Le tourisme est frappé de plein fouet par une crise aiguë. Cependant, il n'est pas le seul à en souffrir, d'autres activités ont besoin aujourd'hui d'une bonne assistance financière. L'agriculture, le textile-habillement et les industries électriques et mécaniques en premier lieu Nos décideurs aussi bien politiques qu'économiques s'enlisent de plus en plus dans leurs fausses notes. En effet, à chaque fois qu'on parle de relance, on se retrouve automatiquement face à des programmes et autres plans d'action totalement focalisés, ou presque, sur le tourisme. Comme si notre politique économique et sa croissance reposaient uniquement et exclusivement sur ce secteur. Ce qui n'est, heureusement, pas le cas. Certes, le tourisme, avec une contribution de 7% du PIB, et 400.000 postes d'emploi, reste un secteur important. Mais certainement pas vital. Il y a d'autres secteurs aussi, importants. Une exigence de rentabilité On pense ainsi à l'agriculture qui assure à elle seule plus de 11% du PIB et détient une bonne part de nos exportations. Or, ce domaine d'activités se retrouve, depuis quelques années déjà, en pleine difficulté, faute d'investissements, d'innovation, d'encadrement, de mécanisation... Autant de difficultés qui ont affecté sérieusement sa production, son rendement et notamment son positionnement sur le marché international. Assurément, la promotion du tourisme et la garantie de sa bonne tenue restent très profitables au secteur agricole qui écoule environ 25% de sa production sur le réseau hôtelier, mais elles ne doivent pas se faire à ses dépens, ni encore se traduire par sa négligence. Justement, face à un marché international hautement concurrentiel, l'agriculture est appelée à répondre régulièrement aux exigences de la rentabilité et de la compétitivité. Ce qui implique un soutien financier permanent et un encadrement efficace. En plus du secteur agricole, l'industrie de textile-habillement a besoin, elle aussi, d'actions de sauvetage stratégiques. Cela est d'autant plus vrai que le textile tunisien est passé, en l'espace de quelques années seulement, d'un secteur phare à un autre tout à fait ordinaire. Il faut rappeler, à ce propos, que le textile-habillement était, il n'y a pas si longtemps, le premier secteur exportateur de toutes les industries manufacturières avec plus de 40% du volume global. Il était aussi le premier secteur employeur. Aujourd'hui, le secteur a perdu son leadership. La contribution de ses exportations au volume global se limite à environ 23% seulement. Les branches à haute valeur ajoutée en priorité Un tel ralentissement était tout à fait prévisible, car depuis 2011 le secteur n'a cessé de cumuler les pertes sèches. Les statistiques disponibles montrent que depuis la révolution le textile-habillement tunisien a perdu plus de 300 entreprises et environ 30 mille postes d'emploi. Et cette tendance risque de se maintenir. Justement, durant les 6 premiers mois de 2015, les exportations du secteur, notamment les vêtements, ont accusé un repli d'environ 8%, en raison surtout d'un mauvais positionnement sur nos marchés traditionnels. Aujourd'hui, il est impératif de repenser sérieusement ce secteur et lui accorder l'assistance financière nécessaire. Cela est d'autant plus important que le textile-habillement dispose encore d'importants gisements de compétitivité. Cette assistance doit tenir compte de la valorisation de l'offre, la diversification des circuits de distribution, l'optimisation des performances logistiques, la maîtrise du marché parallèle, qui fait beaucoup de tort au marché local, et le développement de la veille technologique. De leur côté, les industries mécaniques et électriques ont besoin d'un bon soutien financier. Certes, nos IME continuent à résister à cette conjoncture défavorable, ce qui leur a permis d'assurer des résultats encourageants, avec une part des exportations de plus de 40% du volume global des industries manufacturières. Mais exigences des donneurs d'ordres internationaux obligent, le secteur est condamné à se diversifier davantage et à s'innover. Il doit s'orienter de plus en plus vers les branches à haute valeur ajoutée. On pense surtout à l'aéronautique, encore timide.