La France n'est pas en terrain conquis en Libye, un pays considéré plutôt comme le pré carré de l'Italie. Mais de la même manière que celle-ci met le paquet dans des pays de la région perçus comme faisant partie de la zone d'influence française, l'Hexagone mène depuis près de deux ans une stratégie offensive en direction de la Libye, qui fait saliver les entreprises françaises à l'instar de celles de la plupart des pays développés et émergents. «La France a des concurrents en Libye», constate Alain Boutbel, chef du Service économique près l'ambassade de France à Tripoli. Qui souligne que son pays essaie de développer ses relations avec la Libye, ce que traduit «la noria de visites ministérielles», et l'action d'UBIFRANCE. En effet, un an jour pour jour après un séminaire destiné à aiguiser l'intérêt des entreprises françaises pour le marché libyen, cette organisation, qui uvre au développement des exportations françaises dans le monde, a de nouveau braqué ses projecteurs sur la Libye en organisant, lundi 15 juin 2009, un séminaire intitulé «comment travailler avec les fonds d'investissement libyens en Libye, en Afrique et en Europe». Et à en croire les propos des uns et des uns, lors de cette manifestation, entreprises françaises et bailleurs de fonds libyens sont faits pour s'entendre et sont prêts à collaborer les uns avec les autres, tant dans leurs pays et zones d'expansion respectives l'Afrique et l'Europe. Cette convergence semble d'autant plus plausible que chacun apporte quelque chose dont l'autre a besoin : les capitaux, pour la Libye -d'après Christophe Lecourtier, directeur général d'Ubifrance, les fonds d'investissement libyens disposent d'un trésor de guerre de 135 milliards de dollars-, la technologie et le savoir-faire du côté français. Plus. Les fonds d'investissements libyens sont non seulement intéressés par faire du business avec les Français, mais ils ont tout fait, lors de la rencontre du 15 juin, pour nier qu'ils aient l'intention de mettre tous leurs ufs dans le seul panier italien. Interrogé sur la question de savoir si son fonds avaient réellement l'intention, comme la lui prêtait la presse internationale, d'investir 50% de ses capitaux en Italie, Mohamed Layas, président de la LIA (Libyan Investment Authority) a rappelé, en financier avisé, qu'«aucune institution financière n'investirait autant sur un seul risque». Après avoir pendant des années investi ses capitaux dans des banques internationales, la Libye «est en train de se constituer des dépôts en devises», indique le patron de la LIA. Qui pense que cette politique n'est pas la meilleure «en raison de la baisse des devises et de l'inflation», justifiant ainsi la recherche d'opportunités d'investissements «afin de créer une sécurité financière pour les générations futures, en Libye et à l'extérieur». Aussi, les Français sontils encouragés «à apporter leur savoir-faire et à investir à la fois dans l'industrie dont les matériaux de construction- et les services, parmi lesquels les télécoms, le transport, l'éducation, la santé et l'hôtellerie», énumère Hamed Al Houdeiri, président du Fonds de Développement Economique et Social libyen.