hui, il n'a plus de valise; il n'est plus l'immigré qui part gagner son pain à la sueur de son front ou se former dans les écoles de la capitale des Lumières. Il est le beur inadapté qui fantasme sur ses racines, il est le voyageur clandestin, le "sans papier" qui se précipite vers les rivages de la mort, il est le trafiquant sans scrupules qui se faufile entre les barrages de contrôles policiers, il est le terroriste qui se croit et se dit djihadiste et rejoint les camps de l'extermination, il est l'assassin qui se fait exploser ou qui se charge de tuer ses frères, les autres Mohamed.
Les autres Mohamed à qui il reste de l'énergie pour résister aux mythes creux et faire face au rouleau compresseur de l'islamisme politique.
Dans cette histoire tragique sur fond de drapeaux noirs, de Mohamed, votre "Nedjma" reste le phare et l'espoir d'un monde meilleur...


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