Notre pays est entrain de connaître depuis des années une libéralisation et une restructuration dans le domaine économique et, mentalement, les tunisiens sont appelés à assimiler ces changements, à les intérioriser et surtout à s'impliquer positivement dans la concrétisation de choix devenus, de nos jours, la condition sine qua non de notre insertion dans le circuit des échanges internationaux. C'est ainsi que l'activité portuaire et le secteur du transport maritime jouent, à l'heure des mutations de notre tissu industriel, un rôle primordial dans la réalisation des objectifs des différents opérateurs économiques et toute initiative ou projet de loi du ministère de tutelle provoque irrémédiablement de redoutables controverses en raison des enjeux et des intérêts qui se déploient dans le secteur.
La polémique .
Les mesures de privatisation graduelle émanant des autorités compétentes dans le domaine portuaire n'ont laissé personne indifférent et tous ceux qui se sont impliqués dans le trafic maritime ont un avis à énoncer, des doléances à présenter et des réserves à exprimer. Des opérateurs économiques, présentés comme étant le fer de lance du secteur privé, reprochent aux autorités de tutelle leur lenteur dans l'application du programme de privatisation et dénoncent la main mise du secteur public dans les ports de Radès et de La Goulette.
Qu'en est-il au juste ? Existe-t-il une situation de monopole étatique au niveau du trafic portuaire ?
Le public accuse :
Les sociétés publiques, chargées de la gestion des ports des environs de la capitale, appellent constamment les autorités de tutelle à redéfinir radicalement les règles du jeu car, disent-ils, « en général, le secteur privé, responsable de l'activité maritime à Sfax et Bizerte, ne respecte pas les législations en vigueur dans le domaine social et ne s'offusque nullement d'empiéter les lois du travail qui ont toujours organisé les rapports « employés-employeurs ».
« les bénéfices substantiels réalisés par les hommes d'affaires impliqués dans la logistique portuaire, sont dus, renchérit un syndicaliste, à une politique de dumping, à un rejet des acquis sociaux, ce qui facilite une expansion continue et la mise en place d'une stratégie de conquête du marché efficace, au détriment, bien entendu, d'un secteur public où la pérennité de l'emploi est garanti, quel que soit le bilan de l'entreprise ».
La frustration du privé :
Si la partie publique continue à crier au loup, certains importateurs et exportateurs tunisiens redoutent les conséquences de l'absence d'émulation et de motivation dans l'activité portuaire des environs de Tunis puisque les sociétés nationales évoluent dans un contexte dénué de rivalité et totalement dépassionné. Des opérateurs privés demandent l'intervention du ministère pour favoriser, à l'instar des expériences de Bizerte et de Sfax, un climat de concurrence entre les différents protagonistes.
« Les coûts de stationnement, d'acconage et de gardiennage sont exorbitants dans les ports de la Goulette et de Radès, déclarent quelques représentants du secteur privé, alors qu'à Sfax et à Bizerte, grâce à la loi de l'offre et de la demande, rien n'est fixé d'une manière unilatérale ». En fait, les deux parties- public et privé- interpellent les autorités de tutelle et l'appellent à réagir pour tenir la bride de l'autre et atténuer, le cas échéant, son appétit débordant et envahissant. D'ailleurs, une source du ministère des transports a totalement réfuté les allégations selon les quelles une quelconque situation de monopole étatique existe dans les ports de la capitale. « Le privé, insiste notre vis-à-vis, ne s'est pas présenté et n'a émis aucune proposition susceptible de répondre aux cahiers des charges. Notre souhait est de voir les tunisiens retrousser leurs manches et rivaliser d'ardeur pour le bien et la prospérité de leur pays ».