Dorra Bouchoucha a dirigé les dernières sessions des Journées cinématographiques de Carthage. Dans ce texte qu'elle nous a dressé, elle rend hommage aux chevilles ouvrières, souvent méconnues du ministère de la Culture (aujourd'hui, certaines d'entre elles sont décédées), et qu'on ne cite presque jamais. En ces temps troubles que traverse notre pays, la critique est aisée, justifiée certes, elle fuse de partout et s'attaque à tout. La plus acerbe est celle qu'on fait de l'administration et ses fonctionnaires. Il est vrai que les défaillances et les dysfonctionnements sont légion mais si l'administration n'avait pas cessé de fonctionner au lendemain du 14 janvier 2011, le pays aurait eu un destin qui n'aurait rien eu à envier à notre voisin libyen. A l'instar de toutes les composantes de notre société, l'administration s'est vue totalement déstabilisée, parfois égarée, déboussolée car sans projet ni vision ce qui a engendré un dangereux immobilisme pour l'avenir du pays. Et pourtant, il y a des femmes et des hommes dans tous les secteurs qui travaillent d'arrache-pied, avec une vraie conscience professionnelle, c'est en me référant à eux que je voudrais rendre hommage aux soldats de l'ombre du ministère de la Culture avec qui j'ai eu la chance de collaborer durant plusieurs années et notamment pendant les trois sessions des Journées Cinématographiques de Carthage que j'ai eu le privilège de diriger. Je voudrais commencer par celui qui nous a fait apprécier et respecter ce corps de métier si j'ose dire, si communément décrié, il s'agit de feu Abdelhamid Hellali qui, après avoir gravi les échelons de la direction financière du ministère, est arrivé au poste de chef de service, mais qu'une maladie sournoise a subtilisé trop tôt à la vie. Sa conscience professionnelle, son éducation légendaire, son attitude envers tous était empreinte d'une bienveillante attention sans jamais se départir d'une rigueur hors pair . Pour tous, Abdelhamid Hellali était un repère, plus : un roc de l'administration, toujours fidèle à son poste, nous pouvions l'appeler à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit pour résoudre les problèmes. Il est de notoriété publique que l'organisation d'un festival exige une souplesse en contradiction avec la législation publique et feu Abdelhamid a toujours cherché les solutions les plus efficaces et les plus légales. Autre personne disparue trop tôt, Mondher Gargouri, qui était l'abnégation même, de plus, il aimait le cinéma et s'occupait de la filmothèque avec rigueur et sensibilité. Nous, organisateurs de festivals venant du privé qui ne sommes pas rompus aux méandres de la rigidité administrative, avons été vraiment épaulés, conseillés et avons travaillé en étroite collaboration avec ces soldats de l'ombre : Mohamed Snoussi : (direction administrative et financière) toujours à l'écoute de nos besoins pour notre plus grande satisfaction. Mohamed Zhani : Transit et réception des films, n'a jamais ménagé sa peine pour être à la hauteur de sa mission.Ridha Rokbani et Hosni Guenoun : circulation des copies, pas de festival réussi sans leur dynamisme. Abdelkrim Daoui : régisseur, a tout fait pour satisfaire nos demandes avec l'aide précieuse de Ridha Dhabi : démarcheur, Faycel Ghozlane : chargé du transport local , un poste difficile qu'il a assumé avec sang-froid et exemplarité. Mohamed Salah Hamada : émission des billets d'avion, a assuré sa tâche avec efficacité. Sami Ben Souissi, Oussama Khalfallah et Hamadi Ben Amara : accueil aéroport, un poste sensible, tous les invités nous ont exprimé leur satisfaction. Moufida Melki : Bureau d'accueil, toujours de bonne humeur une qualité indispensable pour l'accueil des invités. Ammar Mtaoua: régisseur, très bonne entente avec notre équipe. Zyed Ladgham : Régisseur, gentillesse et efficacité. Sans oublier, bien sûr, le directeur de cette équipe M. Fathi Kharrat, l'infatigable et irremplaçable Samir Belhaj Yahia ainsi que Youssef Lachkham qui a su s'adapter à notre manière de travailler sans se départir de sa rigueur. Qu'ils soient ici tous remerciés des efforts qu'ils ont fournis pour la réussite des sessions que nous avons préparées ensemble, ils ont su s'adapter à nos méthodes de travail et ont permis que s'instaure une ambiance à la fois amicale et efficace pour le plus grand bien de tous et pour que les JCC donnent la meilleure image possible de notre pays. Que ces soldats de l'ombre soient un exemple pour tous.