Un million 200 mille dinars ont été consacrés en 2008 à l'acquisition de substituts nicotiniques (700.000 dinars), à la stratégie communicationnelle, médias, campagnes de sensibilisation et supports communicationnels pour la lutte antitabac. Rien à voir avec les sommes colossales déboursées par la CNAM en prise en charge et frais médicaux de maladies causées directement par le tabac. A tire d'exemple, en 2008, 100 millions de dinars pour les maladies cardio-vasculaires et 100 millions de dinars pour les maladies cancéreuses. Et ceci n'est qu'un petit aperçu du coût direct du tabac. Pour ce qui est du coût indirect, on ne dispose pas à ce jour de données scientifiques qui permettent de donner une juste valeur aux conséquences du tabagisme sur le tissu économique et social du pays, même si les signes sont perceptibles. La dépendance au tabac coûte cher au toxicomane et à la communauté publique. Et que ceux qui pensent que fumer ne fait pas de vous un toxico se détrompent: l'addiction au tabac est aussi grave que celle aux drogues légères ou dures, car il n'est pas aisé de s'en débarrasser si ce n'est qu'il est plus difficile de s'en libérer que d'une dépendance au cannabis... Etre dépendant, c'est être plus souvent malade, attraper plus rapidement des maladies chroniques telles les grippes, angines et bronchites, guérir moins vite et s'absenter plus souvent. «Pour une personne qui ne fume pas, avoir une grippe ne dure pas plus de trois jours et elle n'a même pas besoins de prendre des antibiotiques, alors que le temps de guérison d'un fumeur prend au moins 10 jours et son traitement implique des antibiotiques, ce qui se répercute par des frais médicamenteux», précise Pr Hichem Aouina, pneumologue et responsable de la consultation de sevrage tabagique à l'hôpital Charles Nicolle. «Labellisées entreprises sans tabac» 2.000 médecins de première ligne, publics et privés, ont été formés au moins de juin pour dispenser le conseil minimal et sensibiliser leurs patients fumeurs venus en consultation ordinaire au sevrage. Parmi eux, plus de 100 médecins ont reçu une formation plus approfondie par des pneumologues afin d'assurer par eux-mêmes les séances de sevrage. Résultat, les consultations de sevrage tabagique qui étaient au nombre de 21 au mois de juin ont atteint les 126 consultations réparties sur tout le territoire national. Et ce n'est pas tout, précise professeur Aouina, 300 médecins du travail ont été formés par l'Institut de la Santé et la Sécurité au Travail car : «L'année 2010 a été décrétée année pour la lutte anti-tabac dans les entreprises et contre le cancer, ce que nous voulons, c'est qu'en 2011, tout comme les entreprises peuvent être labellisées iso, elles soient labellisées entreprises sans tabac». D'autre part, des actions de partenariat ont été réalisées par la CNAM avec les médecins opérant dans le secteur bancaire, pour les sensibiliser à l'importance d'informer leurs patients aux dangers du tabac et les orienter s'ils se montrent prédisposés vers des consultations de sevrage. Mais ce qui représente une grande première, assure Pr Hichem Aouina, c'est que pour la première fois à la Faculté de médecine de Tunis, on va assurer des cours académiques s'étalant sur toute une année pour dispenser aux médecins étudiants des diplômes de tabacologues, ce qui en fait d'eux des spécialistes. C'est donc une reconnaissance du fléau du tabagisme et de la nécessité de donner des formations plus pointues aux médecins. «Taffih khir may ytaffik» (éteins-le avant qu'il ne t'éteigne) est le slogan de la campagne médias confiée à une agence privée pour l'occasion. «Nous avons réalisé que tous nos efforts de sensibilisation poursuivis sur des années, auprès de la société civile et du grand public, ne portaient pas leurs fruits, nous avons donc préféré confier le travail de communication à des spécialistes», explique Dr Mounira Nabli, chef de service des maladies chroniques à la direction de la santé des soins de base au ministère de la Santé. Cinq commissions ont uvré à la mise en place des actions d'information et de sensibilisation aux dangers du tabagisme sous l'égide du ministère de la Santé. La commission des ONG et société civile présidée par Salem El Mekki, la commission de sensibilisation de la presse présidée par Slaheddine Dridi, directeur général de l'information, la Commission de la législation présidée par le directeur général des affaires juridiques au ministère de tutelle, celle de la recherche présidée par le directeur général de la santé, et la commission de sevrage. 65% de la population tunisienne ne fume pas et il n'en tient qu'à elle de réagir de manière civilisée et consciente pour sensibiliser les fumeurs à leurs responsabilités vis-à-vis d'eux-mêmes mais aussi vis-à-vis de leurs proches, leurs amis, leurs enfants et leurs parents. Et il ne faut pas oublier ceux qui partagent avec eux le trajet dans les transports publics, où les consignes légales ne sont pas toujours respectées, ou s'assoient près d'eux dans un lieu public. Des personnes dont le seul tort est une promiscuité avec des fumeurs parfois voulue et dans la plupart des cas non voulue mais tolérée. Lire aussi : - Tunisie - Loi antitabac : Le nouveau projet de loi prévoit l'interdiction de vente des cigarettes aux jeunes de -18 ans - Tunisie - Tabac - Santé : Des maladies à n'en pas finir pour un coût inestimable