«Bonjour, je suis coach. J'interviens dans l'univers entrepreneurial depuis quelques années. Mon métier consiste à accompagner une personne ou un groupe à la réalisation de leurs objectifs personnels et professionnels, et ce en prenant en considération l'autonomie des individus et dans le respect de l'éthique et de la déontologie». C'est comme cela que se présente la jolie jeune femme aux yeux verts qui a organisé un atelier sur l'énnéagramme aux Berges du lac la semaine écoulée. Au cur du séminaire, «le coaching». Un nouveau métier. Largement pratiqué aux USA et arrivé vers la fin des années 80-début des années 90 en Europe, le coaching s'installe en Tunisie. Les coachs sont déjà plus d'une quinzaine à opérer dans le pays. Des entreprises et non des moindres, font d'ores et déjà appel à leurs services. Qui sont-ils, quelles sont leurs formations et d'où viennent-ils? Quels sont leurs outils et que peuvent-ils apporter à l'Entreprise ? Comment reconnaître la fiabilité d'un coach et quels sont les prix pratiqués ? Est-ce un entraînement ou une formation ? Ceux qui y ont eu recours en sont-ils satisfaits ? Etymologiquement, «coacher» c'est "conduire une personne importante du point où elle est au point où elle veut aller». Selon Wikipedia, il s'agit d'«un accompagnement professionnel permettant d'obtenir des résultats concrets et mesurables dans la vie professionnelle et personnelle. A travers le processus de coaching, le client approfondit ses connaissances et améliore ses performances». Jusque dans les années 80, le «coaching» agissait dans l'univers du sport. Quelques années après, ce sont les vedettes du show bizz qui se sont appropriés ses services, suivis de près par les leaders et les entrepreneurs. Jusque-là réservée aux domaines d'excellence et de challenge, la technique est désormais aussi utilisée à des fins d'épanouissement personnel. A ce jour, la profession n'est pas réglementée. En pratique, cela signifie que n'importe qui peut se prétendre coach. C'est précisément ce qui alarme Olfa Khellil, consultante en ressources humaines, technicienne en PNL et Manager de «Eyes Coach». Elle affirme que les coachs tunisiens veulent organiser et structurer le métier : «Nous sommes en train de nous organiser et je conseille la rigueur dans le choix du coach. Je conseille aux clients de demander les certifications avant de signer des contrats de missions». Les coachs viennent d'horizons différents et pas seulement en Tunisie. Lors de mon incursion dans cet univers, les coachs étaient ingénieurs, agronomes, médecins... Ils ont tous fait des études universitaires et se sont reconvertis dans le coaching un peu «par hasard», certains «par don» et d'autres «en apothéose d'un parcours personnel qui les a ouvert sur d'autres voies». Ils ont suivi et certains suivent encore, des formations spécifiques. En fait, précise Olfa Khellil qui est formée à l'école canadienne, «la formation se déroule en plusieurs étapes : une formation théorique d'au moins 120 heures de cours, une supervision par un coach professionnel reconnu à l'international de 6 heures, un examen écrit validé par une école accréditée par l'International Coach Federation (ICF), un examen oral supervisé et validé par un coach professionnel toujours de renommée internationale». Leur travail se fait sur le «terrain» dans des situations concrètes avec des objectifs précis. Au terme d'un diagnostic, le coach pourra être amené à travailler en individuel ou en groupe. A titre d'exemple, il pourra accompagner «le coaché» à dépasser son trac, à faire face à une nouvelle situation, à apprendre à dire non, à avoir plus d'autorité et à mieux «se gérer» en fonction des situations. Le coach peut être amené à motiver une équipe, à la pousser à mieux travailler et à mieux communiquer ensemble. Il accompagne, entre autres, à mieux gérer le stress, à avoir plus de souplesse et de tolérance, à gérer les conflits, à crédibiliser un nouveau statut ... Comme à chaque entreprise il correspond des besoins spécifiques, le recours au «coaching» peut venir d'une démarche personnelle, mais il arrive aussi qu'il soit suggéré par le management de l'entreprise. Il n'est pas rare qu'au sein des équipes, ce soient les plus réticents qui deviennent demandeurs. C'est ce que confirme A.C, Managing Director d'entreprise : «Ce sont les plus hermétiques à l'idée qui sont devenus enthousiastes et motivés par cette nouvelle approche. J'ai eu recours au coaching parce que je ne savais plus rien faire que travailler. Il me fallait réorganiser mes priorités et permettre à mon équipe de s'épanouir». C'est désormais chose faite. Le plus important semble la définition des objectifs auxquels doit répondre le coaching ainsi que les critères qui permettront de mesurer son succès ou échec. La durée du coaching doit d'ailleurs être préalablement définie par un contrat détaillé et écrit. Il va de soit que les contrats sont établis au cas par cas, mais en règle générale, ce sont des missions de dix séances. Les séances durent moyennement entre une heure et demie à deux heures, au rythme d'une séance tous les 10 à 12 jours. Les tarifs sont de 50 DT la séance en 'life coaching'' et de 150 DT HT la séance en 'business coaching''. Le coaching nécessite une certaine maturation. Il installe en fait un processus qu'il faut prendre le temps d'analyser et de voir s'opérer. D'ailleurs les «coach» précisent souvent qu'ils n'apportent pas de solutions. Ils ne sont pas des conseillers. Ils parviennent par le «moyen de techniques d'investigation, d'interrogation, de classification des attitudes à permettre de faire avancer le coaché dans sa réflexion et de trouver par lui-même la décision à prendre». En solo ou en groupe Le coach doit savoir repérer et maîtriser les processus relationnels. Il doit disposer d'une méthode de diagnostic psychologique et avoir une grande maîtrise de la méta-communication. Il doit aussi savoir traiter de certaines problématiques telles que la gestion des «deuils», les jeux de pouvoir et les manipulations. Olfa Khelil définit un bon coach comme celui «qui va accompagner son client en étant comme l'ombre d'un grand arbre et non comme l'arbre lui-même, et ce en respectant toujours les attentes du coaché et ne jamais donner ou imposer sa manière de faire». L'approche s'inspire largement du PNL qui est, selon Francoise Doutriaux, formatrice en Ennéagramme «une approche respectueuse de l'individu, basée sur l'observation de nos motivations, de nos émotions et de nos comportements. Elle met à profit notre formidable capacité à apprendre pour mieux vivre,mi eux se connaître et mieux communiquer».