Avec la récente création du centre technique des agrumes, toutes les conditions sont, désormais, réunies pour développer sur des bases forts solides le sous secteur agrumicole. Ce centre intervient après la mise en uvre d'autres logistiques indispensables. Au nombre de celles ci figurent : l'insectarium pour la production d'insectes utiles et la stratégie mise en place pour la régénération des orangeraies. Revendiquée depuis des années par les agrumiculteurs, cette structure d'appui va aider la filière agrumicole à résoudre moult problèmes. Au premier rang de ceux-ci, M. Hachemi Machat, secrétaire général de la fédération des agrumes cite le vieillissement des arbres, la problématique des citronniers de Hammamet qui ne produisent plus et l'extension des orangeraies à de nouvelles zones conformément aux recommandations des cartes agricoles régionales devenues depuis leur adoption de véritables feuilles de route pour les agriculteurs. La Tunisie plante chaque année une moyenne de 100 mille orangers. Ce centre a reçu également pour mission de suivre de près les progrès réalisés par la filière au plan mondial, de développer une expertise nationale en la matière et de vulgariser les nouvelles techniques auprès des agrumiculteurs. Parallèlement à ces réalisations, le ministère de l'agriculture a mis en place une stratégie cohérente en plusieurs points pour développer à moyen et long termes cette filière. Cette stratégie vise essentiellement à améliorer les techniques culturales (taille des arbres; fertilisation potassique et organique, lutte contre les maladies), la production de plants sains, l'arrachage des vieux vergers, la création de nouvelles plantations ainsi que l'amélioration des techniques d'irrigation. Parmi ces techniques, il y a lieu de signaler l'irrigation 'goutte à goutte''. Il s'agit également d'étaler la saisonnalité de la production et de la porter de cinq mois à plus de sept mois et d'améliorer le rendement à l'hectare. Ainsi, malgré l'évolution du rendement de 7,5 tonnes à l'hectare en 1966 à 16 tonnes à l'hectare en 1997, la productivité du verger agrumicole reste encore en deçà du niveau souhaité de 30 tonnes à l'hectare. Est il nécessaire de rappeler ici que même cette proportion est insuffisante au regard de ce que font les concurrents qui sont à 40 tonnes l'hectare ? Au chapitre de l'exportation, l'Etat se propose de diversifier les variétés exportées et de passer d'une moyenne actuelle de 22 à 25 mille tonnes à 30 et 50 mille tonnes à long terme. Les variétés exportées sont limitées, jusqu'ici, aux maltaises dont «la rentabilité financière n'est pas, en plus, toujours garantie», estime une étude menée par les chercheurs S. Zekri et A. Laajimi sur «la compétitivité du sous secteur agrumicole». Pour mémoire, l'exportation concerne essentiellement le produit frais. Elle est sujette à une très forte concurrence dictée essentiellement par les producteurs riverains du bassin méditerranéen. En 2006, la Tunisie a exporté environ 22 mille tonnes de maltaises contre 19000 tonnes en 2005/2006. Sur ce total, pas moins de 20 mille tonnes sont exportées sur le marché français, premier client de la Tunisie. Les agrumes exportés se sont distingués, cette année, par leur conformité à la directive (norme) européenne Numéro 178 de 2002. Cette directive impose aux exportateurs tunisiens d'agrumes de prouver, à partir de janvier 2007, la traçabilité des maltaises. L'Accord d'association conclu avec l'Union Européenne a eu le grand mérite de mettre la pression sur l'activité des exportations des agrumes et de l'amener à se conformer aux exigences de la qualité étrangère. Deux seules zones d'ombre méritent d'être signalées. Elles risquent de compromettre la mis en uvre de cette stratégie dans de bonnes conditions. Primo, les prix élevés au niveau du marché intérieur peuvent décourager certains producteurs à expédier leur production à l'étranger. Secundo, à défaut d'incitations en faveur des petits exploitants qui vivent essentiellement de leurs exploitations , l'arrachage des vieux arbres risque d'être compromis et d'être renvoyé aux calendes grecques.