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« La finance islamique possède une dimension morale qui n'existe pas ailleurs »
Publié dans WMC actualités le 14 - 11 - 2008

Quelles sont les spécificités de la finance islamique et qu'est ce qui fait aujourd'hui qu'elle reste à l'abri des soubresauts de la crise financière internationale ?
Mahfoudh Barouni : La finance islamique est une finance que j'appelle moi moralisante. Les pratiques de cette finance sont soumises à une morale. L'islam est un tout. Il est divin et permet de gérer tout ce qui touche à la vie terrestre partant de la famille, des relations entre les personnes et arrivant à la gestion de la vie économique y compris les transactions et les activités du marché. Il préconise des relations qui se basent sur l'équité et l'honnêteté. Toute transaction non équilibrée au niveau des chances qu'elle accorde aux contractants, et qui peut susciter un conflit ou un déséquilibre au niveau des intérêts, est annulée et considérée comme fausse et non-avenue. Les finances islamiques excluent catégoriquement la spéculation. On ne spécule jamais sur le gagne pain des gens car il y va de leur survie. Jamais on ne tolèrera que certaines personnes prêtent de l'argent et soient remboursées avec des intérêts.
De l'autre côté, le système financier international repose principalement sur une doctrine bien déterminée qui s'appelle profits. Chaque dirigeant d'une institution financière est obnubilé par le profit pour répondre aux vœux des actionnaires et des partenaires. Dans cette recherche absolue du gain on ne s'est pas posé la question si on faisait de l'argent avec ou sans développement économique réel. Cette doctrine a encouragé le développement d'un phénomène de gestion et de mouvement de fonds que j'appellerai moi une « bulle » financière réellement éloignée de la sphère économique réelle et des projets de développement connus et reconnus. L'économie réelle est bien évidemment liée directement à la finance, elle exige même pour la nourrir des sources de financement. Ce qui a existé à ce jour, est qu'une partie seulement des capitaux financiers qui sont gérés par la « bulle » financière est dirigée vers l'économie réelle. La plus grande partie reste, elle, consacrée à des produits purement financiers. Les fonds tournent 40 à 50 fois plus vite en comparaison à ceux qui sont injectés dans la sphère économique réelle. Comment réussi t-on à développer autant d'activités au sein d'activités purement financières ? En lançant des produits purement fictifs qu'on appelle par exemple « Option » « Futures », c'est presque du casino, je joue sur la variation de l'indice boursier entre telle période et autre ou sur le prix des titres sur le marché de Londres où, par exemple, on a développé un produit appelé options qui se vend, qui s'achète, qu'on négocie. Mais derrière toute cette dynamique qu'est ce qu'il y a ? Rien.
Dans la finance islamique L'argent généré par les transactions réalisées doit toujours être recyclé dans le financement des activités de l'économie réelle.
Pourquoi définissez vous les transactions dans le secteur financier comme étant des jeux de casinos ?
Lorsqu'on compare les produits bancaires de ce que nous appelons les dérivatifs avec un casino, je ne vois pas une grande différence. Sauf que dans un casino, les joueurs sont conscients qu'il y a un gagnant et un perdant et la plupart du temps, il y a un seul gagnant appelé le casino. Dans tout ce qui est spéculation par le biais de produits dérivatifs comme les futures et les options, les joueurs qui optent pour ce genre de produits, ne sont pas ceux qui possèdent l'argent. Il y en a qui peuvent perdre et d'autres qui peuvent gagner mais en tout état de cause, la banque gagne à tous les coups en tant que manager en se faisant des marges sur la gestion de ces fonds. La crise n'est pas née d'hier, en 1987,1988 il y a eu une crise. Un Français, prix Nobel de l'Economie a dit clairement dans un article publié sur le journal le « Monde » en 1989 que lorsque la sphère économique réelle est éloignée de la finance, il y a risque d'effondrement de l'économie et que s'il y a une jonction entre les deux, on n'aura pas de crise. Dans son article il préconisait déjà le retour à la notion de la finance islamique qui est le garant de la juste répartition des richesses, et là où sont bannis tous les réflexes de création de richesses fictives, pas de spéculation, pas de complaisance, pas de comportement cavalier...
Comment voyez-vous les choses en tant qu'expert de la finance ?
L'argent ne doit pas circuler s'il ne touche pas à une transaction réelle. Dans une banque islamique, on ne prête jamais de l'argent en contrepartie de l'argent. L'argent ne produit pas de l'argent. L'argent doit être recyclé dans la sphère économique pour le financement de projets réels, prise de participation dans des activités économiques ou des actions de ‘‘Mourabaha'' ce qui veut dire achat comptant, vente à terme. Lorsque nous prêtons de l'argent à une personne qui a lancé un projet, chaque retard de règlement implique des intérêts de retard qui ne peuvent être réintroduits dans le capital de la banque ou répartis entre les épargnants. Ils sont destinés à des projets d'intérêt général. ‘‘Ma'lon la sahiba lahou yadhhabou ila baiti mali el Moslimin'' « L'argent que personne ne possède doit aller dans les caisses de l'Etat et doit être destiné à l'intérêt général ».
Si la banque islamique ne peut pas profiter des intérêts engendrés par les prêts et les financements comment est ce qu'elle peut survivre ?
Tout d'abord il faut savoir qu'à la base des finances islamiques, il y a un principe, c'est celui de pas de revenus sans risques. Des revenus sans risques sont des revenus illicites. En contrepartie de quoi, nous gagnons de l'argent ? Dans une logique d'offres et demandes sur un marché, c'est cette loi qui détermine ce qu'il y a à gagner ou à perdre. Mais ceux qui gagnent à tous les coups ne peuvent être intégrés dans un circuit réel, car ils ne prennent jamais de risques. Nous participons au financement de projets de l'économie réelle, ceux qui accordent des prêts le savent et sont conscients que ces projet peuvent échouer, ceux qui les contractent savent que ceux qui les ont financés ont une part des gains et c'est en tout bien tout honneur.
En règle générale, en économie, on se dit que lorsqu'il y a une richesse qui a été créée, elle doit être répartie équitablement entre tous les facteurs de production. Qui dit facteur de production dit main d'œuvre, capital, équipements et bien sûr le public par le biais des impôts, des taxes et autres.
Lors de la dernière crise, on a relevé que les banques font de l'intermédiation avec l'argent des autres et créent des produits pour en gagner plus et ça ne les a pas empêché de tomber en faillite.
Parlons des subprimes, ces produits posent un grand point d'interrogation, des congressmen américains ont déjà crié au scandale avant le déclenchement de la crise. Les agences de rating ont mal évalué la situation de certaines banques. Qu'est ce qui nous assure qu'il n'y a pas eu des connivences et des complicités entre certaines banques et des agences de rating ? Des agences qui orientent les investisseurs à investir dans tel produit plutôt qu'un autre ou choisir telle banque plutôt qu'une autre. Les autorités financières ont réagi très tardivement. Et pourquoi ceux qui ont toujours revendiqué l'ultralibéralisme, ont-ils demandé aux Etats d'intervenir? Qui va et qui est en train de payer les pots cassés aujourd'hui ? C'est le contribuable international. Nous ne pouvons pas mesurer encore l'étendue du cataclysme suite à tous ces mauvais choix. Où est la justice dans ce qui est arrivé et qui a pour conséquences la ruine de millions de personnes sur toute la planète ? Qui est ce cerveau qui a imaginé un système aussi sophistiqué que vorace qu'il a fini par le dépasser lui-même ? Le système actuel profite à un groupe de personnes qu'on ne voit même pas.
Pensez-vous que le système capitaliste est prêt à revoir les règles sacrosaintes de libéralisme financier ?
Il est évident que pour parer à ce genre de crise dans l'avenir, les systèmes capitalistes vont mettre en place des mécanismes de verrouillage qui leur permettront désormais de tracer des lignes rouges par rapport à toute création abusive de produits fictifs. Il exigera des agences de notation plus de rigueur dans l'évaluation et des produits et des marchés financiers. Ces agences ont perdu beaucoup de leur crédibilité, voyez ce qui s'est passé avec Arthur Anderson il y a deux ou trois ans et cette année Enron qui sont des géants et qui ont perdu leur crédibilité. Je ne serais pas étonné d'entendre dire un jour que de grands actionnaires texans ou ceux de la banque Lehman Brothers avaient déjà retiré leur argent et l'ont mis dans des banques aux îles Cayman. Ce sont des agents avertis qui ont du voir venir la crise. Nicholas Sarkozy a dit que lorsqu'une institution financière marche, on crie à la victoire on exprime notre approbation à la direction et on la félicité pour la qualité de son management. Mais lorsqu'elle failli, il faut aujourd'hui juger les responsables. Le problème aujourd'hui, c'est que non seulement on n'arrive pas à cerner les responsabilités mais les hauts dirigeants qui gagnent des sommes colossales à l'année vont revendiquer des indemnités de 20 millions de $ ou d'Euros. Après avoir fait chavirer le navire, ils exigent des compensations. Qui doit payer aujourd'hui ?
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