A l'approche du mois saint, on nous signale toujours que l'événement en vue n'est pas comme les autres car il s'agit d'un rendez-vous avec le cur de l'homme qui doit donner, à cette occasion, un peu de son avoir pour les démunis. Mais pourquoi notre cur devrait s'ouvrir seulement à ce moment-ci de l'année ? Quelle est cette clé capable d'ouvrir le coffre de notre cur et avec lui aussi celui de notre argent ? Ramadan raconte l'histoire de la charité dans ses plis les plus intimes en mettant l'accent sur la joie du pauvre qui reçoit tout en louant la transfiguration de celui qui donne. Finalement, c'est le cur du riche qui est extraordinaire ou, plus exactement, qui le devient lorsque l'amour de l'autre en fait son trône. «Les plus riches de tous les hommes sont ceux qui foulent aux pieds l'amour des richesses», nous dit El Halaj, l'un des fondateurs de l'école ascétique du temps de la splendeur de la culture arabo-musulmane pour qui le nanti, partageant sa richesse avec le pauvre, devient un ange descendu du ciel pour venir au secours des déshérités sur terre. C'est l'histoire d'une transfiguration car le but principal du don, surtout pendant le mois de Ramadan, n'est pas de remédier exclusivement à un problème social persistant mais de cibler l'âme d'un homme multidimensionnel. Quel défi ! Tendre vers la perfection tient du libre choix de chacun et pourtant des possédants, arrimés à l'opulence, se présentent en apôtres de la charité, donnant ainsi la preuve d'un déliement vis-à-vis des choses de la vie.
Avant de conclure, qu'on admire le paragraphe financier écrit par un saint maraboutique il ya 1000 ans ! Ecoutons-le car la démonstration qui suit étonne même l'homme d'affaires d'aujourd'hui : «N'est-il pas vrai que si vous aviez une rente sur une personne bien riche, et qui aurait de l'affection pour vous, vous aimeriez infiniment mieux la laisser à vos enfants que de l'argent comptant, parce qu'ils seraient assurés d'être bien payés, sans avoir besoin de retirer leurs fonds, et de le placer ailleurs ? Laissez donc Dieu même pour débiteur à vos enfants, et qu'Il leur soit redevable d'une grande somme». A bon entendeur salut !