Monsieur le Vice-Président, En ce mois de Ramadan, temps de recueillement et de quête spirituelle, je vous adresse cette lettre avec la conviction qu'il est des moments où l'histoire, la pensée et la conscience collective doivent se croiser. Ce temps sacré, propice à la réflexion, offre un cadre idéal pour interroger les principes qui guident nos choix et orientent notre monde. Pourquoi vous écrire ? Parce que nous avons, vous et moi, une admiration profonde pour Saint Augustin. Mais surtout parce que, en tant que fils de Carthage, cette terre où Saint Augustin enseigna et médita sur les tourments du monde, je ressens une affinité particulière avec sa pensée. Lui, témoin de la décadence de Rome, forgea une réflexion qui demeure, aujourd'hui encore, un phare intemporel pour qui cherche la justice et la vérité. Cette pensée, née dans la tourmente, continue d'éclairer ceux qui refusent de céder au chaos et qui cherchent un ordre juste. Dans La Cité de Dieu, Augustin nous enseigne que la paix véritable ne naît ni de l'isolement ni de la conquête, mais d'une harmonie supérieure, d'un dépassement des intérêts immédiats au profit d'un ordre plus juste. "Pax omnium rerum est tranquillitas ordinis." Or, en observant l'orientation de la politique américaine, je ne peux que m'interroger : cet idéal augustinien trouve-t-il encore un écho dans l'action de votre administration ? Là où Augustin voyait dans l'effondrement de Rome un avertissement contre l'aveuglement des puissants, l'histoire semble aujourd'hui répéter ses leçons. Une nation ne grandit pas en se repliant sur elle-même, ni en faisant de son pouvoir un instrument de division. Augustin dénonçait ces royaumes où la justice était sacrifiée sur l'autel des intérêts particuliers. Pourtant, aujourd'hui encore, l'aide internationale devient un levier de marchandage, la solidarité un calcul, et l'équilibre du monde un jeu d'influence. Carthage, à son apogée, fut un carrefour de cultures, un espace d'échange et de grandeur partagée. Que reste-t-il de cet idéal lorsque les nations s'éloignent les unes des autres, préférant la défiance à la coopération ? La véritable force d'un empire ne réside pas dans sa capacité à dominer, mais dans celle d'unir, d'élever, de bâtir un monde où la justice et l'inclusion prévalent. Je ne prétends pas vous donner de leçons, mais simplement vous inviter à la réflexion. Non possumus adversus veritatem aliquid, sed pro veritate. Car l'histoire n'épargne pas ceux qui s'écartent de ses principes fondamentaux. Puisse votre rôle, singulier et éminent, être guidé par ces idéaux qui, au-delà des siècles, éclairent encore ceux qui acceptent d'écouter leur résonance. Avec l'assurance de ma plus haute considération,