Je somnolai à 9000 m d'altitude au fond de mon fauteuil attendant le repas qui devait être servi par une hôtesse qui n'avait plus, depuis longtemps, ses 25 printemps quand la voix chaleureuse certes du commandant de bord m'éveilla en sursaut ; il était en train de donner des explications sur le vol qui nous ramenait d'une ville européenne à notre chère patrie : «l'avion 'elle'' vole à 9000 m et le vol durera une heure, et étant partis à 11h, on arrivera à 12h». J'imaginai le pauvre Molière se retourner dans sa tombe à la recherche du sexe de l'avion et M. de la Palisse ricaner en douce découvrant qu'il avait fait des émules. Car je me suis dit ce pauv' commandant aurait pu s'exprimer en anglais et dans la langue de Shakespeare, les objets sont hermaphrodites alors que les mystères de la langue française font qu'un vélo devient une bicyclette et une maison un logis !
Mais tout compte fait et les correcteurs de copies du bac et de l'enseignement supérieur souffrent en silence de ce calvaire où l'on ne sait plus en quelle langue nos étudiants s'expriment et dans quel charabia ils rédigent. Après mure réflexion, j'ai fini par comprendre que, à l'image du franglais, nos compatriotes ont créé le franusien : ils pensent en tunisien et rédigent dans un français phonétique parfois incompréhensible, souvent cela n'est pas de leur faute, c'est leur environnement et si on prend la France les banlieues ont créé le verlan puis le reubeu, laissant les académiciens à leur cido pardon je voulais dire dico.
Et avec cette situation où on est assis entre 2 chaises, on ne peut que comprendre la sage décision d'introduire l'anglais à l'école car, au moins après le chinois et l'espagnol, il y aura toujours quelque part quelqu'un qui parle anglais.
Pour m'amuser, je lance un concours d'été qui fera l'objet d'une autre chronique où il est demandé au lecteur de détecter, sans l'aide du correcteur de Microsoft, le maximum d'erreurs de français et il y aura au moins 3 prix :
- celui qui aura détecté le maximum d'erreurs : un séjour d'hôtel ; - le second, un beau dico ; - et le troisième prix sera une surprise.
Aiguisez vos crayons et engagez-vous à corriger de vous-même.