Le porte-parole de l'Association Nationale des Petites et Moyennes Entreprises (ANPME), Abderazek Houas a indiqué qu'une réunion a été tenue avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden et le ministre de l'Economie, Samir Saïed portant sur le redressement économique des PME. « Plusieurs associations concernées par la question des PME étaient présentes… Il s'agit d'un programme permettant de soutenir et de créer ce genre d'entreprises », a-t-il ajouté. Invité le 3 mars 2023 par Malek Khaldi à « La Matinale » sur Shems Fm, Abderazek Haouas a indiqué que le projet comporte des lignes de financement permettant d'accompagner et de financer les PME. Il a expliqué que des fonds similaires avaient été mobilisés durant la crise pandémique. « La somme des fonds mobilisés n'a pas été communiquée… Le programme est presque finalisé… Nous devons préparer le cadre… Nous avons senti que le ministère de l'Economie s'était doté d'une stratégie… La vision est parfaite puisqu'elle évoque la préservation des entreprises et ne se limite pas à leur création… Il y a une divergence entre cette vision et la réalité… La législation en matière d'économie, telle que le système des cahiers des charges et des autorisations, crée des problèmes… Il y a un blocage au niveau du système bancaire… 50.000 agriculteurs sont interdits de prêt bancaire », a-t-il révélé.
Abderazak Houas a indiqué que les PME en situation régulière avaient bénéficié de l'appui de l'Etat. Il a estimé que le gouvernement aurait dû aider les entreprises en difficulté financière. Il a indiqué que les efforts du ministère de l'Economie n'étaient pas suffisants et que l'encadrement et l'appui aux PME nécessitaient un engagement de la part de l'intégralité des ministères. Il a insisté sur la révision de la législation en vigueur en matière de changes et à l'emprisonnement pour les chèques sans provision.
« Notre réalité est celle des entreprises ne pouvant pas continuer à travailler alors qu'elles sont théoriquement actives… La dissolution d'une entreprise nécessite des fonds. Il faut déposer un bilan financier, faire appel à un expert-comptable et préparer ses papiers et ses factures. Or, les propriétaires n'ont même pas les fonds leur permettant de payer le loyer et de verser les salaires des employés… Cette procédure coûte entre dix et douze mille dinars… Le propriétaire de l'entreprise se retrouvera face à l'impossibilité d'honorer ses engagements financiers… Il sera classé dans la Banque centrale et il ne pourra plus accéder à un financement », a-t-il expliqué.
Abderazak Hoaus a considéré qu'on devait lancer une bouée de sauvetage à ces personnes en retirant leurs noms des listes de classification au sein de la Banque Centrale de Tunisie. Il a évoqué l'exemple du Qatar qui avait supprimé la peine de prison pour le chèque sans provision. Il a indiqué que le pays en question a considéré que cette sanction portait atteinte à l'économie nationale. Il a révélé que 2,1 millions d'affaires, actuellement, portaient sur des chèques sans provision. Il a assuré que dans les pays européens, les débats sur la question des chèques sans provision avaient eu lieu durant les années 80. Il a estimé que la législation était caduque et que la législation tunisienne nécessitait une mise à niveau.
Abderazak Houas est revenu sur le système anglais en matière d'activité économique. Il a expliqué que le principe était la liberté d'initier. La législation pose une liste d'activités interdites et laisse le champ libre aux acteurs économiques. En Tunisie, la philosophie du droit repose sur des codes et des listes d'activités autorisées par ces codes. « Par exemple, un propriétaire de deux voitures n'a pas le droit de créer une agence de location. La loi pose des normes pour la création de ce genre d'entreprise. Autre exemple, si je développe une idée portant sur une nouvelle activité qui n'existe pas dans un code, je n'obtiendrai pas d'autorisation… Tu es l'esclave du code ! Nous avons un problème de fourrage. Je pourrais extraire les algues maritimes et les transformer. Je n'ai pas le droit de le faire car il me faut une autorisation qui n'existe pas dans le code. Pourquoi m'interdit-on ceci ? Même en possédant deux camions, je n'ai pas le droit de créer une entreprise de transport, il me faut sept camions. Si un camion coûte 100.000 dinars, il me faudra 700.000 dinars. Je dois être riche ! L'économie doit, donc, être monopolisée par les riches ! », s'est-il exclamé.
Abderazak Houas a expliqué que ces éléments poussaient en partie les jeunes à migrer clandestinement et à quitter le territoire tunisien par tous les moyens. Il a affirmé que la Tunisie était dépourvue de la liberté économique et qu'elle reposait sur un système de rente. Il a assuré qu'il était impossible, à une personne riche de créer une banque. Il a indiqué que la non-transformation de la poste en établissement bancaire résultait du refus d'un club privé formé par certaines familles qui veulent contrôler le système bancaire.
Pour ce qui est de la création d'une petite entreprise, Abderazak Houas a expliqué que les frais comportaient une déclaration mensuelle de trente dinars, cent dinars en frais de comptabilité, un minimum d'impôt annuel égal à 500 dinars et les frais de contribution sociale de Solidarité d'une valeur de 400 dinars. La somme totale se rapproche des 2,5 mille dinars par an. Le porte-parole de l'ANPME a indiqué qu'au Maroc, les entreprises nouvellement créées ne paient rien en cas d'absence de revenus. Abderazak Hoaus a affirmé que les banques préféraient accorder des prêts à l'Etat en raison des garanties de remboursement. Il s'agit d'une mesure permettant de gagner de l'argent sans danger. Néanmoins, ces prêts ont conduit à la dégradation de la valeur du dinar. L'inflation, selon lui, ne résulte pas seulement de la hausse des prix.