La relance du commerce des viandes rouges sera probablement déclenchée par une autre fête religieuse, soit le début de l'année de l'hégire. Deux semaines après la célébration de la fête du sacrifice ou Aïd el Idha, le commerce des viandes rouges est encore en mal de reprise. Les bouchers ont l'habitude de suspendre leur activité de plusieurs semaines car rassurés quant à l'approvisionnement des ménages en viandes rouges, et plus particulièrement en viande de mouton. Cette année, la baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation du prix du bétail ont fini par dissuader bon nombre de Tunisiens à fêter l'aïd en bonne et due forme. Ils ont, en effet, préféré faire l'acquisition d'une quantité de viande suffisamment importante pour mijoter les mets spécial aïd et régaler le palais. Estimant qu'il est temps de reprendre le travail, certains bouchers se heurtent, toutefois, à une demande bien en deçà de leurs attentes. Haïthem Riahi est boucher depuis dix ans. Après deux semaines de repos ou de «congé annuel », comme il se plaît à dire, il a rejoint sa boucherie jeudi dernier. Sa vitrine ne compte qu'une petite quantité de viande hachée et des tripes. Une cliente s'arrête pour acheter de la viande hachée d'une valeur d'à peine trois dinars. «C'est la première fois que je décide de reprendre mon travail au bout de deux semaines de congé. Généralement, nous terminons notre travail le troisième jour de l'aïd pour le reprendre après six semaines. Ce congé est plus que logique, dans la mesure où la demande en viandes rouges régresse significativement après l'aïd el Idha », indique-t-il. Cependant, cette année semble exceptionnelle à plus d'un titre. Outre l'abstention sans précédent des Tunisiens quant à l'achat du mouton, les clients se font rares même après la période de l'aïd. «Même ceux qui ont accompli le sacrifice et qui ont eu recours à moi pour le découpage de la viande, le nettoyage des têtes et des pattes de mouton ainsi que pour la préparation des saucisses, ont opté pour des agneaux dont l'ensemble de la viande suffit à peine à remplir trois sachets de format moyen », renchérit-il. Tous ces signaux laissent deviner une reprise plus fluide que d'accoutumée. Or, et à la grande surprise des bouchers, il n'en est rien ! « Nous avons repris notre travail une semaine après l'aïd. Mais la demande reste fort timide », fait remarquer Salah Rebaï, un autre boucher. Et d'ajouter que la relance du commerce des viandes rouges sera probablement déclenchée par une autre fête religieuse : le début de l'année de l'hégire. Pour Belgacem Nouri, boucher, lui aussi, la reprise se fera longue et coïncidera sans aucun doute avec la fin de l'année administrative. Ce qui ne l'empêche aucunement, en ce deuxième jour de reprise, d'égorger un veau et d'accrocher la tête au-devant de sa boutique. Une astuce, probablement, pour attirer les clients.