Le 31 décembre 2019, la Commission sanitaire municipale de Wuhan (province de Hubei) en Chine a signalé plusieurs cas de pneumonie. Ceux-ci ont ensuite été identifiés comme étant des cas de contamination par un nouveau type de coronavirus : le SARS-Cov-2. La maladie, appelée Covid-19, a touché 5.807.149 d'individus dans le monde. Jusqu'au jeudi 28 mai, 2.510.388 se sont rétablis et 357.807 ont succombé au virus. Et pour cause, l'indisponibilité d'un traitement spécifique, sauf la très controversée hydroxychloroquine (HCQ) – une molécule, dérivée de la quinine, un médicament historique utilisé contre le paludisme (Malaria) – que la communauté scientifique a commencé à utiliser en mars dans le cadre d'essais cliniques.
La Food & Drug Administration (FDA/administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) n'a pas tardé à reconnaître des effets néfastes à cette molécule. Dans un communiqué publié le 24 avril 2020, elle a affirmé qu'elle continuait à examiner la base de données de la American Association of Poison Control et les articles scientifiques relatifs aux évènements indésirables constatés auprès de patients Covid-19 traités à l'hydroxychloroquine, tels que les troubles du rythme ventriculaire entrainant, parfois, la mort. La FDA a aussi indiqué qu'elle continuerait à enquêter sur les risques associés à l'hydroxychloroquine et de la chloroquine et a émis des restrictions d'utilisation.
Le 22 mai, la prestigieuse revue médicale britannique, The Lancet a, elle, publié les résultats d'une récente étude menée auprès de 96.032 patients Covid-19 de différents pays confirmant la nocivité de cette molécule et une autre qui lui est proche, la chloroquine (dérivée aussi de la quinine). L'étude met en avant un risque de mortalité accru mais ne condamne pas définitivement ces molécules. « Nous n'avons pas été en mesure de confirmer l'avantage d'administrer l'hydroxychloroquine ou la chloroquine – seules ou avec un macrolide – aux patients atteints de Covid-19. Ces schémas thérapeutiques ont été, tous, associés à une diminution des chances de survie à l'hôpital et à une augmentation de la fréquence des arythmies ventriculaires quand utilisés pour le traitement de la pandémie Covid-19 », lit-on dans la revue The Lancet.
Dans la foulée de l'annonce de ces résultats, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé la suspension momentanée de l'utilisation de ce traitement. L'OMS a, rappelons-le, lancé son initiative Soldarity, en mars, pour étudier plusieurs options thérapeutiques contre la pandémie Covid-19, entre autres, la chloroquine et l'hydroxychloroquine, utilisées pour traiter le paludisme et des affections rhumatologiques. En dépit du constat sur la nocivité du traitement, la communauté scientifique reste divisée. La Tunisie et la France – où l'utilisation de l'hydroxychloroquine et de la chloroquine était soutenue – viennent de suspendre son utilisation conformément aux recommandations de l'OMS.
La Tunisie a autorisé ce traitement dans le cadre d'essais cliniques depuis le 24 mars alors que le pays ne comptait que 114 cas confirmés de Covid-19 dont 74 importés. La médication a, notons-le, été autorisée uniquement sous contrôle médical et après consentement des patients. Le gouvernement français a, lui, abrogé, le 27 mai, le décret autorisant l'hydroxychloroquine à l'hôpital pour traiter la pandémie Covid-19. Le jour même, le Pr Didier Raoult, fervent défenseur de l'hydroxychloroquine, a rétorqué en publiant le résumé d'une étude attestant de l'efficacité d'un schéma thérapeutique à base d'hydroxychloroquine. Cette étude a été conduite, selon le Pr Raoult, auprès de 3737 patients atteints de Covid-19 et traités par une combinaison d'hydroxychloroquine et d'un antibiotique appelé azithromycine. « Un diagnostic, un isolement et un traitement précoces avec au moins trois jours de HCQ-AZ (hydroxychloroquine et azithromycine, ndlr) se traduisent par des résultats cliniques significativement meilleurs chez les patients atteints de Covid-19 que les autres traitements », lit-on dans l'étude publiée sur le site de l'IHU de Marseille.
Le Maroc et l'Algérie – pays d'Afrique les plus touchés par la pandémie – ont eux, décidé de continuer la prescription de ces molécules aux cas Covid+. Le Maroc a, d'ailleurs, été le premier pays à généraliser l'utilisation de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine pour tous les cas Covid+ sous réserve d'examen cardiologique au préalable. Jusqu'au 28 mai, le royaume a enregistré 7636 cas de contamination au SARS-Cov-2. Le nombre de personnes guéries s'élève à 5109 et le nombre de décès à 202. Les statistiques officielles confirment, par ailleurs, que jusqu'au 26 mai, 4841 individus se sont rétablis grâce au protocole thérapeutique à base de chloroquine. L'Algérie a annoncé, en avril, une réussite quasi totale du protocole précité. Ce traitement a été administré aux cas Covid+, sauf ceux souffrant de maladies cardiovasculaires ou d'intolérance à ces antipaludiques. Selon l'agence de presse algérienne (APS), l'efficacité clinique du traitement a été prouvée dans 90% des cas. De même pour le Brésil, où la chloroquine fait l'objet d'une véritable obsession pour le président du pays, Jair Bolsonaro. Celui-ci tient toujours à ce traitement, contrairement à son homologue américain Donald Trump, qui a annoncé, le 24 mai, avoir abandonné son traitement préventif après une semaine d'utilisation sans, pour autant, reconnaître les avis scientifiques défavorables à l'utilisation des antipaludiques pour soigner les cas Covid+. Les Etats-Unis et le Brésil comptent le nombre le plus élevé de contaminations par le SARS-Cov-2, avec respectivement 1.735. 877 et 414. 661 cas Covid+.
Le protocole à base d'hydroxychloroquine n'est pas le seul en test. L'OMS a lancé des essais cliniques sur trois autres schémas thérapeutiques. Le premier est à base de remdésivir utilisé initialement dans le traitement du virus Ebola. Selon l'OMS, ce protocole a « donné des résultats prometteurs dans le cadre d'études sur l'animal pour le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), également dus à des coronavirus ». Le deuxième schéma est une combinaison de lopinavir et de ritonavir, « un traitement homologué de l'infection à VIH ». Cette médication est utilisée en Algérie. Elle est administrée aux cas Covid+ souffrant d'insuffisance cardiaque ou d'intolérance aux antipaludiques. Selon l'OMS, « des expériences de laboratoire indiquent que cette association peut être efficace contre la pandémie Covid-19 mais les études menées à ce jour sur des patients n'ont pas été concluantes ». Le troisième protocole soumis aux tests est l'interféron bêta-1a, utilisé pour traiter la sclérose en plaques.