Cette journée de l'an nouveau qui s'en va poindre C'est le reflet d'un temps ancien qui part à point MM-01-01-2016 Nous voici bien au premier jour du nouvel an ! Nos yeux regardent devant, à la recherche des lumières de l'avenir et nos têtes tardent à se libérer des souvenirs douloureux de l'an déjà ancien ! Au-delà de tout intérêt personnel et de toute ambition individuelle, il y a bien un devoir d'inquiétude pour le destin commun et le devenir collectif. Après la fête vient la pensée du fait et la conscience du faix porté ou à porter. Le premier signe est venu du Président de la République, à l'écran de la Chaîne Nationale de la Télévision Tunisienne, comme de convenance : chacun l'a sans doute pris à sa façon et de son point de vue, mais c'est de règle. Les discours des présidents ont toujours pour ambition déclarée de fédérer les sentiments, cependant, ils finissent toujours dans la divergence des opinions et c'est tant mieux peut-être. BCE a parlé au nom d'une aspiration et d'un droit à l'espoir, malgré les insuffisances auxquelles il a cherché à trouver des justifications. Le hic dans ce propos, c'est qu'il a parlé en tant que garant de l'avenir tout en sachant qu'il n'est pas forcément le principal moteur de l'avenir. La répartition du pouvoir, en amont et en aval, à couvert et à découvert, laisse peu de place à des décisions présidentielles qui tranchent, en temps d'hésitation et d'incertitude. C'est encore tant mieux pour les uns, désolant pour d'autres. Il n'en est pas moins ainsi. Plus pointu est sans doute le propos de Habib Essid, dans un communiqué de vœux pour le nouvel an, diffusé sur la page officielle du la présidence du gouvernement. Il y a certes, là aussi, un message d'espoir sur fond d'appel à la mobilisation générale, mais il y a aussi, comme de règle, le détail de ce qui n'était que suggéré dans l'allocution présidentielle : d'abord un objectif général, la sécurité et la prospérité ; ensuite les moyens d'y arriver, l'unité nationale, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la mise en place des grandes réformes pour le développement régional. Et, pour rejoindre le discours du président, l'insistance sur le rôle inaugural de l'année 2016 pour le cycle du plan quinquennal 2016-2020 laisse supposer la nécessité de considérer 2015 comme l'année de la transition démocratique ayant permis en principe les conditions favorables, à présent, à la mise en marche du processus démocratique. Ces propos relativement rassurants ne sauraient occulter des positions fermement en opposition à cette évaluation de la situation et tirant la sonnette d'alarme à des indices de compromission de l'intention même de démocratie par le moyen de certaines manipulations des mécanismes de la Justice, d'un musellement annoncé de la liberté de presse et d'expression, et d'un flou politique dans les lignes de conception des partis et des coalitions. Sans trop le souligner, la perturbation interne à Nidaa Tounès n'est pas absente des esprits et même le retard y attenant, constaté à réaliser le remaniement annoncé du gouvernement. Certes BCE l'a évoqué avec les précautions d'usage, mais les dernières acrobaties de certains membres du gouvernement laissent craindre qu'il ne s'agisse que d'un geste de parade. Toutefois, le plus inquiétant reste le danger pressenti du côté économique et de ses conséquences sociales. Tous les chiffres ont tendance à virer au rouge foncé, ce qui compromettrait les signes d'espoir lancés par les officiels de la gouvernance. Mais là aussi, ces chiffres sont différemment interprétés et leur impact inégalement apprécié. Au final, il conviendrait quand même de mettre en valeur le propulseur essentiel de l'espoir attendu, en l'occurrence l'implication citoyenne. Il n'y a pas un secteur qui ne soit à même de réaliser un redressement sensible par le fait de la prise en charge de son sort par la responsabilité citoyenne : le politique, l'économique, le social et le culturel. Que chacun fasse donc ce qu'il faut dans la voie où il lui est donné d'agir et la Tunisie s'en portera mieux, malgré toutes les insuffisances qui ne tarderaient pas alors à être comblées.