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Ces milliards que Kaïs Saïed est en train de perdre
Publié dans Business News le 16 - 10 - 2023

Une nouvelle fois, le président Kaïs Saïed met les riches dans son viseur et tire à bout portant. C'était hier, dimanche 15 octobre, à Bizerte lors de sa visite à un centre hospitalier régional. « Où sont les milliards ? Quand je parle de milliards, ils disent qu'ils sont innocents ! », a accusé le chef de l'Etat laissant entendre, une énième fois, que la Tunisie est dérobée de ses richesses par les lobbys et une dizaine de personnes.
Quelques minutes auparavant, il montrait sa désolation de la déliquescence du service public (santé, éducation…) alors que le privé continue à bien fonctionner. « Si tu n'as pas d'argent, tu meurs (…) le scanner ne fonctionne pas dans le public, mais il fonctionne bien dans le privé (…) », a déclaré le président.

Cela fait quatre ans que Kaïs Saïed est le chef de l'Etat et cela fait quatre ans qu'il répète les mêmes formules. Des formules identiques à celles de son prédécesseur Moncef Marzouki, soit dit en passant. Il met face à face l'Etat contre le privé, les riches contre les pauvres, les lobbys contre les délaissés, les patrons contre les intérimaires. Ce discours, populiste à merveille, marche parfaitement auprès de la population. Son plus grand mérite est qu'il dévie les regards des vrais responsables et des vrais coupables. La recette est toute prête et le plat se digère instantanément. Au lieu de s'interroger sur ce qu'a fait le président de la République durant ses quatre ans d'exercice (dont deux de pleins pouvoirs), le peuple regarde vers les nantis et les accuse de tous les maux. Kaïs Saïed se drape de la cape du gentil David face au méchant Goliath. C'est toujours nous les pauvres face à eux les riches. Nous les gentils face à eux les méchants. Nous les travailleurs face à eux les rentiers. Nous, les intègres face à eux, les corrompus. Cette rengaine dure depuis quatre ans et cela fait quatre ans que ça marche. Crédules ? Cela ne fait pas l'ombre d'un doute, car il faut vraiment être crédule pour croire à cette mauvaise chanson pendant quatre ans. Il faut vraiment être crédule pour ne pas s'interroger sur ce qu'a fait le président pendant quatre ans et comment il n'a toujours pas réussi, durant toute cette période, à vaincre tous ces méchants qui appauvrissent la population. Il faut vraiment être crédule pour lui chercher, encore et toujours, des excuses à deux balles.
Il y a onze mois, Kaïs Saïed a créé une commission chargée de restituer les biens dérobés. Il était question qu'elle ramène quelque 13,5 milliards de dinars. Onze mois après, toujours rien.
Plusieurs (dont Business News) ont prévenu, dès le premier jour, que cette commission n'allait rien ramener et que le chiffre est fantasmagorique. À la clé, il y a eu des moqueries et des accusations salissantes. « Vous allez voir ce que vous allez voir », nous promettait-t-on. Onze mois après, on n'a rien vu de cet argent.
En revanche, on est en train de voir des innocents en prison. Hassine Doghri et Mehdi Ben Gharbia en pôle position. Deux hommes d'affaires brillants dont le seul tort est d'avoir réussi à gagner plus que les autres. « Ce sont des corrompus, vous défendez les corrompus au détriment du peuple ! », nous répond-on. Je suis bien disposé à vous croire, mais avez-vous l'once d'une preuve qu'ils sont corrompus ? Ne voyez-vous pas qu'ils sont en train de subir du racket d'Etat, identique à celui observé durant la sinistre troïka ?
La question est balayée d'un revers de la main. Elle ne devrait même pas se poser, Kaïs Saïed étant l'homme le plus intègre de la planète. La crédulité, encore et toujours.
Après quatre ans d'exercice, les yeux des crédules ne sont toujours pas ouverts. Ils font la queue devant les boulangeries et ils accusent les corrompus. Ils ne trouvent pas de café, de sucre et de médicaments et ils accusent les lobbys. Les prix grimpent excessivement et ils accusent les spéculateurs. On reprend systématiquement les formules toutes prêtes servies par le président pour tout expliquer. Pourquoi chercher des réponses compliquées, quand on a devant soi une réponse facile et évidente ? Pourquoi regarder la lune lointaine quand on a un doigt si près ?
Cette chasse aux sorcières a des conséquences dramatiques qui se ressentent déjà. Il suffit juste d'ouvrir les yeux.
Regardez autour de vous combien de boulangeries ont fermé leurs portes depuis que Kaïs Saïed s'est occupé du sujet du pain !
Regardez autour de vous combien d'hommes d'affaires ont stoppé tout investissement et donc toute création d'emploi et de richesses !
Regardez autour de vous combien de médecins, d'enseignants et d'ingénieurs ont quitté le pays vers l'Europe et les pays du Golfe !
Regardez le déficit budgétaire de l'Etat et les très faibles chiffres du titre II relatif à l'investissement !
Regardez devant les ports combien de bateaux sont en rade en attente d'être payés.
Entrez dans les administrations et regardez les fonctionnaires peinant à trouver du papier, de l'encre, du matériel et des fournitures. Tout l'argent est en train de partir pour les salaires et on laisse très peu de budget pour le fonctionnement et l'entretien. On en est arrivé jusqu'à manquer de passeports !
Regardez combien d'hommes d'affaires sont en prison parce qu'ils ont émis des chèques en bois qui devaient être recouverts par des factures non honorées de l'Etat.
Regardez comment les réserves des banques ont été asséchées au profit du budget de l'Etat et au détriment de l'économie.
Regardez cette déliquescence de l'Etat !
La réponse classique des « eux et nous », « riches et pauvres », « intègres et corrompus » ne peut pas être valable partout tout le temps ! Non, elle ne peut pas ! Non seulement elle est fausse, mais elle est idiote. Elle a beau venir d'un intègre, elle est en train de corrompre les esprits.
En courant derrière des milliards hypothétiques, Kaïs Saïed laisse échapper des milliards réels. La débandade que vivent actuellement nos hommes d'affaires a pour conséquence des milliards de dinars de manque à gagner pour l'Etat et l'économie tunisienne. Leur frilosité et leur peur empêchent la création d'emplois et la génération de croissance.
En offrant à la population des réponses toutes prêtes et en la victimisant, il l'empêche de regarder la réalité en face et de résoudre le problème à sa racine. Pire, il alourdit la facture des réformes qui, tôt ou tard et inévitablement, seront entreprises.


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