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Mehdi Jomaâ :
«Il faut créer des richesses plutôt que de partager la misère» (Partie II)
Publié dans WMC actualités le 11 - 02 - 2015

Monsieur le chef du gouvernement, nous avons assisté tout au long de l'année 2014 à des grèves incessantes, à des débordements de toutes parts sans que l'Etat ait pu imposer la suprématie des lois comme il se doit. Comment expliquez-vous cela ?
Mehdi Jomaa : Je pense qu'il ne faut pas dramatiser. Tous ces débordements dont le pays a souffert ces derniers temps sont la conséquence de la vulnérabilité de l'Etat dans une phase postrévolutionnaire. Pour revenir à la normale, il faut du temps. J'estime, d'autre part, que la franchise est de rigueur pour ce qui est de l'instabilité sociale dont le pays souffre depuis janvier 2011. Je l'ai dit à tous mes interlocuteurs, il faut que la valeur travail reprenne tout son sens et sa dimension à l'échelle nationale. Sans travail, nous ne pouvons pas créer des richesses. Nous ne pouvons pas protester, faire des grèves et puis revendiquer. La seule chose que nous puissions partager dans ce genre de situation c'est la misère.
Si nous allons dans la logique des revendications systématiques, notre pays ne réussira pas sa sortie de crise. Je comprends les frustrations et les attentes des uns et des autres, mais nous devons passer à une autre phase. Celle où nous nous donnons au pays.
Nombreux sont ceux qui disent “nous n'avons rien à donner à un pays qui ne nous donne rien…“
Entendons-nous sur un point: donner à son pays, c'est se donner la chance à soit-même de mieux vivre. Il y a une incompréhension évidente du rôle de l'Etat et du gouvernement. L'Etat n'est pas et n'a pas un trésor qu'il distribue aux quêteurs. C'est une notion que j'essaye d'expliquer. Un gouvernement gère les richesses du pays et l'argent des contribuables. Il est tenu à assurer la bonne gouvernance des fonds publics. Il faut changer de mentalité et surtout faire en sorte que la paix sociale règne pour au moins deux années pour que l'économie reprenne son souffle.
On se pose la question pourquoi il n'y a pas plus d'investisseurs étrangers et pourtant nous avons réussi à établir des relations de grande qualité avec tous nos partenaires étrangers. Ils ont une très bonne impression sur la Tunisie, mais un investisseur qui n'a pas de visibilité ne peut pas s'aventurer dans un pays et y mettre son argent. C'est simple, il faut leur offrir les conditions nécessaires pour assurer la réussite et la pérennité de leurs projets, et vous les verrez accourir pour créer des richesses et des emplois.
Aucun pays émergent n'a réussi à développer son économie sans discipline. Et discipline ne veut pas dire autoritarisme. Cela implique le respect des règles et la suprématie des lois. Quand vous êtes dans une entreprise, il y a des règles et des lois que vous vous devez de respecter. La révolution n'a pas été faite pour instaurer la transgression des lois et des règles d'un camp à l'autre. Quelle que soit la nature de ce camp, je pense que le problème de fond est l'absence de rigueur et de discipline. Personnellement j'ai amorcé le dialogue à ce propos, mais cette nouvelle vision des choses exige du temps.
On prétend que votre gouvernement n'a pas respecté des promesses et des engagements pris avec la centrale ouvrière. Est-ce le cas?
Je défie qui que ce soit de citer un engagement que je n'ai pas honoré. Qu'il s'agisse de l'UGTT ou autre. J'ai respecté tous mes engagements. Il y a les speechs et il y a la réalité. J'ai respecté mon contrat. D'ailleurs, j'ai tout consigné dans un rapport que j'ai envoyé à l'UGTT, avec laquelle j'ai toujours entretenu de bonnes relations. Nous avons travaillé dans le respect des règles de bienséance et de dialogue.
Nous avions beaucoup de problèmes à affronter mais nous sommes quand même arrivés à les surmonter. Nous subissons tous des pressions. L'UGTT subit aussi la pression de ses bases. Pour ce qui me concerne, j'ai été clair dès le début. Nous en avions discuté lors d'une réunion tenue le 12 mars 2014. J'ai exposé la situation du pays dont les finances étaient catastrophiques. J'avais expliqué qu'il n'est pas dans notre intérêt ni dans celui des salariés de céder à toutes les revendications salariales.
On parle souvent du statut de la fonction publique, si demain il y a une crise financière, les premiers à en payer le prix seront les fonctionnaires. L'Etat n'aura plus les moyens de les payer. Il était de mon devoir de tenir une gestion rationnelle des deniers de l'Etat pour protéger les intérêts de ses commis. Jamais il n'y a eu autant d'augmentations que durant les quatre dernières années, il y a eu une folie revendicatrice, sans création de richesses et sans croissance. Est-ce que ces augmentations ont amélioré la situation des fonctionnaires? Bien sûr que non. Nous n'avons pas suivi la bonne approche.
Pourquoi il n'y a pas eu rapprochement des points de vue entre vous et l'UGTT?
Pour répondre aux revendications sociales, en tant qu'Etat, vous disposez d'une enveloppe que vous ne pouvez dépasser. J'ai invité les représentants de l'UGTT pour en débattre ensemble. J'ai mis à leur disposition toutes les donnes et je leur ai dit: réfléchissons ensemble sur comment répartir cette enveloppe. Ils voulaient concrétiser tous les accords signés. Nous en avons recensé, dans le cadre d'une commission mixte, 33 accords qu'ils nous ont soumis au 7+7. Nous avons dit, cette année il n'y aura pas de négociation et aucun de nos PV ne stipule le contraire.
Ensuite nous avons rediscuté des accords et nous avons été très réceptifs, nous sommes arrivés à adopter 47 accords signés depuis 2011, c'est-à-dire par les gouvernements qui nous ont précédés.
Mais dès que vous bouclez un cycle de discussions, on en rajoute un autre encore et à ce moment-là, j'ai dit: il faut arrêter. J'ai été très clair sur cela, nous avons été plus loin, nous avons négocié l'harmonisation des rémunérations dans la fonction publique dans le cadre d'un tronc commun. De manière à ce que tous les fonctionnaires aient les mêmes augmentations.
En 2014, il n'y a pas un seul fonctionnaire qui n'ait pas vu son salaire augmenter. J'ai honoré tous mes accords et j'ai été au-delà de mes engagements. Mais je suis responsable de la gestion des équilibres financiers de l'Etat et je ne pouvais pas me permettre de laisser une grosse ardoise au gouvernement qui devait me succéder. Ceci relève de ma crédibilité et de ma responsabilité en tant que chef du gouvernement, et nous avons opéré, mes équipes et moi, dans la clarté et dans le respect et la transparence.
Que pensez-vous de l'image que l'on véhicule à propos des entreprises privées dans notre pays et que l'on traite presque de vampires qui exploitent le sang et la sueur des employés?
Je n'aime pas cette image. Elle est caricaturale. J'ai vu de grandes entreprises et des opérateurs qui paient leurs impôts, il y en a aussi qui n'assurent pas. Tout comme il y a des contribuables dans la classe moyenne qui ne s'acquittent pas de leurs taxes. Je n'aime pas l'image du riche méchant qui pompe l'argent du peuple. Il y a des bons, des moins bons, et des mauvais partout.
Mon gouvernement a fait en sorte de parer aux des lois sur lesquelles s'appuient les fraudeurs pour ne pas payer les impôts. Parmi les mesures prises dans le cadre de la loi des finances complémentaires de 2014, et la loi de finances 2015, qui rentre en vigueur, nous avons introduits des métiers libres qui ne paient pas.
Quand quelqu'un est capable d'investir 1 million de dinars chaque année dans l'immobilier et déclare des revenus à hauteur de 2.000 dinars pour ne pas régler ses tributs à l'Etat, c'est quand même ridicule. Nous avons pris cette décision pour élargir l'assiette fiscale et ne pas pénaliser les personnes qui sont en règle.
Tout le monde veut de la démocratie, de la liberté, de la sécurité, des routes, des infrastructures et des réalisations. Ils sont tous critiques vis-à-vis de l'Etat mais où est l'engagement citoyen? Les moyens de l'Etat sont ceux dont le dote le citoyen. Il n'y a pas de richesses sans que le citoyen assume ses responsabilités et paie son dû à l'Etat. Il faut vraiment sortir de cette hypocrisie sociale, arrêter de râler et de revendiquer alors qu'on ne remplit pas son rôle et son devoir de citoyen.


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