Le hasard du calendrier a fait que le même jour et à quelques heures d'intervalles, les uns escaladaient d'un pas vif et alerte les escaliers de la Grande Maison de France, et les autres, ceux de la croisette, le décor était similaire : tapis rouge, gardes du corps, foule des grands jours, grands gestes de la main, voitures décapotables si cela est, autographes et grands sourires. Mais, peut me répondre un lecteur, de quoi tu te mêles petite journaliste du tiers monde à moitié analphabète et peu cultivé ? Que voulez-vous, je reste indubitablement curieuse de ce qui se passe sur cette sacrée terre qui semble être devenue une grande salle de cinéma avec une poignée d'acteurs plus ou moins bons, des scénarios quelques fois bâclés, des metteurs en scène parfois compétents, une sonorisation relativement audible et une grande masse de spectateurs clonés à qui il reste plus que les yeux pour voir et les mains pour applaudir. Et le parallèle et la similitude entre les 2 événements français me laissent pantoise et montrent qu'entre le monde du cinéma et celui de la politique, il ne reste plus que l'épaisseur d'un film Ainsi, le succès d'un film dépend de la qualité des scénarios, de la compétence et du flair des metteurs en scène, du talent des acteurs et aussi de la nature de l'histoire dont la fin programmée est plus ou moins heureuse devant l'invasion d'hémoglobine, le temps des films où à la fin, ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants est dépassé- et il ne faut pas oublier que, dans un film, tout est prévu à l'avance et programmé jusqu'au dernier millime. En politique, on peut trouver beaucoup de parallèles avec le cinéma mais il s'agit de films qui durent plus longtemps avec souvent et malheureusement de la vraie hémoglobine perdue par des metteurs en scène souvent bornés ; des acteurs maladroits servis par de mauvais scénarios; et si tout n'est pas écrit à l'avance, les acteurs de cette triste tragédie humaine pourront toujours se justifier en soupirant «mektoub», un mot qui, je pense, est rentré dans le Larousse et le Harraps ! Et la notion de temps n'est pas la même, car au cinéma on peut tromper quelqu'un le temps d'une séance et le spectateur peut quitter la salle quand il veut, ça ne lui coûte que le prix d'un billet. Puisqu'on parle de temps, quand Zadig de Voltaire disait qu'il fallait cultiver son jardin, il n'a pas toujours précisé s'il fallait planter des choux ou des navets !