La Tunisie entière – ou presque – était en grande fierté ce 10 décembre 2015 où, à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'homme, le quatuor civil du Dialogue National recevait le Prix Nobel de la Paix en reconnaissance de la noble mission conduite à la fin de 2013 pour éviter au pays une guerre civile qui semblait imminente et pour le remettre sur le chemin déblayé de la transition démocratique. Quelles que soient les réserves que certains pouvaient faire au prix lui-même ou à ses récipiendaires, le moment était au moins à un sentiment de satisfaction, fût-elle provisoire et relative, qui laissait croire à l'intelligence des Tunisiens et à la confiance qu'on pourrait leur faire de trouver solution à leurs crises et à leurs divisions dans la sagesse de la paix et de la conversation. Plusieurs concitoyens pleurèrent devant le spectacle rendu par la communauté internationale à notre petit pays, prolifique en grandes expériences et en bonnes solutions. D'autres eurent un discret pincement de cœur. D'autres encore se laissèrent aller à une profonde méditation pour interroger les effets et les causes du juste déroulement des choses. Pendant ce temps, un malheureux hasard du zapping vous conduit devant un plateau dit de « débat politique » sur Hannibal TV, celui d'une émission en rediffusion. Le sujet était peut-être le rôle des médias en rapport au terrorisme, car les invités étaient trois journalistes, un présentateur tv et un juriste. Soudain, les propos échangés, par trois d'entre eux, tournèrent à l'insulte, à l'agression verbale, aux calomnies, au refrain de Ben Ali, à la menace de sortie, aux supplications d'une animatrice en désespoir de cause, etc. Force est de saluer la sérénité des deux journalistes demeurés silencieux, plus par indignation que par stratégie, devant cette horreur pseudo-communicative dont les racines mouillent pleinement à la vase terroriste. De toute façon, l'animatrice n'a eu que la monnaie de sa pièce et le rendu d'une mauvaise préparation de l'émission, et d'abord en matière d'invités. A un moment où les humeurs devaient être à l'esprit de conversation, au moins à celui du dialogue, on nous servait une tauromachie verbale qui faisait honte à la Tunisie la veille de la consécration de son intelligence communicative dans les conditions de la paix et du respect de l'altérité, dans le sens de la (ré)conciliation nationale pour une conception et une construction de l'avenir de façon rationnelle et efficiente. Enseignants ou non, sauf le respect qu'on leur doit, certains invités de ladite émission nous ont donné la preuve que certains éducateurs (on l'est aussi bien dans les écoles, dans les médias ou dans la société civile, d'abord par la façon d'être, de dire et de faire) devraient commencer par se faire la leçon à eux-mêmes et que certains acteurs des médias gagneraient à revoir une bonne partie de leurs leçons. NDR : Les propos exprimés dans cet article n'engagent pas tunivisions.net et sont de la seule responsabilité de leur auteur.